Cérémonies du Centenaire : mobilisation générale !

Cérémonies du Centenaire : mobilisation générale !
3 février 2017

Tous les services de l’État dans la Meuse étaient sur le pont pour organiser et sécuriser les nombreuses commémorations de la bataille de Verdun qui ont marqué l’année 2016, avec, pour point d’orgue, la cérémonie internationale du 29 mai, présidée par François Hollande et Angela Merkel.


Deux chefs d’État, 700 hautes personnalités, 4000 invités triés sur le volet, 4000 élèves venus de partout en France et d’Allemagne, plusieurs centaines de journalistes et autant de prestataires : l’État déployait les grandes manoeuvres, le 29 mai dernier à Douaumont, pour accueillir, diriger, installer et assurer la sécurité des 10 000 participants à la cérémonie qui marquait le point d’orgue de la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun. « L’organisation et la réussite d’une manifestation d’une telle ampleur, pour un département de la taille de celle de la Meuse, était une véritable gageure, assure la préfète du département, Muriel Nguyen. Pourtant, l’ensemble des services de l’État dans le département, des forces de l’ordre aux personnels administratifs de la préfecture et des souspréfectures, a su relever ce défi humain et logistique avec un dévouement et une compétence exemplaires », se félicite-t-elle.

Cette réussite tient avant tout à l’anticipation avec laquelle cet événement a été préparé. « Tout a commencé concrètement plus de six mois avant l’échéance, en fin d’année 2015, précise pour sa part Diane Candas, directrice des services du cabinet de la préfète de la Meuse. Les travaux de préparation ont été réalisés en mode projet : une gouvernance spécifique pour la gestion du projet a été mise en place avec le sous-préfet de Verdun, nommé « référent Centenaire », et plusieurs groupes de travail thématiques ont été chargés de plancher sur les questions de sécurité, de logistique, de protocole et de communication ».

Des défis logistiques

Une difficulté majeure a été la gestion des flux de personnes. Le programme de la journée du 29 mai se déroulait sur quatre sites successifs : le cimetière allemand de Consenvoye où les deux chefs d’État ont rendu hommage aux soldats allemands tombés au front ; la ville de Verdun, qui accueillait pour la première fois la visite d’un chancelier allemand ; Fleurydevant-Douaumont, pour l’inauguration du mémorial de Verdun entièrement rénové ; et, pour terminer, la nécropole nationale de Douaumont où 4000 jeunes se sont déployés suivant une spectaculaire chorégraphie imaginée par le cinéaste allemand Volker Schlöndorff.

« Dans des espaces contraints, difficiles d’accès de surcroît – il n’y a que trois routes secondaires pour accéder à Douaumont -, il fallait gérer l’acheminement des convois officiels et des quelque 10 000 participants, le tout dans un timing millimétré », précise la directrice de cabinet. Pour les invités venus de Paris, un train spécial sécurisé avait été affrété de la gare de l’Est jusqu’à la gare Meuse-TGV. Pour les autres, venus en voitures, des plates-formes aménagées pour l’occasion, situés aux abords de l’autoroute A4, sur la commune des Souhesmes-Rampont, ont servi de parkings géants. De ces points d’arrivée partaient alors, dans un ballet parfaitement réglé, une noria de 120 bus entièrement déminés. Enfin, pour les hautes personnalités, un parking avait été installé dans un espace sécurisé, d’où partaient des mini-vans pour les acheminer, sous escorte de la gendarmerie, sur le site.

« Une autre difficulté a été de gérer le protocole d’une cérémonie à dimension internationale, précise quant à elle Juliette Coutolleau, chef du bureau du cabinet à la préfecture de la Meuse. Les douze agents des services du cabinet, mais aussi la chargée de mission Centenaire placée auprès du sous-préfet de Verdun, ont travaillé sans compter les heures, y compris le week-end. La constitution des listes d’invités, les envois des  invitations et le suivi des participants, le placement dans les tribunes, l’organisation d’un système de badge, une scénographie à respecter pour chaque site, des cortèges officiels à constituer, les accréditations, la gestion de la presse et le suivi médiatique ont été autant de domaines sensibles qu’il a fallu s’approprier. Nous avons également travaillé en étroite collaboration avec les services de l’Élysée, du ministère des Affaires étrangères et de l’ambassade d’Allemagne.

