Les drones au service de la sécurité

Gendarme du GIGN © MI/GIGN/Emilie

L’usage des drones s’impose progressivement comme une aide nécessaire à l’enquête, à la reconnaissance ou aux interventions au sein des services de sécurité du ministère de l’Intérieur.


Parallèlement, à l’heure où le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale recommande l’évolution de la réglementation relative à l’usage des drones, le ministère de l’Intérieur lutte déjà contre les usages malveillants de ces engins par des particuliers.

L’enquêteur prend de la hauteur

Utilisés systématiquement pour les constatations de crashs aériens, les drones de la section de recherches des transports aériens de la Gendarmerie nationale sont en passe de devenir indispensables.

Le drone deviendrait-il indispensable à la gendarmerie ? Cette nouvelle technologie apporte en effet depuis quelques mois de nouvelles possibilités techniques et pratiques évidentes, notamment dans le cadre des constatations d’accidents aériens.

« C’est bien simple, son utilisation est systématique lors des crashs aériens, comme celui au Mali (1) l’année dernière » explique le lieutenant-colonel Paul Chaudanson, adjoint au chef de la section de recherches des transports aériens (SRTA) de Roissy CDG. L’utilité du drone sur les lieux de constatations est manifeste et vient en complément des moyens des forces aériennes de la gendarmerie. Un premier survol à une centaine de mètres de hauteur appréhende immédiatement l’ensemble de la scène d’accident et permet de tirer des enseignements rapides sur l’étendue de la surface d’éparpillement de l’épave et de visualiser des détails et des éléments utiles à l’enquête (trajectoire, point d’impact, débris sur les toits...), imperceptibles depuis le sol, et même d’obtenir des informations essentielles à la détermination des causes de l’accident.

« D’autre part, le drone pouvant voler et filmer à très basse altitude, il ne dégrade pas la zone de crash » ajoute la capitaine Philippe Molé, commandant de la division de lutte contre les atteintes à la sûreté et à la sécurité aériennes. Contrairement à un hélicoptère, un drone évite l’effet de souffle pouvant altérer la scène d’accident. Il est transporté et mis en œuvre aisément dans des conditions météorologiques détériorées, voire de nuit. Il est également inaudible en ville à plus de 50 mètres de haut...

Un véhicule a été aussi aménagé pour transporter les drones, un convertisseur, un onduleur, un groupe électrogène, l’équipement de sécurité du télépilote et une télévision permettant de regarder les images vidéo en direct. Celles-ci seront immédiatement enregistrées, transmises sans délai via le réseau 4G au poste de commandement opérationnel et d’enquête, voire modélisées en 3D par l’IRCGN !

Désormais, grâce à ses performances, le « rayon d’action » du drone se développe. Ainsi, il a été utilisé sur les lieux de l’accident ferroviaire de Nangis en avril dernier (2) , lors de l’incendie de la raffinerie de l’étang de Berre en juillet dernier... mais encore par les militaires du SRTA lors d’une perquisition d’un hangar, des missions de reconnaissance... Ce vecteur constitue aussi pour le GIGN un moyen technique d’observation opérationnelle. Il peut naturellement être utilisé pour un repérage des lieux à l’échelle d’une maison ou d’une pièce d’appartement, avant une intervention, mais aussi comme un outil de renseignement et de diffusion d’images en direct pour les autorités d’emploi. Les drones dans la gendarmerie ont, dans tous les cas, un avenir prometteur !

La gendarmerie se fournit en drones

L’arrivée des drones dans la panoplie de la gendarmerie s’accélère. En effet, un appel d’offres pour 23 appareils micro-drones « de type quadri-rotor à décollage vertical », équipés de caméras, qui seront utilisés notamment par ses unités de maintien de l’ordre dans le cadre de manifestations, a été publié en juin dernier. Des aéronefs dévolus à des « tâches de détection, reconnaissance et identification » pour lesquels une formation adéquate de 5 jours sera apportée. Selon l’appel d’offres, « l’opérateur doit pouvoir zoomer de manière continue [et] afficher en temps réel toutes les données ». La livraison est prévue pour début 2016.

Joël Beck

(1) Le vol AH 5017 était un vol régulier de la compagnie aérienne Air Algérie entre Ouagadougou et Alger, dont l’appareil, un McDonnell Douglas MD-83, s’est écrasé le 24 juillet 2014 dans le centre du Mali avec 116 personnes à son bord.
(2) Un convoi exceptionnel transportant des machines agricoles, qui s’est trouvé bloqué à l’arrêt sur les voies sur un passage à niveau proche de la gare de Nangis (Seine-et-Marne), a été percuté par un train de voyageurs.


La préfecture de police de Paris forme ses télépilotes

Plusieurs policiers de la préfecture de police de Paris suivent actuellement une formation au pilotage des drones. Malgré la diversité des missions d’emploi, l’accent est mis sur l’utilisation de ces engins pour le maintien de l’ordre.



Identifier en temps réel les contours d’un sinistre

La direction générale de la sécurité civile et de la gestion de crise (DGSCGC) travaille depuis cinq ans sur l’emploi des drones dans les missions de sécurité.



Les nouveaux yeux du secours

Dans les Bouches-du-Rhône, le service départemental d’incendie et de secours (SDIS13) s’est doté de deux drones début 2014. Leur utilisation lors de catastrophes naturelles révolutionne le travail des forces de secours.



La lutte contre les drones malveillants est lancée

Chargé de mission à la direction générale de la Gendarmerie nationale, le colonel Jérôme Bisognin évoque la menace des drones malveillants et les réponses qui peuvent être apportées.