De profundis

De profundis
24 août 2017

Les cellules cynotechniques des unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC) ont deux missions : la recherche de personnes égarées et celle de personnes ensevelies. A l’UIISC 1, la cellule compte sept militaires et huit chiens sous la responsabilité d’un sergent-chef, conseiller technique cynotechnique.


« Les interventions de la cellule cynotechnique sont rares, mais elles n’en exigent pas moins de notre part une préparation optimale », indique le sergent-chef Olivier R., chef de la cellule cynotechnique de l’UIISC 1 basée à Nogent-le-Rotrou. Deux missions sont assurées par la cellule : la recherche de personnes égarées et la recherche de personnes ensevelies, en renfort national et international.

« La recherche de personnes égarées s’effectue essentiellement dans la région. Nous avons notamment signé une convention avec la gendarmerie du département voisin, l’Orne, qui ne dispose pas d’unité cynotechnique sapeur-pompier. Elle peut ainsi nous réquisitionner à tout moment en cas de disparition ».

L'échelon final

Mais le cœur du métier du sergent-chef Olivier R. et de ses hommes, c’est bien la recherche de personnes ensevelies après un tremblement de terre, un tsunami, un éboulement, une inondation,  ou une explosion. « Nous intervenons en renfort national ou international. Ainsi, en France, il faut vraiment que la catastrophe soit importante, les victimes nombreuses et les secours sur place débordés pour que l’on fasse appel à nous. Nous sommes l’échelon final dans le dispositif de secours ».

Rares également sont les missions à l’étranger. « Elles dépendent de nombreux facteurs. Il faut que le pays demande l’aide internationale, que la France réponde à cet appel, et que l’état-major choisisse les unités à envoyer. Cela nécessite plusieurs jours, or pour avoir des chances de retrouver des personnes vivantes sous les décombres, les recherches doivent être menées le plus rapidement possible. Si la cellule cynotechnique est moins souvent sollicitée que d’autres modules des UIISC, c’est que le temps joue contre nous ».

Olivier R. a néanmoins participé à quelques missions emblématiques de la sécurité civile : tremblements de terre en Turquie en 1999, à Sumatra en 2009 et au Pakistan en 2005. Il est également intervenu en Algérie après les coulées de boue meurtrières de 2001. « Les missions sont rares, mais cela ne nous dispense pas de nous former et de nous entraîner quotidiennement. Un sapeur-sauveteur a le culte de la mission : il doit s’entraîner pendant des mois, voire des années, pour être prêt le jour J ».

Chiens détecteurs

S’entraîner pour un conducteur cynotechnique, c’est poursuivre un objectif essentiel : connaître parfaitement son chien afin de former un binôme à l’efficacité redoutable. « Au sein de l’unité sauvetage déblaiement, la mission de la cellule cynotechnique est de repérer les victimes ensevelies en profondeur. Nous faisons passer les chiens sur un secteur. S’ils détectent une odeur, d’autres sauveteurs interviennent pour localiser précisément la victime à l’aide d’appareils. Un chien en effet dépiste un effluve sans forcément localiser la victime. Celle-ci peut très bien se situer à cinq mètres de l’endroit. Si nos chiens ne détectent rien, on clôture le secteur et on passe à un autre ».

La difficulté est que les chiens perdent la plupart du temps leurs repères en mission à l’étranger. « Ils réagissent de manière complètement différente, en raison du stress du secouriste, de la chaleur, de la poussière et du nombre de personnes sur site. À l’entraînement, en règle générale, le chien se met à aboyer quand il détecte une odeur. En mission, dans 90 % des cas, le chien n’aboie pas. Il réagira différemment, et c’est au maître-chien de décoder le comportement de son animal pour marquer une victime. C’est ici que l’entraînement prend tout son sens, car il permet de bien lire son chien et de décrypter l’ensemble des signes, même ténus, qui indiquent qu’un chien a détecté l’odeur d’une victime. L’expérience est cruciale dans ce métier ».

Frank Canton