En 2015, les forces de police et de gendarmerie ont enregistré près de 213 000 crimes ou délits de coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans et plus en France métropolitaine, soit 3,3 victimes pour 1 000 habitants.
Cette infraction progresse (+2,0%), au même rythme qu’en 2014. Elle s’observe de manière relativement équirépartie sur le territoire national lorsque l’on tient compte du nombre d’habitants par département, mais davantage dans les villes que dans les campagnes.
Toutefois, les enquêtes de victimation révèlent qu’une grande partie des victimes ne sont pas connues de la police ou à la gendarmerie : on estime qu’en France métropolitaine, chaque année, en moyenne 900 000 individus de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques à l’intérieur ou à l’extérieur du ménage (hors vols et tentatives de vols), chiffre stable au cours des dernières années.
Les coups et blessures volontaires criminels ou délictuels enregistrés par les forces de police et de gendarmerie concernent les victimes de 15 ans ou plus, qu’elles aient ou non déposé plainte mais pour lesquelles un témoignage ou un signalement a conduit à l’ouverture d’une enquête (pour plus de détails et les définitions, cf. Interstats Méthode N° 3 ). Parmi ces infractions on trouve des violences conjugales ou intrafamiliales (estimées à 44% des victimes de 2015), mais aussi les violences de rue, celles subies dans les transports, ou autres lieux publics, d’étude, de travail, etc. En revanche, sont exclues de cette catégorie les violences liées à des vols et des tentatives de vols.
Ces violences touchent davantage les femmes : parmi les faits constatés par les forces de sécurité en 2015, 54% des victimes de coups et blessures sont des femmes ; lorsqu’il s’agit de violences intrafamiliales, 80% des victimes sont des femmes. Les enquêtes de victimation auprès de la population délivrent le même message (cf. Interstats Chiffres-clés « violences physiques et violences sexuelles » ).
En 2015, le nombre de coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus), enregistrés par les forces de sécurité en France métropolitaine s’élève à 212 708 au lieu de 208 517 en 2014, soit une hausse de 2,0%. Cette augmentation prolonge celle déjà observée en 2014 (+2,1%) et dans une moindre mesure en 2013 (+0,6%). Il n’est pas possible de connaître la part des violences intra familiales dans ces évolutions, car on ne connait pas leur nombre avant 2015.
Cette hausse est régulière depuis le début de l’année 2015, mais à un rythme ralenti au second semestre.
Source : SSMSI - Base des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie. France métropolitaine.
Le nombre de faits constatés de coups et blessures volontaires sur les personnes de 15 ans ou plus varie selon les régions du territoire national. Les régions présentant le plus de victimes de coups et blessures volontaires connues des forces de sécurité sont l’Île-de-France, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Ces trois régions totalisent 45% des faits enregistrés pour ces atteintes à la personne (pour 40% de la population métropolitaine).
La région Nord-Pas–de-Calais-Picardie affiche un ratio de 4,1 victimes pour 1 000 habitants, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur de 4,0 et l’Île-de-France de 3,9, soit des taux très proches, plus hauts que la moyenne nationale qui s’établit à 3,3 victimes pour 1 000 habitants. Avec un ratio avoisinant les 2,5 victimes pour une population de 1 000 habitants, les régions Pays de la Loire, Bretagne, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente et Centre-Val de Loire sont les moins concernées par les délits de coups et blessures volontaires. Ces différences entre régions sont cependant moindres que celles que l’on constate pour les vols.
Les départements de la Seine-Saint-Denis, de Paris, du Nord, du Pas-de-Calais, des Alpes-Maritimes, du Var, de l’Yonne, de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône et du Rhône, avec un ratio légèrement supérieur à 4 faits pour 1 000 habitants, affichent les ratios les plus élevés. Les départements des Deux-Sèvres, de la Haute-Loire et de l’Aveyron sont les moins concernés par les coups et blessures volontaires avec un ratio inférieur à 2 faits pour 1 000 habitants. Mais neuf dixièmes des départements affichent un ratio compris entre 2 et 4 faits pour 1 000 habitants. La répartition de ces atteintes à la personne au sein des départements est relativement proche de la répartition de la population.
