Le Pas-de-Calais abrite de nombreuses richesses à l’image du site des deux caps, du marais de Saint-Omer ou du patrimoine d’Arras qu’il convient de protéger, de faire connaître et... d’arpenter.
Le 1er juillet 2014, la maison du marais de Saint-Omer ouvrait ses portes au public ( 1
) .
« Elle permet aux visiteurs de découvrir le marais sous tous ses aspects , explique Bertrand Petit, conseiller général et président du groupe de travail ‘ marais ’. Mais nous souhaitions dans le même temps en faire le point d’entrée du territoire pour les touristes. Nous avons donc fait aménager un embarcadère qui leur permet de visiter le marais en bacôves, ces moyens de transport traditionnels utilisés jusque dans les années 1970 ».
Mais les touristes et les habitants du marais ne sont pas les seuls à naviguer sur les canaux, rivières et étangs de cet espace de 3 726 hectares. « Le marais audomarois est le seul à être cultivé et habité en France, explique le sous-préfet de Saint-Omer, Christian Abrard. Il compte près de 4 000 propriétaires privés et une centaine d’habitations sont inaccessibles par voie terrestre, ce qui oblige les services publics à intervenir en barque en cas de nécessité. »
« C’est assez insolite, mais nous devons être en mesure d’assurer notre mission en tout point du territoire », souligne Michel Grégoire, commandant la compagnie de gendarmerie de Saint-Omer. Il reste que les interventions sont assez rares : « sept fois en 2014, et pour des conflits de voisinage, des tapages nocturnes ou des petits vols ». Même motif, même mode opératoire pour les sapeurs-pompiers, avec néanmoins une difficulté supplémentaire : le transport du matériel.
« Nous avons récemment fait l’acquisition d’embarcations à fond plat pour accéder en tout point du marais, et assez longues pour y transporter un brancard et le matériel nécessaire, explique le lieutenant Bernard Leucras, adjoint au chef du centre de secours de Saint-Omer. Ces bateaux sont de plus équipés d’une pompe alimentant une lance à incendie ». Restait également à améliorer la localisation des personnes qui composent le 18, « Ce n’est pas toujours facile de se repérer dans cet espace, c’est pourquoi 460 points de secours publics (PSP), financés par le groupe marais, ont été installés. Ces plaques de localisation, visibles sur toutes les habitations, les pontons, les aires de pique-nique ainsi qu’aux intersections de canaux, sont « géo référencées » et nous permettent une localisation précise et rapide de la personne et d’adapter l’envoi des moyens de secours en fonction de la zone et de son accessibilité. Il suffit à la personne qui nous appelle de nous communiquer le numéro mentionné sur la plaque. »
Nicolas Hudelle lui aussi assure sa mission au fil de l’eau. Tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, ce facteur effectue une tournée de deux heures trente pour acheminer le courrier auprès des résidences inaccessibles par la terre.
« Sauf en cas de gel. Dans ce cas là, je dépose le courrier dans des groupements de boîtes aux lettres que nous avons mis en place aux parkings ». Il s’agit de la seule tournée effectuée en France en bateau. « Certains collègues m’envient... surtout l’été mais beaucoup moins l’hiver. »
Frank Canton
(1) Projet financé par la communauté d’agglomération de Saint-Omer, le conseil régional, l’Union européenne (FEDER) et le conseil général, avec une participation de l’État.
Le Pas-de-Calais, ses dunes et sa côte d’Opale. Déguster un pavé de haddock frais à la Maison du Site des Deux Caps, au bord d’une falaise grise du Jurassique (de type argilo-gréseuse), sous un vent à renverser les moutons boulonnais qui pâturent dans les prairies renaturées du littoral. Le Cap Gris-Nez d’un côté, le Blanc-Nez de l’autre. Au loin, les terres anglaises. Et peut-être la chance d’apercevoir des pingouins, phoques, ou un marsouin échoué.
Le site des Deux Caps a été labellisé « Grand Site de France » en 2011 par un arrêté ministériel. Ce réseau regroupe 41 Grands Sites qualifiés de « lieux à caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque ». Le label met en avant l’implication de l’État dans une politique de protection et de valorisation du site. En effet le département du Pas-de-Calais, en partenariat notamment avec la DDTM ( Direction départementale des territoires et de la mer ), le Conseil général, et EDEN 62 (Espaces départementaux naturels du Pas-de-Calais), assume la gestion et la réalisation des aménagements dans un souci de respect du développement durable et de sensibilisation à la faune et à la flore. L’objectif est de protéger et réhabiliter le paysage, ainsi que réguler et organiser les flux touristiques, tout en révélant et transmettant au public « l’esprit du lieu » de ce parc naturel régional. Le succès est au rendez-vous : près de deux millions de visiteurs viennent profiter de ces paysages chaque année.
Arras, 42 000 habitants et chef-lieu du Pas-de-Calais, est réputée pour son patrimoine historique, militaire, religieux et culturel. 225 monuments de la ville sont classés ou inscrits aux monuments historiques. « Autant de bâtiments classés nous demande beaucoup de travail de rénovation, sur lequel nous œuvrons depuis 20 ans », explique Jacques Philippon, conservateur régional des monuments historiques. Grâce au contrat de projet État-région, l’État et le Nord-Pas-de-Calais se sont engagés sur la programmation et le financement de restaurations importantes du patrimoine d’Arras.
Le beffroi, symbole de la ville d’Arras et surmonté du lion de Flandre, culmine à 75 mètres. Construit à partir de 1463, il fut totalement détruit pendant la Première Guerre mondiale avant d’être reconstruit pour y accueillir l’hôtel de ville. Le beffroi est aujourd’hui restauré selon les chartes anciennes : utilisation de la pierre, réalisation de badigeons colorés, et est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. À ses pieds, la place des Héros et ses 56 façades baroques, ses frontons en forme de cloche et arcades en « pas de moineau », a été entièrement rénovée.
L’abbaye Saint-Vaast fondée au VIIe siècle et la cathédrale au XVIIIe siècle, ont été bombardées pendant la Grande guerre, puis reconstruites à partir de 1920. Aujourd’hui la restauration de la cathédrale se poursuit avec la rénovation des couvertures en ardoises naturelles, en restituant les lucarnes et les chéneaux en plomb de manière traditionnelle. D’un montant de 5 millions d’euros, les travaux sont financés en totalité par l’État. Prochaine étape et non des moindres : la rénovation de l’orgue.
La citadelle Vauban est surnommée « la belle inutile » car la ville n’a plus connu de siège après la construction de la citadelle entre 1667 et 1672, sur les plans de Vauban.
Occupés par l’armée jusqu’en 2010, les édifices sont depuis réutilisés pour accueillir des entreprises. « On a restauré les pavillons et la chapelle de style baroque. Maintenant les bâtiments sont cédés à la communauté urbaine » précise Jacques Philippon. La citadelle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, et connue pour accueillir en juillet le Main square festival, un évènement musical programmant des artistes internationaux.
Floriane Boillot