Si Rédoine Faïd était l’homme le plus recherché de France jusqu’à octobre dernier, il est loin d’être le seul criminel en cavale à défier le flair des enquêteurs. À Nanterre, la brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF), au sein de l’office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), se charge de rattraper ces malfrats. Civique revient sur le cas Rédoine Faïd, les procédés d’enquête, les secrets de cavale et la coopération internationale.
Un dossier de Floriane Boillot
Selon le Petit Robert, il s’agit d’une « personne qui s’enfuit, qui s’est échappée ». Dans le code de procédure pénale, le fugitif n’a pas de définition légale. Selon le chef de la BNRF, « c’est tout individu qui, se sachant faire l’objet d’une condamnation pénale ou d’une recherche par la justice, se soustrait volontairement à l’action de celle-ci. Ceux qui sont condamnés et qui s’enfuient, et ceux qui ne sont pas encore condamnés. »
C’est l’office central de lutte contre le crime organisé, créé en 2006. Il est rattaché à la sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière (SDLCODF) de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).
L’OCLCO est dirigé par le commissaire divisionnaire Frédéric Doidy et composé de cinq entités :
La BNRF succède à l’office central des personnes recherchées et en fuite (OCPRF), qui avait été créée en 2003 au sein de la DCPJ. Elle est depuis 2006 l’une des quatre brigades opérationnelles qui forment l’OCLCO.
Les vingt policiers de la BNRF sont répartis en trois groupes d’enquête, avec à leur tête le commissaire Christophe Foissey.
La BNRF travaille avec les services centraux et régionaux de police judiciaire et peut être assistée de la BRI-N et des BRI de province. Selon les affaires, d’autres services peuvent travailler de concert. Pour Xavier Dupont de Ligonnès par exemple, la BNRF était associée à l’enquête avec l’office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) et l’antenne PJ de Nantes.
La BNRF traite quatre cas de fugitifs :
On distingue alors les évasions « par non-réintégration » (lors d’une sortie autorisée) et les évasions « violentes » (avec prise d’otage, utilisation d’explosif ou d’armes). Pour ces dernières, la BNRF est automatiquement saisie.
L’article 74-2 du code de procédure pénale définit et autorise les techniques d’enquête comme les écoutes ou la géo-localisation : « (...) Si les nécessités de l’enquête pour rechercher la personne en fuite l’exigent, le juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance peut, à la requête du procureur de la République, autoriser l’interception, l’enregistrement et la transcription de correspondances émises par la voie des télécommunications selon les modalités prévues par les articles 100, 100-1 et 100-3 à 100-7, (...) »
Ce cadre légal a été crée en 2004 et s’applique aux fugitifs français comme étrangers. « C’est l’arsenal juridique incontournable qui nous permet d’exister et de travailler en toute quiétude », » soulignent les enquêteurs.
Le 3 octobre dernier, les policiers de la BNRF interpellent le braqueur Rédoine Faïd après trois mois de cavale suite à son évasion rocambolesque de la prison de Réau, en Seine-et-Marne. Une enquête minutieuse qui a engagé la totalité des effectifs de la brigade. Les meneurs de cette chasse à l’homme racontent.
Cerner l’environnement du fugitif, s’attacher à sa personnalité et entrer dans sa vie au point de pouvoir anticiper ses déplacements, puis au moment opportun, mettre la main dessus. Les méthodes des policiers de la brigade ont trois mots d’ordre : la rigueur, la ténacité et l’inventivité.
Coordination et coopération internationales sont essentielles pour retracer la piste des fugitifs qui n’hésitent pas à passer les frontières. À l’OCLCO, le "groupe relation internationale fugitif" traite les demandes d’Interpol et d’Europol.