Les réseaux sociaux sont aujourd’hui déterminants pour la communication de crise.
La présence du ministère de l’Intérieur sur les réseaux sociaux remonte à près d’une dizaine d’années, liée à l’émergence d’un phénomène particulier : les apéros géants organisés via Facebook.
« Ces rassemblements d’opportunité qui réunissaient plusieurs milliers de personnes engendraient de nombreux problèmes d’ordre public, explique Stéphane Ritter, chef de division Web à la délégation à l’information et à la communication (DICOM).
L’un d’eux à Nantes fut même à l’origine d’un décès ». Afin de rappeler à l’ordre les « organisateurs » de ces apéros, l’Intérieur décide d’investir le Net en ouvrant un compte Facebook. « Cet épisode nous a permis de constater l’intérêt et le potentiel de ces nouveaux outils dans l’information directe du public, en cas de problème ou de crise. Dans la foulée, nous avons ouvert un compte Twitter et incité les préfectures à faire de même. » À l’usage, chaque outil a sa spécificité. Si Facebook permet d’établir « une communauté d’intérêts », selon Stéphane Ritter, et s’avère particulièrement pertinent pour la diffusion d’informations pratiques et détaillées en situation de crise, Twitter a l’avantage de l’immédiateté.
« L’outil est certes plus confidentiel que Facebook, mais il nous permet surtout de toucher instantanément ceux que nous appelons les influenceurs : les journalistes et autres relayeurs d’informations. Comme 600 d’entre eux nous suivent régulièrement, nous avons la quasi-certitude que nos messages seront repris par la presse et suffisamment bien relayés sur les réseaux sociaux. »
Pour preuve, lors d’événements importants, « nous multiplions par dix le nombre de vues. Un seul tweet peut ainsi générer cinq millions de vues ». Autre avantage de Twitter : l’outil permet de réagir rapidement aux évolutions de la crise. « Si les messages envoyés sur Twitter sont au départ très formatés, rappelant les consignes et mesures de sécurité, les tweets suivants nous permettent de coller aux événements, et de contrer les fake news circulant sur Internet. »
À chaque crise, il n’est pas rare que les citoyens témoins ou victimes de l’événement, postent via leurs smartphones des informations, des commentaires des photos ou des vidéos sur les réseaux sociaux. La plupart de ces informations, géolocalisées en général, peuvent présenter un intérêt majeur pour les gestionnaires de crise et les services de secours.
« En situation d’urgence, disposer d’informations brutes et primaires envoyées par les personnes concernées peut s’avérer très utile afin d’apprécier l’ampleur des dégâts, la situation des populations et orienter les services de secours, explique Paul Danielzik, de l’unité communication de crise à la DICOM. Après le passage en 2017 des tempêtes Irma et Maria, les premières photos dont nous disposions étaient celles que les habitants de Saint-Martin avaient postées sur Twitter et Facebook. Cela nous a permis de mesurer immédiatement l’ampleur des dégâts en différents points de l’île. L’État, comme le citoyen, a tout à gagner à favoriser ce mode de coopération. »
Le ministère de l’Intérieur l’a très bien compris et participe activement au développement de cette démarche appelée MSGU (médias sociaux en gestion d’urgence) qui, comme le souligne Paul Danielzik, repose sur une règle non écrite et non codifiée : « Vous nous donnez de l’information, en retour nous pouvons améliorer notre efficacité et mieux vous aider ». « La démarche MSGU implique une veille opérationnelle des sites et réseaux sociaux que nous ne pouvons effectuer seuls. Nous nous appuyons pour cela sur un réseau constitué de bénévoles et d’associations comme le VISOV (volontaires internationaux en soutien opérationnel virtuel). »
L’enjeu est de taille pour le ministère. La mondialisation et le renforcement du marché unique européen ont entraîné une accélération de la production de normes de nature privée au niveau international, qui n’est pas sans impact sur les métiers du ministère. « Techniquement, l’élaboration de normes est le résultat d’un consensus entre experts aux niveaux national, européen et mondial, approuvé par un organisme reconnu (AFNOR au niveau national, CEN pour l’Union européenne et ISO pour l’international) explique Sophie Coutor, chargée de la normalisation numérique au ministère.
L’erreur serait de penser que cette normalisation n’intervient que dans des domaines techniques et ne concerne que des objets : elle concerne également des méthodes et des organisations. Le ministère de l’Intérieur est concerné au premier chef, car les normes produites s’appliquent à tous les domaines et activités de la société, impactant notamment les fonctions régaliennes. De nombreuses normes sont par exemple élaborées en matière de gestion de crise, de protection des frontières et de nos infrastructures, de titres sécurisés ou de PTS. »
Afin d’accompagner cette évolution, décision fut prise en 2009 par décret du Premier ministre de 2009 d’installer dans chaque ministère un responsable ministériel aux normes. À l’Intérieur, c’est le secrétaire général du ministère qui occupe cette fonction, secondé par Patrick Butor. Sophie Coutor est spécifiquement chargée depuis deux ans de la normalisation numérique. Une spécialisation qui s’explique par le fait que « la majorité des normes produites concernent de nos jours ce secteur ».
La mission, comme le précise Sophie Coutor, « est de contribuer à anticiper et à accompagner les impacts des mutations du monde économique sur les métiers des ministères. C’est aussi de contribuer à doter les intérêts français et européens d’un avantage compétitif à l’international, en définissant des stratégies d’influences nationales et européennes partagées par les acteurs publics et privés. En clair, notre présence aux côtés de l’association française de normalisation (AFNOR) dans les commissions internationales comme le comité européen de normalisation (CEN) et l’organisation internationale de normalisation (ISO) est indispensable si nous voulons promouvoir la vision française, souvent différente de celle des Anglo-saxons, dans des domaines essentiels comme l’identité numérique ou la cybersécurité. Nous travaillons notamment sur des sujets émergents comme la blockchain, l’intelligence artificielle ou les impressions 3D. » Cette présence s’apparente clairement à « une défense de nos intérêts économiques et industriels et de notre conception de l’intérêt public ».
