Chiens des cimes

Chiens des cimes
24 août 2017

Les pelotons de gendarmerie haute-montagne (PGHM), les CRS de montagne et les unités d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile (UIISC) disposent d’équipes cynophiles spécialisées en recherche en avalanche.


Les maîtres-chiens spécialisés dans la recherche en avalanche sont avant tout secouristes en montagne, et c’est avec leur fidèle compagnon qu’ils bravent l’altitude et affrontent jusqu’à moins 20 degrès pour prospecter le manteau neigeux. « Entre les blocs de glace, le dénivelé et la neige molle, le chien a du mal à progresser… Sur une avalanche, il faut vraiment le motiver et le stimuler ! », témoigne Michaël, maître-chien au PGHM de Modane, accompagné de Lasko, son malinois.

La survie des victimes en avalanche dépend de leur ensevelissement et de l’existence ou non d’une poche d’air. Si les secouristes ont 95 % de chance de retrouver une personne vivante pendant le premier quart d’heure, l’espoir s’amenuise très rapidement. L’utilisation d’un détecteur de victime d’avalanche (DVA) si les victimes en sont dotées, peut permettre une localisation rapide, mais le chien reste l’autre outil indispensable à la levée de doute. Les maîtres-chiens gendarmes ou CRS travaillent seuls lorsqu’ils sont en haute-montagne, ou conjointement avec les pisteurs et les maîtres-chiens des stations formés par l’Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (ANENA) lorsque l’avalanche a lieu sur le domaine skiable.

Un binôme sportif

Dès que l’alerte est donnée, l’hélicoptère décolle avec, à son bord, un secouriste et une équipe cynophile. Le survol permet de visualiser la configuration de la coulée – les ruptures de pente, les endroits où la neige s’est accumulée, le dépôt de l’avalanche -, ainsi que de repérer les indices de surfaces – skis, sac, gants, bâtons – qui permettront au maître-chien de définir des zones préférentielles de recherche. Une fois au sol, le maître-chien parcourt la pente par de grandes diagonales, de façon à guider son chien, en le stimulant sans cesse par le regard, la voix et des gestes.

« En avalanche, nous travaillons en quête, c’est-à-dire que le chien est complètement libre de ses mouvements », explique Vincent, CRS de montagne à Lannemezan et formateur des équipes cynophiles de recherche en avalanche au centre national d’entraînement à l’alpinisme et au ski de Chamonix (CNEAS).

« Le mouvement du maître aspire le chien », indique Marc, CRS de montagne à Nice et formateur au CNEAS. « Nous devons avoir une dynamique constante, ne pas nous stopper, ajoute Romain, maître-chien à l’UIISC de Brignoles. Si l’on s’arrête, le chien nous regarde, comme pour demander : qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » La complémentarité du binôme est précieuse et essentielle : « Le chien ne sait pas que son maître ne sent pas. Alors on fait semblant, pour le motiver, on se met aussi en olfaction », explique Marc.

Lorsque l’animal affine une localisation, il se met à gratter et aboyer. « Nous venons alors enfoncer la sonde dans le manteau neigeux jusqu’à l’obstacle, décrit Vincent, avant d’attaquer le pelletage ».

Si engager un chien sur une coulée d’avalanche fait partie des obligations de moyens des services de l’État, la tâche a cependant ses limites, comme le souligne Guy, CRS de montagne à Perpignan : « En avalanche, notre délai d’intervention est parfois très long, et la remontée des odeurs varie selon l’épaisseur de la neige et l’aérologie. Il est possible que le chien ne marque pas si la personne est ensevelie à 20 centimètres sous un manteau neigeux très humide, mais qu’il détecte des victimes sous 1,50 mètre de neige légère ! »

Un centre de formation unique

Après une formation initiale au pistage en interne (CNFUC, CNICG ou chez les sapeurs-pompiers), les équipes cynophiles effectuent un stage de trois semaines au CNEAS à Chamonix, pour la recherche cynophile en avalanche. Dans un but de mutualisation et d’harmonisation des processus, cette formation sera l’unique pour la police et la gendarmerie dès 2018.

Floriane Boillot