L’eau claire des rivières comtoises

L’eau claire des rivières comtoises
1 avril 2016

Réputées internationalement pour leur parcours de pêche de première catégorie, la Loue et le Doubs Franco-Suisse sont des rivières emblématiques du département. Depuis quelques années, les services de l’État agissent activement pour la protection de la qualité de ces eaux.


En 2010 et 2011, des épisodes de mortalité piscicole ternissent la réputation des rivières du Doubs. Des analyses révèlent la présence de cyanobactéries polluant l’eau, et les poissons morts flottant à la surface font l’objet de nombreux articles de presse où l’agriculture est notamment mise en cause. Le relief comtois est karstique et toute pollution issue des plateaux s’infiltre rapidement dans le sous-sol et se retrouve dans les rivières. « Le climat local est alors tendu, raconte Marie Kientz, chef du service Eau, Risques, Nature, Forêt, à la Direction départementale des territoires (DDT). Les pêcheurs et associations de protection de l’environnement alertent l’État de façon virulente. Le préfet se saisi du sujet pour intensifier les actions de restauration de la qualité de ces rivières ».

Raphaël Bartolt, préfet du Doubs, ajoute que « ce sujet est d’autant plus important pour notre département que le Doubs est un territoire de loisir en plein air, de sports de nature et attirant le tourisme ».

Mobilisation !

En 2013, le préfet et le président du Conseil général mettent en place la « Conférence départementale Loue et rivières Comtoises  ». Une initiative nécessaire pour nouer le dialogue entre toutes les parties prenantes et notamment les agriculteurs et les associations de protection de l’environnement, approfondir les connaissances sur les causes de la dégradation des rivières grâce aux rapports scientifiques, et accompagner les gestionnaires dans les actions mises en œuvre. « les épandages, les stockages mal réalisés, plus généralement les rejets de toute nature, produits sur les plateaux, même éloignés des rivières situées en contrebas dans les vallées , ont un impact direct sur les rivières », souligne Yannick Cadet adjoint à la chef du service Eau, Risques, Nature, Forêt à la DDT. « Il faut cibler et signaler les mauvaises pratiques de quelques personnes », ajoute Marie Kientz, « un travail patient pour éliminer toutes les pollutions de surface », selon le préfet.

cascade

Sensibiliser les jeunes agriculteurs

D’ici 2020, l’enjeu est de sensibiliser les exploitations agricoles du Doubs qui ne sont pas aux normes en matière de stockage des effluents d’élevage sur les aides publiques existantes. « Il y a une forte dynamique agricole dans le Doubs et beaucoup d’installation de jeunes. Une pédagogie est indispensable concernant les bonnes pratiques en matière d’épandage, notamment  par des bulletins d’information.

Nous avons aussi lancé une enquête avec la chambre d’agriculture à destination de tous les agriculteurs relative au stockage des effluents et aux pratiques d’épandage », précise Angèle Prillard, chef u service économie agricole à la DDT. « Nous travaillons aussi sur la réduction des nutriments venant des stations d’épuration et du lessivage des sols », ajoute Marie Kientz.

L’accent est mis sur les contrôles et l’augmentation de la pression réglementaire sur les installations « à problèmes  » comme les réseaux ou systèmes de traitement des eaux usées. « Le renforcement des prescriptions conduit à davantage de police administrative de la part de la DDT, un travail de police judiciaire est également effectué quotidiennement sur le terrain par l’Office nationale de l’eau et des milieux aquatiques, explique Yannick Cadet. Nous coordonnons ces polices de l’environnement, pour en rendre compte ensuite au préfet ».

L’aménagement des ouvrages hydrauliques est également de rigueur. Sur le barrage Gervais par exemple, une passe à poisson et une passe à kayak ont été construites, afin d’assurer la continuité écologique : les ouvrages ne doivent pas empêcher les poissons et sédiments de remonter et descendre le cours d’eau.

Plateau de fromages

34 819 tonnes de Comté ont été fabriquées dans le Doubs en 2013 ! S’il y avait un risque que la problématique de la Loue fragilise la filière Comté, « les travaux de la Conférence départementale ont permis d’apaiser les accusations  », affirme Angèle Prillard. La surface agricole du Doubs représente 45% du territoire, et l’agriculture départementale est principalement tournée vers la production laitière et la fabrication fromagère comme le Comté, le Morbier ou le Mont d’Or. « La caractéristique de notre territoire est que la transformation laitière est faite dans le département », pour des produits de caractère, puisque 85 % des producteurs laitiers du Doubs valorisent leur lait sous le signe de qualité AOP

Floriane Boillot