Les Côtes-d’Armor comptent huit abattoirs de boucherie et quatre abattoirs de volailles, faisant du département un acteur majeur sur le marché national et international.
Dans le plus grand abattoir de France, à Kerméné, 38 agents et trois vétérinaires des services de l’État travaillent directement sur site pour veiller à la sécurité sanitaire lors de l’abattage des animaux.
« Notre société a fait le choix de manger de la viande, ce qui suppose d’abattre des animaux. On s’est aperçu qu’organiser cet abattage nous permettait d’avoir de meilleures conditions sanitaires et de respecter de manière bien plus rigoureuse le bien-être animal jusqu’à sa mort, au lieu de laisser se développer des techniques d’abattage discutables, telle qu’elles existaient auparavant. »
Pour le directeur départemental adjoint de la protection des populations (DDPP) des Côtes-d’Armor, Virshna Heng, le travail réalisé par les 232 personnels de sa direction, dont 110 directement basés dans les abattoirs du département, se révèle primordial. Dans le plus grand abattoir de France, sur le site de Kerméné, filiale du groupe Édouard Leclerc, leur rôle est représentatif de cette mission méconnue.
Le site de Kerméné présente des chiffres hors-normes : 3 400 employés se relaient sur les chaînes d’abattage de 4h30 à 21h30 ; 134 000 gros bovins (45 000 tonnes), 52 000 veaux (7 600 tonnes) et surtout deux millions de porcs (175 000 tonnes) y ont été abattus en 2016. Les 38 agents de la DDPP, spécialisés dans l’inspection des carcasses, sont encadrés par trois vétérinaires lors de cette délicate étape sous des cadences soutenues.
Philippe Pelletier, vétérinaire de la DDPP explique : « Nous sommes un service public au cœur même d’une entreprise. Mon rôle de vétérinaire est d’attester d’actes administratifs avec la délivrance de l’agrément européen de l’abattoir, la saisie de carcasses et l’attestation de certificats d’exportation. Je réalise des inspections sur les chaînes et inspecte les ateliers. La sanction finale est l’estampillage, ce qui certifie que la carcasse est bien saine, salubre et bonne à la consommation. Nous faisons tout pour que les normes de protection animale soient respectées en allant même au-delà. La finalité est le respect de l’animal, y compris durant sa mort, pour que cet acte qui peut paraître cruel pour certains soit accompli dans les meilleures conditions ».
Sur la chaîne d’abattage, les agents de la DDPP travaillent directement aux côtés des salariés de l’entreprise. Placés à des endroits stratégiques, quand l’un inspecte les abats de l’animal, l’autre se concentre sur la carcasse. Dès qu’une lésion est observée, la carcasse et les abats de l’animal sont déviés de la chaîne pour une inspection détaillée et une levée de doute sur une éventuelle maladie ou des traces de maltraitance.
1 800 prélèvements sont également réalisés tous les ans pour analyse en laboratoire pour identifier d’éventuels précurseurs de maladies invisibles à l’œil nu. La chaîne fonctionne uniquement en la présence de l’un des trois vétérinaires du site. « Cette sécurité sanitaire va bien au-delà des abattoirs, poursuit Virshna Heng, et commence en amont dans les élevages avec la surveillance des conditions d’élevage, de traitement des animaux. Avant l’abattage, toute une série de vérifications est faite sur l’état de santé de l’animal, car une bête malade ne peut être abattue ni entrer dans la chaîne alimentaire.
Nous contrôlons également la traçabilité des animaux, ce qui permet de remonter très rapidement à la source en cas de maladie ou d’incident. On peut considérer que la crise de la vache folle, il y a vingt ans, a vraiment changé les choses et a permis de pérenniser la professionnalisation et le durcissement des règles. »
Avec 500 structures, avec ou sans hébergement, et près de 25 000 enfants accueillis dans les centres de vacances, les colonies de vacances, ou les centres de loisirs, les Côtes-d’Armor se prêtent particulièrement aux activités de plein air estivales. « Avec ces centres, on ne peut pas faire n’importe quoi, annonce Christophe Buzy, directeur adjoint de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS).
On y applique le code de l’action sociale et des familles. C’est une prérogative du préfet de garantir la santé et l’intégrité des enfants confiés sur une période courte par leurs parents à des organismes de vacances, collectivités ou associations. » C’est dans ce cadre que la DDCS et la DDPP réalisent chaque été une cinquantaine d’inspections communes.
Arrivé à l’improviste, l’inspecteur de la DDCS se concentre sur la partie administrative, en vérifiant les diplômes de l’équipe d’animateurs, les normes d’encadrement, les assurances, et s’assure du respect d’un projet pédagogique. Les couchages sont également passés au crible, tout comme l’infirmerie.
« Notre mission est de protéger les enfants et leur garantir un séjour de qualité, pédagogique, en toute sécurité », appuie Hélène Bazin, inspectrice de la jeunesse et des sports à la DDCS. Parallèlement, un agent de la DDPP vérifie l’affichage réglementaire, tels le règlement intérieur, les tarifs ou encore les numéros d’urgence, mais aussi la chaîne sanitaire dans les cuisines ou la conformité des équipements de protection individuelle comme les casques de vélo ou les gilets de sauvetage. « Ces inspections approfondies portent leurs fruits, constate Virshna Heng, DDPP adjoint. Tous les établissements savent qu’ils peuvent être contrôlés à n’importe quel moment. »
En cas de manquement, le préfet dispose d’un arsenal de sanctions, allant du simple conseil à la fermeture administrative du centre ou de la colonie, comme ce fut le cas il y a deux ans à Pommerit-Jaudy où de nombreux dysfonctionnements, notamment au niveau de l’hygiène, avaient été constatés par les équipes préfectorales.
Richard Wawrzyniak