Dans le cadre du démantèlement de la jungle de Calais, le centre d’accueil et d’orientation (CAO) de Bergerac a ouvert le 26 octobre 2016, accueillant vingt hommes isolés. « Une vraie réussite de politique publique » soutenue par la préfète et Hervé Simon, directeur départemental de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) adjoint.
Ils sont Afghans, ils ont entre 18 et 30 ans, et sont arrivés au CAO de Bergerac le 26 octobre 2016. En 2015, la Dordogne avait accueilli 50 Soudanais à Mauzac, et les CAO de Périgueux et Montignac ne désemplissent pas non plus. Tous les acteurs de l’État et associatifs en Dordogne se sont mobilisés avec succès pour recevoir les migrants de Calais, perpétuant ainsi la forte tradition d’accueil qui caractérise ce territoire.
Si l’hébergement en CAO est financé par l’État, l’accompagnement sanitaire, administratif et social est assuré par l’association l’Atelier le temps de leur séjour, ce centre n’étant en effet qu’une transition nécessaire aux migrants pour prendre le temps de faire un choix - demande d’asile ou acceptation de l’aide au retour- avant d’intégrer le cas échéant un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA).
« Nous avons d’abord été contactés par la DDCSPP, explique Pierre-Emmanuel Vergnaud, président de l’association l’Atelier, puis nous avons rencontré les élus locaux qui se sont tous montrés adhérents au projet et volontaires. Nous avons ainsi pu installer le CAO dans ces locaux qui appartenaient à la communauté d’agglomération bergeracoise ».
Un choix de localité murement réfléchi : « L’expérience d’un centre dans la campagne, à Mauzac, nous a conduits à ouvrir cette année un centre urbain. L’idée est que les gens se fondent dans la population et que cela ne génère pas de questions. À Périgueux, nous avions même fait le choix d’installer les 70 migrants dans des appartements éparpillés dans la ville », affirme Hervé Simon, DDCSPP adjoint. Les 20 Afghans de Bergerac ont donc été accueillis par Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, préfète de la Dordogne. Elle leur a signifié qu’ils étaient sous la protection de l’État français. « Ce fut un moment fort, témoigne Pierre-Emmanuel Vergnaud. Des résidents nous ont même spontanément remerciés pour cet accueil ».
Les principales préoccupations du CAO concernent les statuts et la santé des personnes. « Nous réalisons des évaluations médicales, grâce à une convention avec l’hôpital de Bergerac », explique le président de l’Atelier. Les accompagnants sont également présents pour aider les migrants à la gestion du quotidien et les amener à réfléchir sur leur avenir. Des cours de français leur sont proposés quotidiennement, afin de leur permettre d’être plus autonomes dans leurs démarches.
La préfecture a mis en place un comité de pilotage global, réunissant régulièrement les services de l’État concernés, les maires, les associations ou encore les bailleurs. « Il est important d’informer tout le monde et de centrer les problématiques. Notre rôle est de faire le facilitateur pour que tout le monde puisse se parler », souligne Hervé Simon. « Il faut également que les personnes que l’on reçoit aient les informations les plus claires quant à leurs possibilités ici et leurs démarches pour l’avenir ».
Les associations peuvent mettre en commun leurs expériences, et des référents à la préfecture sont mis à disposition pour les aider à coordonner le dispositif. Quotidiennement, en lien avec la DDSCPP, l’association l’Atelier aborde ainsi les questions administratives, sanitaires, la capacité de la structure, et les difficultés rencontrées.
Une visioconférence avec le préfet de région et les douze préfets de la région Nouvelle-Aquitaine a également permis de caler les dispositifs d’accueil dans les différents CAO.
Le lien avec les élus est primordial : « Nous devons par exemple expliquer aux maires les parcours différents entre les migrants et les demandeurs d’asile, c’est important, car ils ne sont pas tous dans une optique d’ancrage. Les résidents en CAO sont seulement de passage », explique le DDCSPP adjoint. « C’est une fierté d’avoir réussi à mobiliser l’ensemble des acteurs, les collectivités, associations, bénévoles, pour rendre possible ce projet », témoigne la préfète de la Dordogne.
Floriane Boillot