Dans les Bouches-du-Rhône, le service départemental d’incendie et de secours (SDIS13) s’est doté de deux drones début 2014. Leur utilisation lors de catastrophes naturelles révolutionne le travail des forces de secours.
« Tout jeune pompier apprend très vite que dans la marche générale des opérations de secours, la première phase est toujours la reconnaissance. » explique Éric Rodriguez, en charge de la veille technologique et de l’innovation au SDIS13. « Or comment obtenir une vision du ciel sans outil adéquat ? Avec les drones, nous avons dès les premières minutes d’une crise la vue globale, en 3D, de n’importe quelle situation opérationnelle. Cet outil est révolutionnaire, il est devenu les yeux du commandant des opérations de secours (COS) vu du ciel ! »
Initié début 2014, le projet des drones dans les Bouches-du-Rhône a très vite fait l’unanimité. Après un appel à candidatures parmi les 5500 sapeurs-pompiers du département, cinq ont été retenus, « car ils possédaient un brevet de pilote d’avion ou d’ULM et que nous voulions mettre à profit les richesses humaines internes. »
Recrutés sans distinction de grade, de statut ou de fonction, ils se sont rapidement retrouvés confrontés à une difficulté sur le terrain : « Celle de répondre aux sollicitations lors des opérations de secours !, continue Éric Rodriguez. On s’est aperçu que le télépilote subit de nombreuses interférences liées à son environnement : les directives du commandant des opérations de secours, la prise en compte des obstacles à la navigation, les échanges avec le gestionnaire de l’espace aérien, la curiosité des badauds,... »
Le SDIS 13 a donc eu l’idée de créer un « tampon » entre le télépilote et les autres acteurs en la personne d’un officier dédié à l’interface, nommé officier de reconnaissance robotisée. « Nous avons également instauré une règle stricte : personne hormis cet officier n’a le droit de parler au télépilote, nous en constatons d’ores-et-déjà les bénéfices... »
L’emploi de mini drones en feux de forêts pose néanmoins quelques difficultés liées à leur résistance limitée au vent et à la présence des autres aéronefs de la sécurité civile, mais le SDIS13 l’a sollicité en novembre 2014 pour une pollution d’origine industrielle sur l’Étang-de-Berre, « pour lever le doute sur l’origine de la pollution et observer sa propagation pour poser efficacement des barrages », lors d’une recherche de personne disparue l’été dernier, « malheureusement la température ambiante n’a pas permis une utilisation optimale de la caméra infrarouge », ou lors des inondations dans le Gard en 2014 et dans les Alpes-Maritimes en octobre dernier, « en renfort des moyens aériens ».
Pour Grégory Allione, directeur du SDIS13, « le drone permet d’aller au plus près, le plus vite possible, d’orienter de manière efficace les forces de secours et d’avoir des images qui permettent de conforter l’idée de manœuvre du COS. » Néanmoins, tout reste encore à faire en la matière, comme le souligne Eric Rodriguez : « Utiliser un drone, c’est faire deux choses : recueillir des données, des images et des vidéos, et faire ensuite du traitement de ces données, domaine qui reste totalement à développer aujourd’hui. » Mais les choses sont déjà allées tellement vite...
Richard Wawrzyniak