Le drame, l'action, le soutien
Mardi 24 mars, vers 10h40, un Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings effectuant la liaison Barcelone-Düsseldorf et transportant 144 passagers et 6 membres d’équipage, est perdu au radar dans le secteur du Vernet-Prads Haute-Bléone, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Le plan SATER (sauvetage aéro-terrestre) est immédiatement déclenché.
Lors des recherches, un hélicoptère de la section aérienne de la gendarmerie réussit à identifier des débris d’avion à flanc de montagne sur la commune de Prads-Haute-Bléone, dans le massif des Trois-Evêchés. La préfète des Alpes-de-Haute-Provence, Patricia Willaert, active le centre opérationnel départemental en préfecture et Véronique Caron, la sous-préfète de Barcelonnette, prend la tête du poste de commandement opérationnel interservices installé à Seyne-les-Alpes, une commune proche du lieu du crash.
Les services chargés du secours ont rapidement la certitude qu’il n’y a aucun survivant, en raison de la petite taille et de l’éparpillement des débris témoignant de la violence de l’impact. L’enquête dirigée par le pôle judiciaire des accidents collectifs du tribunal de grande instance de Marseille à été confiée à la GTA.
« La Sécurité civile, alertée par l’état major de la zone Sud, a immédiatement engagé l’hélicoptère EC145 pour « crash d’avion dans les Alpes-de-Haute-Provence ». Nous étions en intervention sur un autre secours à ce moment-là. Nous sommes partis en direction de Digne-les-Bains avec un médecin et une infirmière, avant d’apprendre que l’équipe médicale n’était malheureusement plus nécessaire sur place. Nous avons donc embarqué deux spécialistes montagne du SDIS 04. Lors du premier survol du massif, nous n’avons rien remarqué, tant il ne reste plus grand-chose... Au deuxième passage, nous avons vu une petite fumée, et nous nous sommes aperçus que c’était effectivement la zone du crash.
C’est une épreuve difficile, car bien que nous côtoyions tous les jours la détresse et le malheur, nous sommes face à un drame d’une ampleur inégalée. C’est une véritable zone de désolation. »
« Nous étions à la préfecture de Digne pour une réunion hebdomadaire habituelle, autour de la préfète, lorsque l’information nous a été communiquée. Le COD a été immédiatement déclenché en préfecture. L’après-midi du crash fut consacrée à l’arrivée sur zone des différentes forces, du matériel, de tous les moyens nécessaires à la gestion d’une crise d’une telle ampleur. Le lendemain matin, le poste de commandement
opérationnel (PCO) était installé, notamment avec la mise en place des transmissions, de l’arrivée de représentants des ambassades d’Espagne et d’Allemagne. Le préfet de la région PACA a dépêché le sous-préfet d’Aix-en-Provence pour renforcer notre dispositif. Il a fallu faire face à une situation difficile, notamment dans la gestion des familles de victimes. L’équipe préfectorale a été et demeure soudée pour gérer à la fois l’accueil des familles, la coordination des forces sur place, l’organisation des visites de chefs d’État ou d’officiels sur le site. »
« J’étais en réunion aux côtés de la sous-préfète lorsque l’information m’a été confirmée. Passé un premier sentiment de sidération, il a fallu structurer l’ensemble de l’opération. Quatre groupes ont donc été organisés concernant la gendarmerie : le groupe « secours », car nous gardions espoir de pouvoir porter secours à des rescapés ; le groupe police judiciaire ; le groupe circulation ; et un groupe ordre public pour sanctuariser la zone.
J’ai ensuite fait appel aux moyens zonaux et nationaux et ont immédiatement été mis à ma disposition trois escadrons de gendarmerie mobile, des techniciens en investigation criminelle, ou encore des experts du
peloton de gendarmerie de haute montage (PGHM) ou des groupes montagne de la zone. Une réelle entraide est immédiatement apparue entre toutes les forces mobilisées. Tout le monde avait bien compris l’enjeu de notre mission. »
De « La Provence » à « CNN » en passant par des chaines japonaises et des radios sud-américaines, la couverture de cet événement va susciter, à Seyne les Alpes et au Vernet, un déferlement médiatique de très grande ampleur, avec outre les médias français, plusieurs centaines d’envoyés spéciaux, au premier rang desquels, évidemment, de très nombreux journalistes allemands et espagnols.
Quelques minutes après l’annonce du crash dans les Alpes, le Premier ministre activait le cellule interministérielle de crise (CIC) et désignait le ministre de l’Intérieur pour la conduite opérationnelle de la crise.
Une cellule médico-psychologique a été rapidement installée dans un gymnase en contrebas du village de Seyne-les-Alpes.
Au fur et à mesure de la récupération des restes humains, la priorité est de redonner un nom à chacune des victimes pour permettre aux familles de faire leur deuil. Un travail minutieux et de longue haleine pour les services spécialisés de gendarmerie et de police.