L’odorologie consiste à faire comparer par des chiens des traces odorantes prélevées sur des scènes de crime, et les odeurs corporelles de suspects ou de victimes.
Aucune précaution n’empêchera jamais un être humain de laisser son odeur sur son passage. Or, si l’homme n’est pas en mesure de reconnaître formellement une odeur humaine parmi d’autres, certains mammifères possèdent cette faculté.
« Ce constat a favorisé le développement de l’odorologie, une technique permettant à des chiens entraînés de comparer les odeurs humaines laissées sur les lieux d’infraction avec celles, corporelles, des mis en cause ou des victimes », explique le major RULP Olivier B., responsable du groupe odorologie au service central de la police technique et scientifique (SCPTS) d’Ecully, près de Lyon. Cette discipline de la criminalistique est opérationnelle en France depuis juin 2003.
« La technique de l’odorologie répond à un mode opératoire rigoureux, prévient le responsable de l’unité. Sur la scène d’infraction, un spécialiste en identité judiciaire, dûment formé et habilité, effectue le prélèvement des traces odorantes laissées par les malfaiteurs. Revêtu d’une tenue de protection adéquate, il applique des tissus spécifiques sur certains meubles ou objets avec lesquels l’auteur ou la victime a pu entrer en contact ». Ces tissus sont ensuite déposés dans des bocaux stérilisés pour y être conservés. L’odorothèque du SCPTS dispose ainsi de 4500 scellés prélevés sur les scènes de crime et de 6500 autres bocaux contenant des odeurs humaines destinées à l’entraînement des chiens.
Vient ensuite la procédure de comparaison d’odeurs, dite « parade d’identification ».
« Elle doit s’effectuer dans un local spécialement aménagé, où le maître-chien ne participe pas à la mise en place des bocaux, l’un contenant l’odeur qui aura été prélevée sur le suspect, les autres des échantillons de l’odorothèque », explique le responsable.
« La reconnaissance doit être effectuée successivement par deux chiens. Chaque chien devra effectuer trois recherches au total. Si les deux chiens ont reconnu la même odeur différemment positionnée, et ce, lors des deux recherches positives, on peut conclure à une reconnaissance d’odeur ». Toute la parade d’identification est filmée, enregistrée, et jointe à la procédure transmise au magistrat ou à l’officier de police judiciaire requérant.
« Dans une enquête, l’identification par l’odorologie doit être envisagée comme les autres modes d’investigations traditionnels (ADN, traces papillaires), explique le spécialiste. C’est permettre ainsi d’établir qu’une personne s’est bien trouvée à un endroit donné ou a été en contact avec un objet précis ». Son efficacité a d’ailleurs été reconnue par la communauté scientifique, notamment à travers la publication de recherches menées conjointement avec le CNRS de Lyon dans la revue scientifique Plos One en février 2016.
Depuis juin 2003, 543 affaires ont été traitées à l’aide de l’odorologie, dont 170 ont fait l’objet d’une reconnaissance d’odeurs, soit un taux d’identification de 31 % à ce jour.
Jacques Prévot