Politique mémorielle : L’État à la manoeuvre

Politique mémorielle : L’État à la manoeuvre
2 février 2017

La mobilisation des services de l’État, en lien avec les collectivités locales et les acteurs associatifs, autour de la politique mémorielle du centenaire de la bataille de Verdun a permis de bâtir un programme ambitieux et inédit d’évènements et de manifestations qui ont rythmé les 300 jours de ce cycle commémoratif.


« Peu de noms résonnent aussi fortement que Verdun dans l’histoire de France. L’universalité du message de Verdun s’est forgée dans la souffrance des soldats des deux camps, et les stigmates des combats marquent encore le champ de bataille et la Meuse toute entière.
Un siècle après ces terribles évènements, le centenaire de la bataille de Verdun donne à la Nation un rendez-vous de fraternité et d’union dans l’hommage à tous les combattants de cette bataille qui incarnera durablement la mémoire de la Grande Guerre ». Ce manifeste, c’est celui, conjoint, du secrétaire d’État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, du président du conseil régional du Grand-Est, du président du conseil départemental de la Meuse, du maire de Verdun et du président du conseil d’administration de la Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale : à eux cinq, ils symbolisent la mobilisation de l’ensemble des pouvoirs publics et des acteurs de la mémoire pour donner aux cérémonies du centenaire un rayonnement et une portée exceptionnels.

Sur le terrain, cette politique mémorielle a été en grande partie portée par la  sous-préfecture de Verdun qui, sous l’autorité du préfet de département, a assuré l’organisation des temps forts des 300 jours du cycle commémoratif de la célèbre bataille. « Nous devons beaucoup à mon prédécesseur, Xavier Luquet, véritable « sous-préfet du Centenaire », d’avoir structuré le programme de ces manifestations pour leur donner un véritable souffle, une dynamique au service du territoire », explique le nouveau sous-préfet d’arrondissement, Benoît Vidon. Son rôle : coordonner l’organisation des commémorations et fédérer l’ensemble des élus, des associations de mémoire et des acteurs institutionnels, autour d’une politique mémorielle structurée, « pour faire de la question des commémorations de la bataille de Verdun un vecteur de cohésion pour le présent, et de développement pour l’avenir ». Le mérite en revient aussi à Philippine Farges, nommée chargée de mission « Centenaire » auprès du sous-préfet.

Une gouvernance spécifique

Parmi les acteurs institutionnels concernés, la mission du Centenaire a bien évidemment joué un rôle déterminant. « Il s’agit d’un groupement d’intérêt public créé en 2012 par le Gouvernement pour préparer et mettre en oeuvre, au niveau national, le programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale », explique le sous-préfet de Verdun. Localement, les initiatives sont centralisées en sous-préfecture et alimentent les travaux du comité départemental du Centenaire. « Co-présidé par le préfet du département et par le président du conseil départemental de la Meuse, ce comité sélectionne les projets locaux qu’il propose à la labellisation « Centenaire » et assure la feuille de route territoriale pour le centenaire en Meuse », explique pour sa part Philippine Farges.

Mis entre parenthèses au premier semestre 2016, le comité départemental du centenaire a laissé place à une gouvernance spécifique à la préparation des temps forts de l’année, regroupant toutes les structures en charge de l’organisation des commémorations : le comité départemental de coordination opérationnelle, trois comités spécialisés (comité d’organisation et de coordination « Verdun 2016 », comité de coordination pédagogique territorial et comité de synthèse des groupes de travail techniques) ; et enfin, cinq groupes de travail techniques, qui s’occupent plus précisément des questions de sécurité, de logistique, de protocole, de communication et d’accueil presse.

« La première grande cérémonie a été celle du 21 février qui marquait le centenaire du déclenchement de l’attaque allemande sur la rive droite de Verdun, au nord-est de la ville, rappelle la préfète de la Meuse, Muriel Nguyen. Cette date symbolique était le point de départ du cycle commémoratif des 300 jours de Verdun, avec de nombreuses manifestations commémoratives et l’ouverture au public du Mémorial de Verdun rénové ». Le deuxième temps fort a été la cérémonie internationale du 29 mai. « Présidée par François Hollande et par la chancelière de la République fédérale d’Allemagne Angela Merkel, elle aura marqué le centenaire de la bataille de Verdun, en présence de près de 4000 personnalités, et d’autant de jeunes élèves venus de tous les départements de France et des seize länder allemands », se félicite la préfète.

Mémorial de Verdun

Cette cérémonie a été le point d’orgue de plusieurs jours de manifestations commémoratives organisées à Verdun et sur le champ de bataille, qui ont mobilisé l’ensemble des services de l’État dans le département, avec des renforts venus de tout le Grand-Est et au-delà ».

Deux autres cérémonies d’envergure, le 13 septembre – pour la commémoration du centenaire de la remise de la Légion d’honneur à la ville de Verdun – et le 24 octobre – pour la cérémonie en hommage aux troupes coloniales dans la reprise du fort de Douaumont par l’armée française – sont venues conclure cette année particulière.

Et après...

« L’enjeu aujourd’hui est de pérenniser cette dynamique au-delà de 2016, confie Benoît Vidon. Le comité départemental du Centenaire continue à se réunir pour préparer et structurer d’ores et déjà les programmes de 2017 et de 2018. Il faut coordonner les initiatives locales, qui sont nombreuses, assurer leur promotion, et les soutenir financièrement par le biais de subventions publiques ». Cette réflexion prospective, la préfète de la Meuse et le sous-préfet de Verdun entendent bien la conduire en concertation avec l’ensemble du tissu local. « Il faut songer à l’avenir en prenant en compte le renouvellement générationnel et, par conséquent, la transmission de l’histoire de Verdun en la projetant dans une nouvelle dimension, liée à l’attractivité et au développement économique de la ville, de l’arrondissement et du département, explique Muriel Nguyen qui rappelle le nombre important des acteurs associatifs qui animent les lieux de mémoire et qui entretiennent le souvenir de la bataille de Verdun. La Meuse a des atouts en termes d’écotourisme, en particulier autour du fleuve-navigation, des voies vertes, et du forestier, complémentaires de l’attractivité des sites historiques. Les soutiens financiers de l’État permettent d’accompagner les collectivités dans cette nouvelle ambition pour le territoire. L’État a un rôle fédérateur, un rôle d’organisation et d’animation : c’est tout l’enjeu de l’établissement public de coopération culturelle (EPCC) « Mémorial de Verdun – Champ de bataille », créé par arrêté du préfet de la région Grand-Est le 4 novembre 2016, et installé le 10 novembre 2016, qui regroupe l’État, la région, le département, la communauté d’agglomération du Grand Verdun, le Mémorial, l’Office national des anciens combattants (ONAC), la fondation du Souvenir de Verdun et l’OEuvre de l’Ossuaire de Douaumont, qui aura pour mission d’assurer une gouvernance unifiée et une gestion collective de ces grands sites. »

Jacques Prévot