Les communes tombées pour la France

Les communes tombées pour la France
6 février 2017

Neuf villages de la Meuse, détruits pendant la Grande guerre, en particulier au cours des combats de la bataille de Verdun, n’ont jamais été reconstruits mais continuent à faire partie des 35 585 communes du territoire. Ces villages se sont vus décerner la Croix de guerre et sont cités à l’ordre de l’armée.


Après l’armistice de 1918, l’État déclara une large zone du département de la Meuse impropre au retour des habitants, en raison du nombre incalculable de munitions encore enfouies dans son sol. Conformément à la loi du 17 avril 1919 sur la réparation des dommages causés par fait de guerre, qui prévoyait notamment que l’État se rendrait acquéreur des terrains dont « la remise en état nécessiterait une dépense supérieure à la valeur du terrain supposé reconstitué », il fut procédé à l’expropriation du territoire de neuf villages détruits (les neuf communes non reconstruites sont Beaumont-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort-Homme, Douaumont, Fleury-devant-Douaumont, Haumont-près-Samogneux, Louvemont-Côte-du-Poivre, Ornes et Vaux-devant-Damloup) et au reboisement de la zone. Plus de 19 500 hectares furent ainsi rachetés par l’État et près de 7000 propriétaires, indemnisés. 13 404 hectares furent placés sous la tutelle du ministère de l’Agriculture pour l’entretien des espaces boisés. Le reste fut transformé en zone militaire ou classé « vestiges de guerre ».

Néanmoins, « en mémoire des habitants de ces communes et en l’honneur des soldats qui tombèrent dans la zone », l’État décida de conserver l’existence administrative et le nom de ces villages. La loi du 18 octobre 1919 prévoit ainsi que, dans les communes où il ne serait pas possible de former un conseil municipal, une commission municipale de trois membres, dont un exerçant les fonctions de président, serait nommée par le préfet de la Meuse sur proposition du conseil général (conseil départemental depuis 2015). Aujourd’hui encore, six de ces communes sont administrées selon ce dispositif. Douaumont compte quelques habitants (huit en 2013). Le village a, de ce fait, un conseil municipal et un maire élu. Quant à Vaux-devant-Damloup, en raison de sa position à la limite de la zone inhabitable, un nouveau village s’est peu à peu reconstitué à l’est de l’ancien, en dehors de la zone rouge. Il compte 70 habitants et dispose donc d’un conseil municipal et d’un maire élu. Ornes dispose également de quelques habitations et d’un conseil municipal élu.

Les commissions municipales et leur président sont ainsi respectivement investis de la plénitude des attributions des conseils municipaux et des maires. Si la suppression de ces communes symboliques - ou leur rattachement à une autre commune -, a été envisagée, elle n’a jamais abouti, tant l’attachement local à leur existence reste très fort et se manifeste tout au long de l’année par des commémorations suscitant toujours une affluence.

Les villages dits de la « zone rouge » (la zone est ainsi appelée car les cartographes chargés de délimiter la zone déclarée impropre à un retour normal de la population ont utilisé un crayon rouge pour en tracer les limites) ne sont plus aujourd’hui qu’un ensemble de clairières et de forêts plantées au lendemain de la guerre. Les communes ne possèdent en propre que des chapelles, cimetières, plaques commémoratives et monuments aux morts. Le poste principal de dépenses budgétaires est constitué par l’entretien de ces biens. L’État et le département en sont les principaux contributeurs.

F.C.

Stèle Meuse

Des stèles indiquent l'emplacement des habitations et des commerces disparus.