Identifier les victimes

La chaîne d’identification des victimes est mise en place par l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) à Seyne-les-Alpes. L’unité gendarmerie d’identification des victimes de catastrophes (UGIVC), renforcée par des policiers du laboratoire de police technique et scientifique d’Écully ainsi que des médecins et dentistes légistes, travaillent sur les éléments corporels et biologiques des victimes, relevés sur le site du crash.
Au total, une cinquantaine d’experts s’affaire à identifier et remettre aux familles les corps des 150 personnes ayant péri dans l’accident.

Le processus d’identification des victimes se déroule en cinq étapes : l’examen du corps et des dents par un médecin et un dentiste légiste, le prélèvement et l’analyse des empreintes digitales et de l’ADN, et enfin l’analyse des éléments identifiants comme les papiers d’identité, vêtements ou bijoux. Les gendarmes recueillent également des renseignements ante-mortem (obtenus auprès des familles), et post-mortem résultant de l’examen des corps. Le croisement de tous ces relevés permet d’effectuer des rapprochements et aboutir à une identification formelle.

Le laboratoire mobile d’analyse ADN

Dépêché à Seyne-les-Alpes pour répondre à l’urgence de la situation, le laboratoire mobile d’investigation criminelle de l’IRCGN est un véritable outil d’enquête projetable sur l’ensemble du territoire. Ce car aménagé est composé d’un poste de commandement et d’un laboratoire équipé de matériels analytiques. « Le laboratoire mobile est une première mondiale, explique le colonel Touron, et peut être employé sur un site de
catastrophe ou une scène de crime très complexe, pour rapprocher les éléments de corps. Nous pouvons ainsi rendre les premiers résultats d’analyse ADN avec une très grande précision en moins de trois heures. L’objectif est de rendre le plus rapidement possible les corps aux familles. »

Colonel Patrick Touron, directeur adjoint de l’IRCGN, en charge de l’identification des victimes :

« Nous appliquons la procédure Interpol d’identification des victimes. Ce protocole définit les étapes ainsi que les méthodes de rapprochement des empreintes ou de classement des vêtements, et nous impose de n’en négliger aucune. Nous sommes confrontés à une poly-fragmentation des corps et il y a potentiellement près de 5000 fragments à récupérer et à identifier. Le respect de la procédure nous permet d’uniformiser les méthodes et de travailler en multi-pays, ce qui est indispensable dans cette situation car il y avait 19 nationalités différentes dans l’avion. Nous travaillons en direct avec le centre de l’IRCGN à Rosny-sous-Bois, pour que les enquêteurs récupèrent auprès des pays concernés les éléments d’empreintes digitales, d’ADN ou indices nécessaires aux comparaisons. »

Lieutenant-colonel Simon-Pierre Delannoy, commandant la section de recherche de la gendarmerie des transports aériens (GTA) :

« Dès la première boîte noire retrouvée, nous avons donné des instructions pour qu’elle soit mise sous scellé afin d’assurer son transport sur Roissy et son traitement par le BEA. Il nous est apparu déterminant de poursuivre les recherches pour localiser l’enregistreur de données afin de confirmer le scénario tragique qui avait amené l’avion à sa perte (objectif atteint le jeudi 2 avril avec la découverte de la deuxième boîte noire). Dans le même temps, une équipe de la GTA de Roissy lançait le travail de réquisitions, de demandes de récupération de la trajectographie de l’appareil, des données météo, des informations auprès des autorités espagnoles afin de connaître l’ambiance qui régnait lors de l’embarquement, auprès des autorités allemandes pour récupérer des informations sur le co-pilote, son environnement... Les enquêteurs de la GTA poursuivent leurs investigations en parfaite osmose et coordination depuis le départ avec tous les acteurs présents sur le terrain. »

Reportage : Floriane Boillot