Une unité de l’OCRVP est chargée de mener les recherches concernant les personnes disparues dans des conditions inquiétantes : mineurs, majeurs protégés ou disparus pour des motifs inconnus.
En France, plus de 40 000 personnes disparaissent chaque année. Plus de 30 000 sont retrouvées. Il reste donc environ 10 000 disparitions non élucidées classées inquiétantes ! Certaines d’entre elles ont été très médiatisées à l’exemple de celle d’Estelle Mouzin en 2003 dont l’enquête se poursuit toujours, notamment avec l’appui du groupe de disparitions criminelles dirigé par le capitaine de police Laurent Dumont. Cette unité, créée en 2013, est chargée de lutter contre les enlèvements et séquestrations, hormis ceux de nature crapuleuse (criminalité organisée) ou intrafamiliale. Il s’agit en général de mineurs ou femmes victimes d’un crime sexuel ou passionnel par des auteurs non identifiés. Concrètement, cette unité assiste les services enquêteurs, anime et coordonne à l'échelon national et au plan opérationnel les investigations de police judiciaire et les recherches, centralise les informations afin d'en favoriser la circulation et sert d'interface pour les associations de victimes.
Il ne s’agit pas naturellement pour ces 6 policiers et gendarmes de se substituer aux enquêteurs locaux ou d’apporter un simple renfort d’officiers de police judiciaire. Compétents sur tout le territoire national, ils peuvent surtout mobiliser des moyens techniques importants (analyse vidéo, informatique, téléphonique…), apporter leurs expériences et leurs liens privilégiés avec les services étrangers, les autres unités et personnels de l’Office (analyste, psychologues, Salvac…). Les rôles sont bien souvent définis dans un cahier des charges comme c’était le cas notamment dans l’affaire du légionnaire Francisco Benitez à Perpignan en 2013 (1) où une cellule nationale a été mise en place.
C’est aussi la possibilité de dégager des moyens humains considérables. Ainsi, 5 000 procès-verbaux ont été rédigés et des centaines de personnes interrogées lors de la procédure liée à la disparition et au meurtre en 2011 à Pau du jeune Rémy (2) .
Bien souvent la saisie de cette unité apparaît comme un dernier recours pour éviter un non-lieu ou la prescription d’une affaire criminelle complexe comme la vingtaine de dossiers actuellement suivis par ce groupe.
Pour développer encore les capacités d’enquête de ce groupe, le capitaine Dumont évoque plusieurs propositions, notamment la création d’un fichier des disparus et des cadavres non identifiés. « Cela permettrait de croiser les fichiers pour retrouver l’identité de la victime, l’ADN n’étant pas encore relevé automatiquement sur les cadavres » précise t-il.
A cette fin, l’unité a récemment demandé à toutes les unités de la police judiciaire de rédiger une liste exhaustive des meurtres et tentatives de meurtre non élucidés. Objectif final : rouvrir les dossiers pour vérifier si l'ADN ne permet pas de relancer l'enquête.
Joël Beck
1 : Le 14 juillet de cette année-là, sa femme Marie-José et sa fille Allison disparaissent à Perpignan. Benitez sera retrouvé pendu le 5 août.
2 : Le prénom a été modifié. Voir l’article sur cette affaire