Des secours en rouge et bleu

Des secours en rouge et bleu
25 juillet 2016

Dans les Pyrénées-Atlantiques, sapeurs-pompiers et gendarmes se relaient chaque semaine pour assurer le secours en montagne. Une alternance qui fonctionne.


Voilà quatorze ans que le secours en montagne dans les Pyrénées-Atlantiques est assuré en alternance par le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) d’Oloron-Sainte-Marie et le groupe secours en montagne des sapeurs-pompiers du service départemental d’incendie et de secours.

Les semaines impaires pour les gendarmes et les semaines paires pour les sapeurs-pompiers, de 9h00 au coucher du soleil. Les interventions sont assurées grâce à l’hélicoptère Dragon 64 de la base de la sécurité civile de Pau-Uzein. « À la suite d’une expérimentation positive réalisée en 2012, les équipes effectuent depuis deux ans des gardes postées au pied de l’hélicoptère, précise Pierre Abadie, chef du service interministériel de défense et de protection civiles de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, cela permet de gagner en rapidité et en efficacité ».

Auparavant, les pilotes du Dragon 64 devaient récupérer l’équipe du PGHM à Oloron-Sainte-Marie ou celle des sapeurs-pompiers au SDIS, mais également le SAMU avant de rejoindre le lieu de l’accident. « Nous multipliions les trajets, se souvient Patrick Claquin, chef de la base hélico de Pau-Uzein. Ainsi il nous arrivait de décoller de Pau-Uzein, d’aller chercher les gendarmes à Oloron-Sainte-Marie, pour ensuite nous rendre sur le lieu de l’intervention. Il fallait ensuite ramener le blessé à l’hôpital, puis les gendarmes à Oloron avant de revenir à vide à la base. La mise en place des gardes postées nous a permis d’économiser de 25 à 30 heures de vols par an ».

Patrick Claquin souligne également l’apport opérationnel de la présence des secouristes à Pau Uzein : « Nous sommes informés en même temps qu’eux des détails de la future intervention. Nous pouvons ainsi nous concerter sur la stratégie à adopter et identifier les difficultés potentielles. Ce qui n’était pas le cas avant. Les pilotes récupéraient les secouristes, sans connaître précisément les différents éléments de l’opération ».

Autre avantage : sapeurs-pompiers et gendarmes partagent le même matériel. Depuis le 1 er avril, les secouristes disposent de leurs propres locaux. « À la suite d’une réorganisation territoriale, le centre départemental de Météo-France des Pyrénées-Atlantiques situé à deux pas de la base de sécurité civile a libéré le rez-de-chaussée de son bâtiment, explique Pierre Abadie. Le préfet a souhaité saisir cette opportunité pour monter un projet afin de récupérer l’espace libéré. Les aménagements ne sont pas totalement terminés mais sapeurs-pompiers et gendarmes ont déjà intégré les locaux ». « Nous étions vraiment les uns sur les autres au sein de la base hélico, souligne Patrick Claquin. Les secouristes ont dorénavant leur espace ».

FC

Lieutenant Sandric Sarlin, responsable du groupe secours en montagne des sapeurs-pompiers

« Le groupe secours en montagne des sapeurs-pompiers est composé de 20 personnes. Si deux sapeurs-pompiers sont présents à la base hélicoptère de la sécurité civile de Pau, une dizaine d’entre nous reste disponible sur « bip », en cas de besoin, pour un recouvrement opérationnel ou lors d’opérations de grande ampleur. La grande majorité des interventions en montagne ont lieu pendant l’été et concernent des randonneurs. Elles sont la plupart du temps dues à des négligences. De nombreuses personnes en vacances à la mer décident de se rendre sur le massif de la Rhune sans préparation et sans équipement approprié. Nous avons même rencontré des personnes complètement inconscientes qui effectuaient leur randonnée en tong. Il n’y a guère de différences fondamentales entre les modes d’intervention des sapeurs-pompiers et des gendarmes, les techniques sont les mêmes. Nous sommes d’ailleurs tous formés aux techniques alpines de l’école nationale de ski et d’alpinisme de Chamonix. Nous parlons donc le même langage. L’alternance proprement dite fonctionne bien et nous avons pris l’habitude de discuter régulièrement des difficultés que nous pouvons rencontrer en intervention. »

FC

Lieutenant Sébastien Grandclément, chef du PGHM d’Oloron-Sainte-Marie

« Le secteur d’intervention de notre PGHM s’étend sur une zone vaste de plus de 200km, de la limite des Hautes-Pyrénées à la côte basque. Le gros de l’activité se situe dans la Vallée d’Ossau avec des points culminants à près de 2000 mètres. Pour ces deux raisons le vecteur aérien est indispensable pour se projeter au plus vite. Nous travaillons donc au quotidien avec les sapeurs -pompiers du département lors de semaines d’astreinte et nous nous entraînons le reste du temps. Nous avons réalisé 147 interventions en 2015, un record, essentiellement dû à de très bonnes conditions météo estivales et de très mauvaises hivernales. 60% d’entre elles concernaient des traumatologies légères lors de randonnées pédestres. Nous faisons énormément de prévention pour expliquer les bons réflexes à adopter en montagne.
A la différence des pompiers, les gendarmes assurent aussi une permanence judiciaire 365 jours par an. En cas de blessure grave, de décès, d’incident avec un professionnel de la montagne, ou autre, un OPJ doit se rendre sur place pour réaliser les constatations judiciaires et comprendre les raisons de l’incident. Nous sommes 14 gendarmes au sein du PGHM d’Oloron, brevetés spécialistes montagne, avec chacun des expertises différentes : moniteur de ski, de haute montagne, spéléologie, canyoning... »

RW