Villejust, dans l’Essonne, accueille depuis 2015 un site unique en France pour l’entraînement et la formation des unités cynotechniques des sapeurs-pompiers et d’autres unités.
Le projet était ambitieux, la réalisation est à la hauteur des attentes de son concepteur, le lieutenant des sapeurs-pompiers Marc C., conseiller technique cynotechnique départemental au SDIS de l’Essonne. C’est en 2011 que cette figure du métier s’est lancée dans la construction d’un site reproduisant une ville effondrée. « Tout le monde me prenait pour un fou, mais je voulais à tout prix combler un manque en France, celui d’un terrain d’entraînement permanent où les unités cynotechniques de la sécurité civile et d’autres corps pourraient se former et s’entraîner dans les meilleures conditions ».
« Avant que Marc ne réalise ce projet colossal, nous étions obligés de courir après les sites pour pouvoir nous entraîner, confirme Manuel M., conseiller technique cynotechnique au SDIS du Val-d’Oise. Nous trouvions parfois des terrains avec des bâtiments démolis, mais c’était toujours compliqué d’obtenir les autorisations avant que ces terrains ne soient complètement déblayés ».
Après la mise à disposition gratuite d’une surface en friche de cinq hectares par le maire de Villejust, Marc C. trouve des financements auprès de clubs et associations, et lance les grands travaux. 3000 camions-bennes de terre et de gravats, 70 camions de goudrons et 68 semi-remorques de dalles seront nécessaires pour « bâtir » sa ville effondrée. « Le site comprend sept zones thématiques de 1500 m² correspondant à des bâtiments effondrés sur lesquels les unités cynotechniques sont susceptibles d’intervenir en mission comme un hôtel, une école, un immeuble de sept étages ou un fast-food », explique Marc C. Chaque zone contient une quarantaine de caches qui permettent aux personnes jouant les victimes de se glisser en toute sécurité. « Certaines sont placées à huit mètres de profondeur afin de recréer au mieux les conditions les plus difficiles pour la recherche de victimes ».
Le site est loin d’être achevé puisque Marc C. a prévu d’y installer une mairie, une station-service et un hôpital. « Je prends en compte les suggestions des unités qui viennent s’entraîner ici pour améliorer l’outil en permanence ».
Et des suggestions, le conseiller cynotechnique n’en manque pas au regard du nombre d’unités accueillies sur le site depuis son ouverture en juin 2015. 3000 personnes d’unités spécialisées sont venues s’entraîner ici : parmi elles, des pompiers de quinze SDIS différents, les marins-pompiers de Marseille, les sapeurs-pompiers de Paris et l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile de Nogent-le-Rotrou. « Nous avons même reçu le RAID et le GIGN qui ont profité du site pour entraîner leurs chiens sur des scénarios liés au terrorisme ».
Le site de Villejust a également accueilli des unités étrangères de quatorze pays. Une consécration pour Marc C.
Avant d’intégrer une unité cynotechnique de la sécurité civile, les sapeurs-pompiers candidats (en SDIS) ainsi que les sapeurs-sauveteurs (en UIISC) suivent une préformation composée de trois modules, indispensable pour le futur maître-chien, car elle lui permet de découvrir toutes les caractéristiques du chien et de son développement, les principes de dressage et de se familiariser avec l’animal.
Les candidats suivent ensuite la formation cynotechnique. Le premier niveau, conducteur Cynotechnique (Cyn1), est obligatoire pour rejoindre une unité. Deux autres niveaux sont ouverts à ceux qui souhaitent davantage de responsabilités : Cyn2 (chef d’unité cynotechnique) et Cyn3 (conseiller technique cynotechnique). « La formation est longue et réclame un engagement permanent du candidat avant d’atteindre un niveau professionnel qui lui permet d’être opérationnel en toute circonstance », prévient le sergent-chef, responsable de l’unité cynotechnique de l’UIISC1.
Frank Canton