Tunnel du Somport : un ouvrage sous haute sécurité

Tunnel du Somport : un ouvrage sous haute sécurité
25 juillet 2016

Inauguré en janvier 2003, le tunnel du Somport relie, en plein cœur des Pyrénées, la France à l’Espagne sur une longueur de 8,6 kilomètres. La sécurisation du site est une coproduction franco-espagnole qui repose sur un plan de secours commun et s’appuie sur trois commissions binationales.


Le 25 avril 1991, la France et l’Espagne signent un accord intergouvernemental officialisant la construction du tunnel du Somport. Lancés en 1994, les travaux sont bien avancés lorsque survient le dramatique incendie du tunnel du Mont-Blanc en mars 1999. « Les deux pays ont dû alors retarder sa mise en œuvre pour prendre en compte le retour d’expériences de l’incendie du tunnel du Mont-Blanc et mettre en application de nouvelles règles de sécurité au Somport », explique Samuel Bouju, sous-préfet d’Oloron-Sainte-Marie et représentant français dans les commissions binationales de sécurité du tunnel au nom du préfet des Pyrénées-Atlantiques.

86 niches de sécurité ont ainsi été installées tous les 200 mètres, 19 refuges pressurisés tous les 400 mètres, des caméras positionnées tous les 100 mètres et reliées à un PC permanent géré côté espagnol permettant de détecter le moindre incident ... les mesures sont nombreuses pour sécuriser les quelque 1200 véhicules empruntant quotidiennement le tunnel. Un tunnel ferroviaire parallèle inusité est maintenu en situation et permettrait le cas échéant de placer rapidement les usagers en sécurité. Aux deux entrées, trois sapeurs-pompiers de chaque pays employés par l’exploitant du tunnel sont sur le qui-vive pour contrôler systématiquement la chaleur émanant des poids-lourds avant qu’ils ne pénètrent dans le tunnel, stopper au plus vite la circulation en cas d’accident et, par le centre de contrôle du tunnel, enclencher les plans d’intervention des deux pays.

« Le plan binational de secours est « vivant », souligne le sous-préfet. Il évolue en fonction des retours d’expérience des nombreux exercices organisés . » À la suite d’un accord signé entre les deux pays en octobre 2001, trois commissions ont été mises en place pour suivre au plus près la sécurité du lieu : une commission technique de sécurité, présidée en alternance par le sous-préfet d’Oloron Sainte-Marie et son homologue espagnol, qui traite des retours d’expérience des différents exercices organisés ou aux incidents réels survenus et propose des évolutions au plan ; un comité de sécurité chargé d’examiner les questions relatives aux aspects structurels de toute l’infrastructure, son fonctionnement, son entretien... ; et une commission intergouvernementale (CIG), représentant l’autorité administrative, qui se réunit deux fois par an dans les capitales des deux pays et qui adopte toutes les propositions d’évolutions du plan binational, notamment les investissements à réaliser pour y améliorer tous les aspects de sécurité.

RW

Exercice obligatoire

Si depuis son ouverture en 2003, le tunnel du Somport n’a jamais connu d’accident majeur, un exercice de secours est toutefois organisé chaque année conformément à l’accord relatif à l’exploitation, la maintenance et la sécurité du Somport signé entre l’Espagne et la France.

« Selon la règle de l’alternance, l’organisation de l’exercice 2015 qui s’est déroulé en octobre dernier revenait à la subdélégation du gouvernement espagnol à Huesca, précise Pierre Abadie, chef du service interministériel de défense et de protection civiles de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, à charge pour nous d’organiser celui de cette année ».

Cet exercice annuel constitue un moment important pour les représentants de l’État et les services de secours des deux pays car il permet, comme l’explique Pierre Abadie « d’éprouver les procédures du plan binational de secours ». Preuve de son importance, son haut degré de préparation : « de mars à octobre, les réunions se succèdent entre les responsables français et espagnols pour définir le thème de l’exercice et le préparer au mieux ». Pour l’exercice de 2015, les responsables avaient décidé de tester notamment la coordination entre les services d’aide médicale urgente des deux pays, le SAMU français et le SAMU espagnol. « Comme chaque année le tunnel a été fermé pendant la durée de l’exercice ». Le scénario prévoyait deux collisions dans la partie espagnole de l’ouvrage, occasionnant deux morts et dix-neuf blessés. Au total, 182 personnes des deux pays ont participé à cet exercice.

FC

 

Difficile d’intervenir dans un tunnel

Il n’est pas sans risques d’intervenir dans un tunnel comme celui du Somport. L’adjoint du chef du groupement du SDIS64 Sud présente les particularités de ce genre de missions : « Nous sommes généralement confrontés à trois risques dans un tunnel : les incendies, les accidents de la route et les fuites de matières dangereuses. Pour les incendies, nous sommes face à de très grandes chaleurs qui peuvent monter très rapidement et des fumées qui empêchent toute visibilité pour l’intervention. Au moindre doute, de départ d’incendie ou autres, les accès au tunnel sont immédiatement fermés aux véhicules et les plans d’intervention déclenchés des deux côtés. 15 engins de secours et plus d’une trentaine de sapeurs-pompiers du SDIS 64 sont dépêchés dans des délais très courts pour intervenir au tunnel du Somport. Un camion de pompiers spécialement équipé pour ce genre d’interventions, le « Titan », stationne en permanence dans le tunnel. Il est équipé de caméras thermiques, d’une cabine à air constant, d’un circuit d’autoprotection... afin de se rendre au plus près des victimes et de les évacuer rapidement ».

RW