Connu pour ses pistes d’audace et ses nuages de lacrymo, « Saint-Astier » est la référence en matière de maintien de l’ordre. Et pour cause, tous les gendarmes de France y sont passés au moins une fois lors de leur formation initiale. Mais le savoir-faire du centre national d’entraînement des forces de gendarmerie accompagne aussi les administrations et des partenaires institutionnels et étrangers.
La caserne général Dupuy, à Saint-Astier en Dordogne, accueille le centre national d’entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG). Sur une colline, 140 hectares sont divisés en plusieurs pôles, et 210 cadres permanents y travaillent pour recevoir les 12 000 stagiaires et visiteurs annuels.
« Le centre a été créé en 1969, après les événements de mai 68 et en réponse aux besoins de formation alors identifiés, explique le colonel Stéphane B., chef de corps du CNEFG depuis le 1 er juillet 2016. Il y avait une volonté d’uniformiser et de perfectionner la formation des escadrons de gendarmerie mobile ». Les formations dispensées concernent le rétablissement de l’ordre et l’intervention professionnelle. « Le stage phare du centre, c’est le perfectionnement des escadrons au maintien de l’ordre, indique le colonel B. Les exercices sont inspirés de la réalité, puis c’est au centre de se prononcer sur la capacité opérationnelle de l’unité dans son ensemble et sur le commandant d’unité ».
Le CNEFG forme aussi des partenaires étrangers, institutionnels et des administrations. Des stages d’intervention professionnelle sont ainsi prodigués au corps préfectoral, à des agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, de l’administration pénitentiaire, de la SUGE (surveillance générale de la SNCF), à des magistrats, des auditeurs de justice, ou encore des personnels de l’Éducation nationale. Le contenu est adapté aux compétences des stagiaires et à leur rôle potentiel en matière d’ordre public ou de gestion de crise. Pour le corps préfectoral, le CNEFG propose un stage d’information au maintien de l’ordre qui permet de placer les préfets et les directeurs de cabinet dans leur fonction d’autorité habilitée à décider de l’emploi de la force ou de l’usage des armes. « On leur fait réellement jouer leur rôle, tel qu’ils le feraient sur leur département. Il est fondamental de les intégrer aux exercices de maintien de l’ordre, raconte le chef de corps.
Depuis 2015 nous avons reçu une trentaine de préfets qui prenaient leurs fonctions ». Pour les magistrats, l’objectif du centre est de lessensibiliser à la problématique de la légitime défense. « Au travers de mises en situation, nous plaçons les magistrats dans la peau du gendarme, pour leur permettre d’en comprendre la difficulté. Ainsi, quand le magistrat sera amené à juger des affaires en se positionnant sur la pertinence ou non de l’usage des armes, il aura une approche différente », souligne le colonel B.
Dans l’Éducation nationale, les stages concernent les chefs d’établissements scolaires, et prochainement les inspecteurs d’académie. « Pour les chefs d’établissement, nous travaillons sur la gestion du stress, et les façons de réagir en cas d’incursion dans l’établissement, en matière de confinement et de mesures à prendre, indique le commandant du CNEFG. Les inspecteurs d’académie sont formés à la prise en compte de la situation de crise, afin qu’ils puissent se positionner par rapport à tous les acteurs et apporter une plus-value ». Les stages destinés à la presse servent à apprendre aux journalistes comment évoluer dans un environnement de rétablissement de l’ordre. Les partenariats avec l’étranger, notamment le jumelage du CNEFG avec la Guardia civile espagnole, permettent d’échanger savoir-faire et technicité, en particulier dans la lutte contre le terrorisme ou en vue d’opérations communes à l’étranger.
Depuis les attentats de 2015, le centre est chargé de la formation des moniteurs d’intervention professionnelle des PSIG-sabre, unité qui a vocation à intervenir sur les tueries planifiées. Le CNEFG est également associé à l’élaboration de la doctrine d’emploi et à l’expérimentation de nouveaux équipements testés lors d’exercices conduits au centre. Des séminaires internationaux de réflexion sur le maintien de l’ordre et l’intervention professionnelle y sont régulièrement organisés.
Floriane Boillot
En Dordogne, les chiffres de l’insécurité routière ne sont pas bons : l’année 2016 a vu le nombre de morts sur les routes du département augmenter de façon importante par rapport à l’année précédente, touchant pour près de la moitié des cas les plus de 65 ans. « La lutte contre l’insécurité routière est notre priorité », insiste la préfète Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, qui rappelle les deux axes principaux de sa politique en la matière : la mobilisation des forces de police et de gendarmerie, « pour la répression des infractions et de tous les comportements à risques », et « la poursuite des actions de sensibilisation et de prévention engagées dans le cadre du Plan départemental d’actions sécurité routière (PDASR), et visant à soutenir les initiatives en faveur d’un meilleur usage de la route ».
La gendarmerie est principalement à la manœuvre dans ce département rural. Sans compter les réservistes, les effectifs de l’escadron départemental de sécurité routière (EDSR) ont été portés à 67 militaires, et les moyens ont été renforcés avec l’emploi de nouveaux équipements de terrain mobiles (ETM). « Les services des quatre véhicules équipés ont été ciblés sur les horaires les plus critiques (pause déjeuner et sortie des bureaux) et leur amplitude a été allongée, explique le colonel Lionel Nicot, commandant du groupement de gendarmerie départementale de la Dordogne, ce qui a permis de réaliser en deux mois près de la moitié des contrôles effectués d’ordinaire en neuf mois ».
JP