« Le chien, un membre à part entière du GIGN ! »

« Le chien, un membre à part entière du GIGN ! »
24 août 2017

Une dizaine de malinois est affectée au groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) pour deux missions particulières : l’assaut et la détection d’explosifs. Ces chiens d’élite étaient notamment présents en janvier 2015 dans les colonnes d’assaut de Dammartin-en-Goële pour intercepter les terroristes auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo.


Les chiens du GIGN passent par une phase de dressage de plusieurs mois au centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie (CNICG) de Gramat. Après un « débourrage », puis une phase de dressage à l’attaque et au mordant, les animaux sont « binômés » avec des maîtres-chiens du GIGN. « Ce sont les collègues de Gramat qui établissent ce binôme en parvenant à retracer et à marier les caractères des chiens et des maîtres, explique Jean-Luc, responsable du groupe appui cynophile du GIGN. Je retrouve énormément de points de ma personnalité dans mon animal, c’est assez incroyable. »

Les chiens retenus sont ensuite formés, durant plus d’un an, aux techniques et missions spécifiques du GIGN : évoluer sous les explosions, dans les gaz, les détonations, à partir d’un hélicoptère ou d’un avion, rien ne doit les effrayer. Après avoir testé plusieurs races différentes, rotweiller, ou encore berger allemand, le groupe a opté pour le malinois, « un chien qui possède toutes les caractéristiques attendues pour l’assaut : capacité supérieure de dressage, de franchissement d’obstacles, pour évoluer dans un contexte dégradé, détaille Jean-Luc. C’est aussi un animal sociable, silencieux, joueur et gourmand qui travaille avec son nez, son ouïe et sa vue. Il possède une grosse capacité  d’abnégation ».

Le chien d’assaut et son maître font partie intégrante de la colonne d’assaut et forment un binôme à part entière. « Ce qui nécessite une totale confiance de la colonne envers le chien, souligne Nicolas, commandant de la force d’appui opérationnel du GIGN. Le binôme participe à chaque formation, à chaque exercice pour que tout le monde apprenne à connaître le chien, à évoluer à ses côtés, et inversement. Travailler en colonne se fait en silence, et les chiens le comprennent très vite. Nous nous exerçons sur de longues phases d’attente pour lui faire comprendre qu’il doit patienter, et qu’ensuite il pourra mordre. »

De nouveaux chiens « explo » d’ici fin 2017

Un chien formé à l’assaut est dressé pour intercepter et immobiliser un individu permettant un gain de temps indispensable à l’efficacité de l’action humaine. « Lancer le chien sur un individu retranché et peut-être armé met inévitablement le chien et son maître en danger. Mais ce mode opératoire peut s’avérer nécessaire dans certaines situations et permettre ainsi de repousser l’emploi de l’arme à feu », continue Jean-Luc. Depuis la création du GIGN en 1974, deux chiens sont morts en opération, cela fait partie des risques du métier !

La relation maître-animal est essentielle pour l’efficacité du binôme. « Un fusil, on le règle, on l’utilise, on le nettoie et on le range. Un chien, on s’entraîne avec, on le règle aussi dans le dressage, mais il reste un être vivant dont il faut occuper. Le chien ne te demande rien d’autre que de la reconnaissance, de l’amour, du jeu et de la nourriture. Il ne cherche que la satisfaction de son maître. Il est prêt à monter au combat avec toi. C’est un membre à part entière du groupe ! »

Actuellement dix au GIGN, le nombre de chiens va quasiment doubler d’ici la fin 2017. « Nous allons accueillir de nouveaux chiens dressés à la détection d’explosifs, annonce Nicolas.

Chaque maître-chien possédera alors un chien d’assaut et un autre pour la détection d’explosifs. Du fait du contexte terroriste actuel, cette évolution était indispensable. »

En règle générale, la carrière d’un chien du GIGN oscille entre huit et dix ans, en fonction de son état de santé, puis le maître le garde à son domicile. L’heure est alors venue de ranger le gilet pare-balles du jeune retraité canidé.

Richard Wawrzyniak