« Il faut arrêter d'opposer la ville et la campagne »

6 avril 2018

Interview de Madame J. Gourault, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’Intérieur, accordée au journal le Progrès du 6 avril 2018


L'intervention de Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur est très attendue, aujourd'hui, vendredi 6 avril, par les maires du département réunis en assemblée générale à Montmorot.

Maire de La Chaussée-Saint-Victor durant 25 ans et sénatrice de Loir-et-Cher de 2001 à 2017, Jacqueline Gourault a hérité depuis juin dernier du poste totalement inédit de « ministre auprès du ministre de l'Intérieur » au sein du gouvernement Philippe. L'élue Modem est en fait plus particulièrement chargée du dossier « Corse » et des relations avec les collectivités locales qu'elle cultive en multipliant les déplacements sur le terrain. Elle est, ce vendredi 6 avril à Montmorot, l'invitée de marque de l'assemblée générale de l'Association des maires du Jura (AMJ).

Jacqueline Gourault, comprenez-vous le blues actuel du monde rural qui a le sentiment d'être incompris et abandonné par Paris ?

« Je suis moi aussi issue de la ruralité mais j'ai toujours combattu cette opposition entre la ville et la campagne. Chacun a besoin de l'autre pour vivre. Il faut arrêter avec ça parce que ça finit par faire des dégâts. Que certains fassent leur beurre sur ce thème-là, je ne trouve pas ça raisonnable. Ce gouvernement n'est pas déconnecté des problématiques de la ruralité. Moi comme d'autres sommes là pour les rappeler. »

La hausse du prix du gazole, la limitation à 80 km/h sont assimilées à des mesures anti-ruralité...

« L'alignement du prix du gazole sur celui de l'essence, c'est une mesure écologique de bon sens. Comme le passage à 80 km/h au lieu de 90 sur les routes départementales au 1er juillet d'ailleurs puisque c'est sur ces axes qu'il y a le plus de blessés et de tués. Il faut faire quelque chose et là encore, je trouve honteux d'exploiter le sujet à des fins politiciennes. »

Les maires s'inquiètent aussi de la façon dont l'État va compenser la suppression de la taxe d'habitation sur la durée. Comment les rassurer ?

« La suppression va s'étaler sur 3 ans et dans 3 ans, la réforme fiscale en cours va permettre de dégager de nouvelles ressources pour les communes. Elles ne seront pas perdantes, c'est un engagement qui a été pris au plus haut sommet de l'État et il faudrait être fou pour ne pas le tenir. J'ajoute qu'il s'agit d'un dégrèvement, c'est-à-dire que l'État prend la place du contribuable. Mais, ça restera une recette dynamique actualisée, année après année, en fonction de l'évolution démographique et des bases locatives de la commune. »

La fin des contrats aidés (CAE) a également été mal vécue par les maires...

« Le gouvernement précédent avait déjà commencé à réduire la voilure entre 2016 et 2017. Quand nous sommes arrivés, nous avons constaté que le résultat n'était pas satisfaisant pour ces CAE et nous avons souhaité faire porter notre effort sur la formation et l'apprentissage. Mais les contrats aidés existent toujours. Ils sont désormais transformés en PEC (Parcours emploi compétence) et davantage ciblés sur l'urgence sanitaire et sociale, les territoires ruraux, les quartiers et l'outre-mer. 320 000 ont été financés en 2017 et il y en aura encore 200 000 cette année. Dans le Jura, l'enveloppe est de 549 pour 2018 mais pour l'instant seulement 95 ont été finalisés : il y a encore de la marge ! »

Le gouvernement annonce une baisse de 30 % du nombre de parlementaires en 2022. Comment garantir que cette réforme ne se fasse pas au détriment de la représentation de la ruralité ?

« Tout simplement parce que c'est la constitution qui fixe les règles notamment en précisant qu'à l'intérieur d'un même département, la population d'une circonscription ne doit pas s'écarter de plus ou moins 20 % de la population moyenne des circonscriptions de ce départementdans un sens ou dans l'autre. Cela permet de cadrer les choses. »

Propos recueillis par Stéphane Cléau