Pour orchestrer localement les événements et accueillir les personnalités sur chaque site, le préfet avait désigné un responsable, et des sous-préfets d’autres départements sont venus en renfort de ceux du département. Cette préparation nous a beaucoup appris en terme organisation », ajoute Diane Candas.

Un centre opérationnel départemental (COD) a été ouvert en préfecture dès l’avant-veille de la cérémonie, pour suivre notamment l’installation du village qui allait accueillir les jeunes Français et Allemands durant quatre jours à Verdun. Puis, le jour J, tous les services partenaires étaient représentés en nombre, de façon à pouvoir réagir à la moindre alerte, à la moindre nécessité.

Des cérémonies placées sous haute surveillance

Pour assurer la sécurisation des axes routiers et des sites de Douaumont, ainsi que pour encadrer les cortèges et gérer les flux, la Gendarmerie et la Police nationales avaient déployé des moyens sans précédent dans le département. « Côté gendarmerie, plus de 700 effectifs étaient engagés, assure le lieutenant colonel Xavier Gonda, commandant en second du groupement de gendarmerie départementale de la Meuse. 241 gendarmes départementaux, sur les 389 que compte l’effectif du groupement, étaient mobilisés. À ceux-là se sont ajoutés 400 gendarmes mobiles répartis en six escadrons et un groupement tactique de gendarmerie (GTG) ainsi que 120 réservistes. La surveillance des bois, très étendus autour du site de Douaumont, était assurée par douze cavaliers de la Garde républicaine et par quatre motos tout-terrain, tandis que deux hélicoptères étaient en alerte à proximité. Les convois officiels des quelque 10 000 autorités, invités, élèves et autres participants, quant à  eux, étaient sécurisés par 90 gendarmes motocyclistes de la zone Grand-Est et de la Garde républicaine. Enfin, le dispositif était complété par la mobilisation sur la Meuse de la brigade fluviale de Metz et par deux équipes cynophiles pour le contrôle de l’ensemble des invités acheminés dans des bus déminés sur les sites transformés en zones étanches ».

Cavaliers de la Garde républicaine

« Enfin, il est important de noter que le centre de planification et de gestion de crises (CPGC) de la direction générale de la Gendarmerie nationale était également présent sur place », souligne le commandant en second du GGD de la Meuse, précisant que les services à compétence nationale (cellule NRBC, cellule nationale d’aide à la mobilité) et le GIGN étaient, eux, maintenus en alerte.

La Police nationale n’était pas en reste. « L’ensemble des effectifs de la police du département était bien sûr mobilisé, explique pour sa part le commissaire Fabrice Grossir, directeur départemental de la sécurité publique de la Meuse. Nous avons également bénéficié d’importants renforts logistiques tant au niveau de la zone Grand-Est que de la direction générale de la Police nationale, avec, notamment, l’appui de brigades canines, équestres et vététistes, d’une brigade anti-criminalité, de CRS – équipés du dispositif SARIS de vidéo-protection déployée -, du RAID ou encore d’unités de surveillance fluviale… Bref, plus de 800 policiers étaient déployés sur le terrain. Un important dispositif de commandement était également mis en place tout au long de la semaine, sous l’autorité d’un commissaire divisionnaire, chef de mission, trois autres commissaires et de nombreux officiers. En termes de volume, pour les seuls effectifs du département, le temps consacré à la sécurisation des cérémonies et des voyages officiels a été multiplié par cinq depuis le  début de l’année : nous sommes ainsi passés de 460  heures/fonctionnaire à plus de 2300 heures ! », précise-t-il, en soulignant la particulière implication de ses fonctionnaires sur ces dispositifs hors-norme.

A ces moyens, il convient encore d’ajouter ceux de la sécurité civile, « déployés sur tous les événements et présents à chaque étape du dispositif, des réunions préparatoires en préfecture, à la gestion effective des postes de secours sur l’ensemble des sites »,  rappelle de son côté le colonel Yves Gavel, directeur du service départemental d’incendie et de secours de la Meuse.

