Entretien de Brice Hortefeux à France Soir

4 février 2011

Dans un entretien accordé au quotidien France Soir paru dans son édition du vendredi 4 février 2011, Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration a abordé l'affaire Laetitia, les résultats de la politique de sécurité, le redéploiement des CRS, la politique d'immigration et les questions culturelles.


Affaire Laetitia - Brice Hortefeux "totalement révolté face à une telle barbarie"

Interrogé sur l'épouvantablement dénouement de l'affaire Laetitia, le ministre de l'intérieur s'est dit "totalement révolté face à une telle barbarie". Comme la famille de la victime, il a tenu à souligner la "très grande efficacité de la gendarmerie" qui, quelques heures à peine après le drame, avait interpellé un suspect puis, au prix de recherches minutieuses, a pu retrouver le corps de la victime.

S'agissant des éventuels dysfonctionnements de la chaîne pénale, Brice Hortefeux a déclaré que ceux-ci ne pourraient "pas rester sans réponse". C'est pourquoi il a diligenté des enquêtes d'inspection avec son homologue, ministre de la justice, Michel Mercier. En fonction des résultats définitifs, "nous verrons quelles suites doivent leur être données" a indiqué Brice Hortefeux.

Après avoir souligné que le principal suspect dans cette affaire avait déjà été condamné quinze fois par la justice et qu'il avait l'obligation d'indiquer son lieu de résidence au 15 août, le ministre a déclaré qu'en dépit du non-respect de cette obligation, il a fallu attendre plus de quatre mois pour que cet homme soit inscrit au fichier des personnes recherchées. "Ce délai est trop long, il faut que désormais, l'inscription à ce fichier puisse se faire plus rapidement" a insisté le ministre.

Martelant que le temps n'est plus à la réflexion mais aux décisions, Brice Hortefeux a rappelé qu'il avait, avec Michel Mercier, proposé au président de la République et au Premier ministre "sept mesures immédiates, concrètes et opérationnelles" parce que

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face à des actes monstrueux, notre société n'est pas impuissante.

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Résultats de la politique de sécurité : plusieurs succès et un défi à relever

"Dans notre combat acharné contre la délinquance, nous avons remporté plusieurs succès" a vanté Brice Hortefeux, citant la baisse des atteintes aux biens, la baisse de la criminalité organisée, la baisse des violences sur les personnes âgées et la baisse historique des homicides, et soulignant que selon l'observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale, la délinquance a baissé globalement, dans notre pays, de 2,1% en 2010 .

Dans le même temps, le ministre de l'intérieur reconnaît qu'il reste un défi, "commun à toutes les sociétés développées", celui des violences aux personnes qui, si elles ne représentent que 13% de la délinquance générale, ont néanmoins connu cette année une augmentation de 2,5%. "C'est trop, mais c'est une progression cinq fois moins rapide que lorsque la gauche était au pouvoir " a fait remarquer Brice Hortefeux. Et de souligner que ces violences aux personnes sont notamment les violences intrafamiliales, qui ont fait au total 165 morts en 2010, mais aussi les vols de smartphones qui ont constitué les deux tiers des vols avec violence dans les transports en Ile-de-France. "Pour autant, nous ne sommes pas démunis" a prévenu le ministre en rappelant la possibilité à partir du 1er juillet prochain de bloquer non seulement les cartes SIM mais aussi les téléphones eux-mêmes, rendant ces vols sans intérêt.

Réagissant à un sondage montrant une progression du "sentiment d'insécurité" dans les transports en Ile-de-France, Brice Hortefeux s'est dit "conscient" du problème. Pour y faire face, il a souhaité permettre aux agents des services de sécurité de la RATP et de la SNCF d'immobiliser un délinquant et de le livrer à la police.   

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Chacun pourra être mobilisé pour la sécurité des usagers a-t-il estimé.

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Redéploiement de CRS : davantage de policiers au plus près du terrain

"La délinquance évolue, et nous devons perpétuellement nous adapter" a insisté Brice Hortefeux en indiquant que "les besoins en maintien de l'ordre ont sensiblement diminué ces dix dernières années" alors que simultanément, les besoins en matière de sécurité publique ont, eux, augmenté. L'objectif était donc de réaffecter 280 hommes en sécurité publique, "c'est-à-dire au plus près du terrain". Pour cela, il y avait deux possibilités : soit la dissolution de deux compagnies de CRS, soit l'évolution du format des compagnies. Attaché au dialogue social, le ministre a choisi, en accord avec les organisations syndicales, la seconde solution ce qui signifie qu'il y aura demain plus de policiers sur le terrain, tant à Marseille qu'à Lyon .

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Ainsi, les syndicats ont été écoutés et les objectifs du gouvernement respectés

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s'est réjoui le ministre. Désamorçant la polémique, le ministre a souligné qu' "un effort d'organisation, à hauteur d'environ 1 000 hommes, a été demandé aux 14 000 CRS, en application de la révision générale des politiques publiques", et qu'il en a été « de même pour les 14 000 gendarmes composant les escadrons de gendarmerie mobile, dans le respect de leurs missions et des spécificités de leur organisation ».

Politique d'immigration : 215 000 étrangers en situation irrégulière reconduits ou refoulés depuis 2002

Pour Brice Hortefeux, "il n'y a rien de scandaleux ni de choquant" à ce que le Gouvernement propose de retirer la nationalité française à un criminel ayant tué une personne dépositaire de l'autorité publique, car il ne s'agit que de "tirer les conséquences logiques d'un acte qui, par sa nature même, met son auteur en dehors de la communauté nationale". Le ministre a souligné que cette proposition a été adoptée par l'Assemblée nationale en première lecture, et par la majorité de la majorité au Sénat.

Le ministre a rappelé que depuis 2007, ce sont près de 215 000 étrangers en situation irrégulière qui ont été soit reconduits, soit refoulés aux frontières. La lutte contre les filières d'immigration clandestine enregistre des résultats : 183 ont été démantelées en 2010, contre 101 en 2008.

Prières dans les rues - Brice Hortefeux opposé aux installations illégales sur le domaine public

Interrogé sur la question des prières de rue par certains musulmans, Brice Hortefeux a souligné que comme ministre chargé des cultes, son rôle est d' 

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agir afin que ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas puissent vivre librement leurs convictions, dans le respect de nos lois.

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Concernant les prières de rue, le ministre s'est entretenu du sujet avec le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), comme il le fait régulièrement avec les représentants des cultes chrétiens et juif. Il s'est déclaré "clairement défavorable" à des installations illégales sur le domaine public, avant de conclure : "je préfère que ceux qui souhaitent prier ensemble puissent le faire dans des lieux adaptés".