Les délits de coups et blessures volontaires se déroulent plutôt dans un environnement urbain : ils concernent davantage les grandes agglomérations de plus de 50 000 habitants (hors parisienne), où ont été recensées 4,3 victimes en moyenne pour 1 000 habitants en 2015, contre 3,0 en moyenne dans les unités urbaines petites et intermédiaires, et 1,5 dans les communes rurales. De plus, ces infractions s’observent davantage dans les villes-centres des agglomérations (4,8 victimes en moyenne pour 1 000 habitants) que dans les banlieues (3,2 victimes pour 1 000 habitants).
Cependant, les écarts que l’on constate entre villes et campagne sont moins élevés que dans les violences liées à des vols.
Source : SSMSI – Base des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie. Insee - Données locales. France métropolitaine.
Note de lecture : en 2015, 4,3 faits de coups et blessures volontaires pour 1 000 habitants ont lieu dans les grandes agglomérations (hors parisienne), et 4,1 dans l’agglomération parisienne.
La carte de France métropolitaine ci-dessous est le résultat d’un lissage spatial des densités des communes pour l’indicateur des coups et blessures volontaires pour 1 000 habitants1. Le Nord de la France jusqu’au sud de la région parisienne est fortement concerné par ces violences. L’Ouest, le Sud sur sa partie occidentale et le Centre sont moins touchés que le reste de la France.
1 Le lissage consiste à s’affranchir des limites communales, en répartissant l’information des communes dans des cercles centrés sur leur chef-lieu et de rayon fixe choisi par le cartographe (ici 15 km, un rayon standard). Le cartographe choisit le rayon en fonction de la précision qu’il souhaite afficher sur sa carte. Plus le rayon est important plus la carte sera lissée et fera apparaître les effets structurels géographiques ; au contraire un faible rayon de lissage conservera les rugosités et davantage de bruit aléatoire.
Source : SSMSI - Base des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie. Insee - Données locales.
L’enquête « Cadre de Vie et Sécurité » est une enquête auprès de l’ensemble de la population réalisée chaque année depuis 2007 par l’Insee et portant sur les atteintes aux possessions des ménages et les violences subies par les individus (cf. Interstats Méthode N° 1 ). L’atteinte la plus proche des coups et blessures volontaires enregistrés par les forces de sécurité est celle de violence physique, caractérisée par des gifles, coups, blessures, et autres violences à l’exclusion des violences à caractère sexuel et des violences commises à l’occasion de vols (que l’enquête mesure par ailleurs).
Ainsi, en moyenne chaque année depuis cinq ans, près de 900 000 individus âgés de 18 à 75 ans se déclarent victimes de violences physiques à l’intérieur ou à l’extérieur du ménage, soit 2,1% de la part de la population à ces âges. En outre 80 000 jeunes de 15 à 17 ans sont victimes de violences physiques hors ménage, soit 3% de cette classe d’âge, et moins d’1% des personnes de plus de 75 ans (l’enquête ne fournit pas le pendant intra ménage pour ces deux tranches d’âge).
L’enquête nous apprend également que les victimes de violences physiques sont beaucoup plus nombreuses que celles qui se signalent à la police ou à la gendarmerie. Sans évolution majeure depuis cinq ans, environ deux tiers des victimes renoncent à se déplacer en commissariat de police ou brigade de gendarmerie pour ces atteintes lorsqu’elles ont eu lieu hors ménage. Sur cette période, moins de 10% des victimes de violences physiques subies au sein du ménage font cette démarche.
En revanche, l’enquête ne permet pas de conclure à une évolution de ce type de victimation : étant donné la précision que l’on peut avoir sur les résultats de l’enquête au vu du nombre de victimes interrogées pour ce type d’atteintes, les violences physiques semblent stables depuis dix ans. La hausse en 2014 et 2015 constatée dans les données enregistrées par les forces de sécurité peut ainsi aussi bien refléter une réelle augmentation du phénomène qu’une meilleure déclaration des atteintes subies par les victimes à la police et à la gendarmerie. De fait, l’évolution des coups et blessures enregistrés est plus nette en zone couverte par la gendarmerie nationale, moins urbaine, incluant l’espace rural, qu’en zone couverte par la police nationale, ce qui pourrait suggérer un amoindrissement éventuel de la difficulté de dénonciation des atteintes dans ces lieux, hypothèse qui reste à approfondir.