En plus de la cérémonie internationale du 29 mai, l’année 2016 aura été également marquée par toute une série d’autres événements commémoratifs – 21 février, 13 septembre, 24 octobre –, par plus d’une dizaine de voyages officiels, et par d’importantes manifestations organisées en lien avec le centenaire, comme le rassemblement technique national de 1300 jeunes sapeurs-pompiers du 2 juillet, ou encore le meeting aérien du 28 août, avec la patrouille de France. Tous ont nécessité une mobilisation particulière des forces de l’ordre et des services de l’État qui est venue s’ajouter à leur charge de travail habituelle.

En définitive, pour Diane Candas, « en mettant la Meuse à l’honneur, cette année du Centenaire aura renforcé de manière très particulière la cohésion de l’ensemble des services de l’État, mais aussi les liens entre les services de l’État, les collectivités locales et les nombreux partenaires associés. Elle aura aussi permis de créer des réflexes et de partager des bonnes pratiques dans la gestion de crise ou d’événement de grande dimension. Enfin, cette année particulière aura été un formidable levier pour le dynamisme du territoire, notamment le développement d’un tourisme de culture et de mémoire au profit d’un département à découvrir ».

Jacques Prévot

Douaumont, haut lieu de mémoire nationale

Théâtre de la mère des batailles, la Meuse abrite la plupart des sites les plus symboliques et les plus visités de la Première Guerre mondiale, à l’image des forts de Douaumont et de Vaux, de la tranchée des baïonnettes ou de la Voie sacrée. Le département compte surtout plus de 96 000 sépultures de combattants français, tombés pour la plupart en 1916.

La nécropole nationale de Douaumont qui regroupe, sur 131 000 m², plus de 16 000 corps est assurément la plus emblématique. Elle fait partie des neuf hauts lieux de la mémoire nationale du ministère de la Défense . « Ce haut lieu de mémoire comprend la nécropole de Fleury-devant-Douaumont, les deux monuments érigés à la mémoire des combattants de confessions juive et musulmane morts pour la France pendant la Première guerre mondiale ainsi que la tranchée des baïonnettes », précise Juliette Roy, directrice départementale de l’office nationale des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) de la Meuse.

C’est à l’ONACVG, établissement public sous tutelle du ministère de la Défense, que revient la gestion de ce haut lieu : « outre ses missions de reconnaissance, de réparation et de solidarité de la Nation envers les personnes affectées par la guerre et les victimes civiles, l’office est un opérateur majeur de la politique de mémoire combattante du ministère de la défense qui comprend notamment la transmission de la mémoire et des valeurs républicaines des anciens combattants et la gestion et l’entretien de l’ensemble des nécropoles militaires et carrés militaires des cimetières civils ainsi que des hauts lieux de mémoire ».

À l’occasion des commémorations du Centenaire, Juliette Roy fut tout particulièrement « l’interlocutrice privilégiée » du monde combattant constitué d’anciens et d’associations mémorielles. Considérant ces lieux, et tout particulièrement les cimetières, comme sacrés, « ils sont extrêmement attentifs à chaque évènement qui s’y déroule. Tailler ne serait-ce qu’un arbre d’un cimetière dans l’optique d’une cérémonie peut être considéré comme un sacrilège. Avec l’enchaînement des commémorations du Centenaire, mon rôle cette année a été à la fois de les informer et de les rassurer en permanence sur le respect de ces lieux pour chaque événement. En Meuse, il est inimaginable de ne pas tenir compte des anciens  combattants ».

F.C

Les hauts lieux de la mémoire nationale, biens du domaine public immobilier de l’État, relevant du ministère de la Défense, répondent à des critères précis. Liés à la mémoire des conflits contemporains, ils ont un caractère national et emblématique et sont entretenus par le ministère de la Défense ou sous sa responsabilité afin de perpétuer la mémoire des conflits contemporains et maintenir le lien armée-nation. Outre le cimetière national de Fleury-devant-Douaumont et la tranchée des baïonnettes, la liste comprend le cimetière national de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), le Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) et les mémoriaux des Martyrs de la Déportation de l’île de la Cité (Paris), de la prison de Montluc (Rhône), du débarquement allié de Provence au Mont-Faron (Var), des guerres en Indochine (Var) et de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie (Paris).