Malgré les difficultés rencontrées par la profession, l’agriculture demeure une activité majeure dans le Cher.
Les services de l’État accompagnent au quotidien les agriculteurs du département pour les aider à se diversifier et à innover. Exemple avec l’exploitation en polyculture et élevage conventionnelle d’Arnaud et Anne-Gaëlle Lespagnol, implantés depuis 2001 à Nohan-en-Goût.
3 000 agriculteurs recensés, 340 000 hectares de terre exploités, différentes typologies de cultures selon l’emplacement géographique, près de 1 500 exploitations d’élevage, une surface agricole utilisée (SAU) représentant 63,6 % de la superficie du département : le Cher demeure indéniablement une terre agricole.
Les agriculteurs berrichons se trouvent néanmoins confrontés à plusieurs problématiques. « Le Cher n’est pas la Beauce : nous avons de grandes exploitations, mais aux rendements moins importants que dans d’autres départements... », analyse Marie-Christine Dokhélar, préfète du Cher. Constat confirmé par Bruno Guerre, directeur de la chambre d’agriculture du Cher : « Ici le contexte pédoclimatique1 fait que les rendements ne sont pas exceptionnels. Notre mission est d’accompagner les agriculteurs à travers divers dispositifs mis en place par l’État, pour leur apporter des aides, et surtout un accompagnement intellectuel en réfléchissant avec eux à leur projet pour leur éviter de se tromper ».
De nombreux agriculteurs du département ont donc opté pour la polyculture-élevage. Arnaud et Anne-Gaëlle Lespagnol expliquent cette approche : « Nous développons deux activités au sein de notre exploitation : des grandes cultures céréalières (blé, orge et avoine), oléagineuses (colza et tournesol) et des semences (lentilles, persil, luzerne...) d’un côté ; et l’élevage de bovins allaitants destinés à la reproduction et à la viande de l’autre. Il existe une réelle complémentarité entre les deux : la culture permet d’avoir de la paille pour faire de la litière l’hiver, des céréales pour compléter les rations, nous vendons la graine de luzerne en semences et la plante est récoltée pour nourrir les bêtes. Les bêtes redonnent ensuite des matières organiques permettant d’amender les sols ». CQFD.
Benoît Dufumier, directeur départemental des territoires (DDT) du Cher, appuie le développement de cette polyvalence : « L’agriculteur augmente ainsi largement son autonomie. Il adapte alors son activité en fonction des cours des céréales et de la viande. Si le coût des céréales est trop bas, il se concentre sur la viande, et inversement. C’est une méthode vertueuse car l’exploitant dépend moins des grandes firmes et de la conjoncture. Il s’ouvre ainsi un spectre d’activités et de revenus plus large ». Et de poursuivre : « Nous avons milité dans le cadre de la nouvelle politique agricole commune (PAC) pour que la polyculture-élevage soit reconnue comme une mesure agro- environnementale et climatique favorable ». Conséquence, l’État accompagne ceux qui souhaitent développer une nouvelle activité par le biais d’une prime, mais aide les agriculteurs en difficulté par un fonds d’allègement de charges, de reports de crédits ou de cotisations.
Le couple se soumet aux nombreuses exigences imposées, notamment par la PAC. Eux aussi ressentent une certaine lassitude face aux variations des cours, aux changements réguliers de normes et à un certain manque de reconnaissance de la profession. Arnaud est donc monté à Paris le 3 septembre dernier pour exprimer « un cri d’alarme ».
En guise de conclusion, il tient à adresser un message aux forces de l’ordre mobilisées à l’occasion de cette manifestation : « Nous avons vraiment apprécié le travail réalisé par la police et la gendarmerie pour sécuriser les convois de tracteurs et pour l’appui qu’ils nous ont apportés. Nous avons été escortés en continu d’ici dans le Cher jusqu’au centre de Paris avec des forces de l’ordre qui se relayaient à nos côtés, jour et nuit. Ils ont fait un sacré travail et grâce à eux tout s’est bien passé ! Merci messieurs ! ».
« Le crottin de Chavignol, le Sancerre, le Reuilly, le Quincy, le Châteaumeillant, ou même la laiterie Rians, c’est ici que ça se fait ! », proclame Marie Christine Dokhelar, préfète du Cher. Le Cher est marqué par ces différents produits de qualité, à la réputation dépassant largement les frontières hexagonales. « Au même titre que la cathédrale de Bourges, ces produits offrent une très belle image du département, confirme Benoît Dufumier, Directeur Départemental des Territoires (DDT). Etre classé AOC permet également d’être placé sous un statut et une protection internationaux, d’être protégé des imitations frauduleuses éventuelles et surtout de préserver cultures et traditions. » Une exigence dans la qualité qui permet aux agriculteurs d’en tirer les bénéfices. A noter qu’une réflexion est actuellement menée dans le Cher pour inscrire le sancerrois au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Richard Wawrzyniak
1relatif au climat interne du sol