Les chiens aboient, la colonne passe

Les chiens aboient, la colonne passe
24 août 2017

L’unité cynophile du RAID, avec ses chiens d’assaut et de recherche de matières explosives, effectue plus de 200 missions par an, en France et à l’étranger. Les techniques et modalités d’emploi évoluent au même titre que les nouvelles menaces.


« Le chien d’assaut fait partie des options à notre disposition pour faire face à une intervention extrêmement dangereuse qui pourrait mettre en péril la vie des hommes du RAID. Ils sont utilisés dans un cadre d’emploi bien déterminé, et ne sont pas de la chair à canon, ni des armes, ni des robots ! », souligne le contrôleur général Jean-Baptiste Dulion, chef du RAID et de la FIPN depuis mars 2017.

L’usage du chien d’assaut est approprié lors d’opérations anti-terroristes, de forcené retranché, d’interpellation domiciliaire ou encore en assistance sur des go-fast. La stratégie d’action est toujours le fruit d’une concertation entre les maîtres-chiens et le commandant opérationnel. « Sur une interpellation ou un individu retranché, le chien est utilisé pour ses facultés de recherche afin de localiser l’individu retranché, ou pour attaquer la cible », explique Thierry, chef du groupe cynophile du RAID. Il crée ainsi une diversion qui permettra à la colonne d’assaut de progresser et d’interpeller l’individu sans faire usage des armes. « Le chien est entraîné pour un mordant ferme et définitif, il ne lâche pas tant que le maître ne lui en a pas donné l’ordre ! », précise Christophe, conducteur canin.

Les chiens peuvent participer au recueil d’otages : « Lors la prise d’otage à l’Hyper Casher de la porte de Vincennes en janvier 2015, nous avons utilisé les chiens pour canaliser la sortie des gens, car ils commençaient à partir dans tous les sens. Cela permet d’apaiser la situation, et d’anticiper la présence éventuelle d’un individu hostile parmi les otages », témoigne Dorian, conducteur canin. Les maîtres-chiens ont aussi pour mission la capture de chiens présents sur le lieu d’une interpellation : « Vêtus d’un costume de déconditionnement en kevlar, nous isolons et bloquons l’animal à l’aide d’un lasso, afin que les collègues puissent travailler en meilleure sécurité », explique Dorian.

80 nuances d’explosifs

À l’issue de leur stage initial de trois mois au CNFUC, les chiens ont mémorisé une vingtaine de matières explosives. L’unité cynophile du RAID poursuit leur formation en interne en les « créançant » sur plus de 80 dérivés ! « Nous élargissons le panel d’odeurs d’explosifs reconnus par le chien et les entraînons dans des environnements très divers.

Suite aux attentats de Paris, nous les avons également dressés au TATP », explique Quentin, conducteur canin. Les chiens de recherche d’explosifs du RAID travaillent essentiellement au profit du groupe de sécurité du président de la République (GSPR), afin de réaliser les visites de sécurité en France ou à l’étranger avec les démineurs, mais aussi pour des perquisitions anti-terroristes, la sécurisation d’une zone sur une interpellation, ou encore l’ouverture d’un itinéraire pour la colonne d’assaut. Différents moyens d’envoi à distance sont alors utilisés pour guider le chien, comme le laser, la voiture télécommandée ou le drone.

« Nous utilisons aussi le chien pour lever le doute sur un terroriste blessé ou décédé, explique Thierry. Par exemple, lors de l’assassinat du prêtre à Saint-Étienne-du-Rouvray en juillet 2016, les assaillants portaient a priori des gilets d’explosifs, l’envoi du chien à distance nous a permis d’infirmer ce risque et de permettre l’approche des opérateurs du RAID ».

L’unité canine du RAID a développé sa propre méthodologie de travail : « Lorsque l’on sécurise le cortège présidentiel par exemple, il ne faut pas que le chien mette ses pattes sur les sièges, et encore moins raye une peinture ! », souligne Quentin. De même, lors de la sécurisation de l’avion du président, le chien doit travailler en chaussons pour éviter toute salissure.

Cette protection est également utilisée pour protéger les animaux des débris coupants présents au sol sur une opération.

Floriane Boillot