La Manche est l’un des trois départements de l’ancienne Basse-Normandie intégrés dans la nouvelle région. Pour Jacques Witkowski, son préfet, la fusion n’a pas modifié en profondeur son quotidien et celui de la préfecture.
À la question « la création de la nouvelle région Normandie a-t-elle changé quelque chose dans le fonctionnement du département et dans la relation entre le préfet de département et le préfet de région ? », la réponse de Jacques Witkowski, préfet de la Manche est on ne peut plus claire. « Il faut bien comprendre que le mode de relation fonctionnel, structurel et institutionnel entre les deux préfets n’a pas été modifié avec la réforme ».
Alors que s’est-il passé le 1 er janvier 2016 pour le préfet de la Manche ? « J’aurais tendance à répondre que, fondamentalement, il ne s’est rien passé. Les administrations régionales ont rapidement été opérationnelles et les élus ont vite retrouvé leurs habitudes. Certains recadrages ont bien entendu été obligatoires, et il fut parfois nécessaire de tisser du lien entre des personnes qui ne se connaissaient pas forcément. Mais il faut bien reconnaître que l’intégration a été menée à grande vitesse. Ce qui fait que sept mois après la réforme, nous avons l’impression qu’il n’en a jamais été autrement. Cela est peut-être dû au fait que, pour les Normands, la fusion des deux régions était inéluctable et que les administrations avaient intégré cette notion ».
Si le quotidien de Jacques Witkowski n’a guère changé depuis la fusion, - « il n’y a pas eu un avant et un après, que ce soit dans mon fonctionnement administratif ou dans mes relations avec la préfète de région et les services régionaux » -, il explique cependant que la création de la nouvelle région a fait bouger certaines lignes. « La Manche qui constituait un pivot central de la Basse-Normandie se situe désormais à la bordure ouest de la nouvelle région. Cette position excentrée par rapport à la préfecture de région nécessite un lien informel important avec la préfète de région. Cela se matérialise par exemple par l’envoi fréquent de brèves sur des sujets dont elle n’est pas directement responsable, mais qui lui permettent d’avoir un bruit de fond de ce qui se passe au « limes », pour reprendre un terme latin. Nous n’avons pas pour autant le sentiment d’être isolés au sein de cette nouvelle région ».
Ce changement d’échelle a également des répercussions sur le poids et l’importance du département dans son nouvel environnement : « Le caractère rural de la Manche ressort davantage face à des départements très urbains comme l’Eure ou la Seine-Maritime. Ainsi, Cherbourg, qui était la deuxième ville de Basse-Normandie, ne fait plus partie des grands centre urbains régionaux comme Rouen ou Le Havre. Il est donc nécessaire de se réapproprier une nouvelle identité dans cet espace régional. Par exemple, il nous faut à présent regarder vers le nord-est de la région et intégrer dans notre développement cet axe majeur stratégique de dimension nationale que constitue la Seine (le développement de la vallée de la Seine constitue un enjeu majeur de l’aménagement du territoire. La préfète de Normandie est coordinatrice du contrat de plan interrégional État régions qui concerne la Normandie et l’Île-de-France) ».
F.C.