Séance de questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée nationale - Brice Hortefeux : "Plus exposées, les femmes méritent d'être mieux protégées"

27 janvier 2011

Lors de la séance de questions d'actualité au gouvernement du mercredi 26 janvier 2011 à l'Assemblée nationale, Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration a répondu à une question de la député de la Vienne, Catherine Coutelle, sur les violences faites aux femmes.


Catherine Coutelle, députée SRC (Vienne)

J'associe à ma question Aurélie Filippetti et Pascale Crozon, je suis désolée, j'ai la voix un peu couverte. En 2010, Monsieur le Premier ministre, vous avez déclaré la lutte contre les violences faites aux femmes comme grande cause nationale. Aussi, en ce début 2011, on attendait avec une certaine impatience les statistiques de la sécurité pour juger des résultats. Ils viennent d'être présentés à la presse. Le verdict de l'Observatoire national de la délinquance est sans appel : non seulement, les violences contre les personnes ont augmenté, mais surtout, les violences contre les femmes dans l'espace public ont bondi de 13%, 50.000 femmes ont été victimes de ces violences, 10.000 femmes ont encore subi un viol en 2010 en France.

Le président de l'Observatoire national de la délinquance souligne que c'est le point le plus grave, et qu'il va falloir le traiter en priorité. Il est rejoint par l'Observatoire de la parité, qui précise que le sentiment d'insécurité des femmes au domicile comme à l'extérieur est très fort. Car à ces violences de l'espace public, il faut ajouter les violences conjugales dont sont toujours victimes quatre millions de Françaises, et une femme meurt encore tous les trois jours dans notre pays sous les coups de son compagnon. Alors pourquoi lors de sa conférence de presse, le ministre de l'Intérieur est-il resté complètement muet sur ce point ? Et pourtant, ces résultats dramatiques ne sont pas une fatalité ; le gouvernement espagnol qui a pris ce sujet à bras-le- corps a diminué de moitié les violences contre les femmes en cinq ans.

A contrario, nos chiffres sont un vrai échec. Vous n'avez mobilisé ni les moyens financiers, ni les moyens pédagogiques attendus par les associations qui espéraient tant de cette grande cause nationale. Donc la grande cause sur la solitude, on peut en douter. La loi sur les violences faites aux femmes, adoptée à l'unanimité, n'a pas suffi, les femmes attendront longtemps d'être votre priorité, et les femmes continueront à être victimes, victimes de votre silence, victimes de votre indifférence.
 

Brice HORTEFEUX, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés, Madame la députée Catherine Coutelle.

Vous évoquez les statistiques de l'Observatoire de la délinquance, ça veut dire que vous leur accordez du crédit, vous avez parfaitement raison, parce que le premier message de cet observatoire, c'est que cette année, la délinquance globale a diminué, et diminué nettement, dans notre pas. Deuxième réflexion, vous avez raison, il est aussi évoqué les violences aux personnes, et parmi ces violences aux personnes, celles qui sont faites aux femmes, c'est incontestablement un défi à relever. Il faut distinguer deux types de situations, deux types de situations, le premier, ce sont les violences crapuleuses qui concernent plus particulièrement les femmes, généralement, consécutives à des vols, et parfois, des vols avec violence.

Face à cela, les forces de sécurité sont naturellement mobilisées, tout est mis en œuvre pour identifier, pour interpeller, pour livrer à l'autorité judiciaire, c'est un combat extrêmement difficile, mais c'est un combat prioritaire. Et puis, il y a une deuxième catégorie de violences, ce sont les violences intrafamiliales qui – je le rappelle – sur une année, ont entraîné le meurtre de 165 personnes dont 140 femmes.

Heureusement, le mur du silence – grâce à certainement une action collective – est aujourd'hui tombé, et cela suppose naturellement que face à ces situations, il y ait une réponse de l'Etat. Et cette réponse de l'Etat, elle existe, cela passe par la mise en place de dispositifs concrets, comme les brigades de protection de la famille, il y en a 218, cela passe par les correspondants départementaux d'aide aux victimes, par des psychologues, au total, il y a aujourd'hui dans notre pays 1.162 agents spécialisés, qui ont ainsi accompagné 28.000 femmes victimes. Et donc c'est une réponse très concrète. Alors, avec Roselyne Bachelot, qui présentera début février un plan, nous avançons avec une conviction simple, plus attaquées, plus effectivement exposées, les femmes méritent d'être mieux protégées.