Après quatre ans de discussion, plus de 4 000 amendements et 99 articles, le Parlement européen a adopté en 2016 le paquet protection des données personnelles, un règlement général (RGPD) et une directive qui imposent de désigner un délégué à la protection des données personnelles (DPD) dans chaque entreprise traitant de données personnelles, dont l’effectif est supérieur à 250 personnes. Dans le secteur public, cette obligation s’impose dans chaque ministère, dans les collectivités territoriales et le cas échéant dans les établissements publics.
Ce délégué, placé auprès du responsable de traitement, doit être mis en situation d’exercer sa fonction en toute indépendance et doit disposer des ressources nécessaires pour cela. Parmi les obligations du RGPD, figure celle de mettre en œuvre les mécanismes et procédures internes permettant de démontrer le respect des règles relatives à la protection des données. Selon le préfet Jean-Robert Lopez, chargé par le ministre de l’Intérieur d’une mission de préfiguration dans la perspective de la nomination à compter du 25 mai 2018 du DPD, « ce dernier aura notamment pour tâche d’élaborer, en lien avec les directions métier, la cartographie précise du patrimoine applicatif du ministère de l’Intérieur, de mettre en place le registre des applications au sein de chaque direction, et de vérifier que les outils permettant de suivre en toute transparence l’usage des applications sont en conformité avec les préconisations du RGPD.
Garant de la conformité auprès de la CNIL, le DPD, dont les coordonnées sont communicables, devra être associé le plus en amont possible chaque fois qu’un responsable de traitement souhaitera créer ou faire évoluer une application. Si la DLPAJ reste l’interlocuteur référent de la CNIL, compte tenu de la spécificité du ministère en matière de sécurité et de sûreté, le DPD devra trouver sa place dans le cadre d’une complémentarité bien comprise par tous les acteurs du ministère afin que les contraintes opérationnelles respectent les obligations juridiques ».
Crues, tempêtes cycloniques Irma et Maria... les catastrophes naturelles touchent régulièrement notre territoire, engendrant leur flot de dégâts et de sinistrés. Pour que la demande d’indemnisation des particuliers impactés soit initiée, le rôle qui incombe aux communes est primordial avec l’envoi à la préfecture de la demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle. Auparavant effectué par papier, l’envoi du fameux formulaire « Cerfa » par les mairies se fait dorénavant par voie numérique grâce au logiciel i cat-nat, développé par la DGSCGC et la DSIC. « Les mairies entrent directement sur le logiciel les informations et la demande, lesquelles sont réceptionnées par la préfecture. Au lieu de traiter un Cerfa papier souvent peu clair et imprécis, le tutoriel qui accompagne l’application permet de faire les bons choix avec des informations claires et faciles à intégrer », explique Sophie Salaün-Baron, chef de la mission catastrophe naturelle et en charge du projet i cat-nat. Le logiciel a été testé durant de longs mois par huit préfectures pilotes, « qui ont fortement adhéré au projet.
Nous avons constaté qu’un tel outil réduisait nettement les tâches ingrates en préfecture pour faciliter la pro-activité et développer le rôle de conseil auprès des communes ». Après deux ans de travail, le logiciel est actuellement en phase d’ouverture dans toutes les préfectures, avant de s’élargir fin 2018 aux experts, comme Météo France ou la Caisse Centrale de Réassurance qui pourront y intégrer tous les documents nécessaires à la reconnaissance d’état de catastrophe naturelle. « Grâce à cet outil numérique, la demande va ainsi beaucoup plus vite pour l’usager et permet à tous les acteurs concernés de se parler et d’échanger les informations de manière interactive. »
Mouvement planétaire, l’ouverture des données, « open data », repose sur l’idée que l’information publique constitue un bien commun. En France, c’est en 2011 qu’a été lancée la politique d’ouverture en ligne des données publiques, pilotée par la mission Étalab. La grande majorité des données ouvertes sont déposées sur le portail interministériel data.gouv.fr par l’État et ses établissements publics mais également par les collectivités territoriales qui le souhaitent, et les personnes morales chargées d’une mission de service public.
Outil de transparence et de participation des citoyens à la vie publique, « l’open data c’est permettre à chacun de s’approprier des informations dont l’accès n’était pas toujours facile, indique David Julliard, délégué à l’information et à la communication du ministère de l’Intérieur. La plus-value réside dans le fait que ces informations sont publiées et formatées d’une façon telle qu’elles sont facilement réutilisables et que l’interopérabilité est favorisée ».
Les jeux de données publiques - ensembles constituant un lot cohérent sur une thématique - peuvent ainsi servir à la création d’outils, applications, modèles ou services permettant d’améliorer l’action d’un service public ou la résolution de problèmes. Le ministère de l’Intérieur est aujourd’hui un gros fournisseur d’open data. « Il est même le ministère qui publie le plus de jeux de données - 555 actuellement - sur des thématiques aussi diverses que les élections, la délinquance ou la sécurité routière... Il faut savoir toutefois qu’aucune donnée à caractère personnel n’est publiée sur open data. Elles sont agrégées de telle manière que la confidentialité et le secret sont garantis. » Nouvelle étape dans la marche en avant d’open data, « la loi pour une République numérique promulguée en octobre 2016, prévoit la mise en ligne des données publiques par défaut à partir d’octobre 2018. Une administration sera tenue de publier ses données sauf à démontrer qu’il existe de sérieuses raisons de ne pas le faire ».