Remise de médailles aux fonctionnaires de police qui sont intervenus lors de l’attentat de Saint-Etienne du Rouvray

Remise de médailles aux fonctionnaires de police qui sont intervenus lors de l’attentat de Saint-Etienne du Rouvray
26 juillet 2017

Ces policiers de la brigade de recherche et d’intervention et colonne d’assaut ont reçu la médaille de la sécurité intérieure.


Allocution de M. Gérard COLLOMB, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, lors de la remise de médailles de la Sécurité Intérieure aux fonctionnaires de police (Brigade de recherche et d’intervention et colonne d’assaut) qui sont intervenus lors de l’attentat du 26 juillet 2016 en l’Église de Saint-Étienne du Rouvray.

--- Seul le prononcé fait foi ---

Monsieur le Ministre,

Madame la Préfète de région,

Mesdames et messieurs les Parlementaires,

Monsieur le Maire,

Mesdames et Messieurs,

J’étais il y a quelques instants avec le Président de la République, le Premier ministre, ainsi que l’ensemble du gouvernement, à Saint-Etienne du Rouvray, devant cette église où, il y a un an, deux terroristes ont lâchement assassiné Jacques Hamel, le prêtre auxiliaire de la commune, dans l’exercice de son sacerdoce.

Ce crime abominable a bouleversé le monde entier.

Sur tous les continents, on a salué la mémoire de celui que ses paroissiens appelaient affectueusement « le père Jacques ». Jusqu’au Vatican, on a rendu hommage à ce prêtre que le pape Français lui-même qualifia « d’homme bon, d’homme doux, qui cherchait partout à transmettre la paix ».

Je veux souligner que cette tuerie aurait pu être plus meurtrière encore si vous, membres de nos forces de sécurité intérieure, n’étiez pas intervenus très rapidement.

Alertés par une des fidèles assistant à la messe, vous êtes en effet arrivés sur site en quelques minutes seulement. Immédiatement, vous avez mis hors d’état de nuire les deux terroristes, permettant à trois personnes retenues en otage de sortir saines et sauves. La célérité dont vous avez fait preuve permit de sauver Guy TAPONET, grièvement blessé par les assaillants, qui put être pris en charge à temps par les services de secours.

Si nous sommes réunis ce midi, c’est pour saluer votre dévouement, vous qui ce jour-là êtes intervenus avec un courage qui force le respect.

Car il faut rappeler les conditions de votre intervention.

Quand vous vous êtes présentés à la porte de l’église Saint-Étienne, vous ne saviez pas ce que vous trouveriez. On évoquait des hommes lourdement armés. On parlait de personnes sauvagement tuées. Certains d’entre-vous, arrivés les premiers, ont donc repéré puis sécurisé l’ensemble du site, sans que l’on mesure l’ampleur du danger. D’autres ont participé directement à l’assaut dans une coordination exemplaire entre la BRI de la police judiciaire et la BAC du commissariat de Rouen. D’autres encore – et je pense aux services de secours – sont intervenus avec un professionnalisme hors pair, opérant les bons gestes pour la victime.

Tous, vous avez pris des risques importants pour protéger et finalement sauver ce qu’il y a de plus précieux : la vie d’un homme. Soyez-sûrs de la reconnaissance de toute la Nation.

Mesdames et Messieurs,

Votre vaillance mérite d’être saluée, la bravoure dont vous avez fait preuve d’être soulignée. Mais elles nous obligent aussi. Elles nous obligent à continuer à nous mobiliser pleinement pour protéger les Français de nouveaux actes terroristes. Car vous le savez, la menace à ce jour reste très élevée.

On pourrait croire que le recul de Daesh sur le front irako-syrien pourrait à elle seule annihiler la capacité d’action des réseaux terroristes. Chacun a pu mesurer qu’il n’en était rien.

Des attentats ont continué en effet à frapper l’Europe, on l’a vu à Manchester, à Londres, on l’a constaté sur notre sol, avec le meurtre le 20 avril dernier sur les Champs-Elysées d’un des vôtres, Xavier JUGELE, avec la tentative d’attentat sur les mêmes Champs Elysées contre des gendarmes mobiles.

Car aujourd’hui à la menace exogène tend à se substituer une menace endogène plus diffuse mais tout aussi dangereuse, avec des individus qui, en quelques semaines se radicalisent et passent à l’acte sans qu’ils ne soient porteurs de signes précurseurs.

Une telle situation doit nous amener à continuer à renforcer nos services de renseignement, car ils sont indispensables pour déceler ces « signaux faibles » par lesquels on peut détecter un individu en voie de radicalisation et susceptible de passer à l’acte.

Et c’est pour cela que, au cours de ces trois dernières années, les effectifs de la DGSI sont passés de 3 300 à 4 480 personnes et ceux du Renseignement Territorial, ont augmenté de 650 unités. Le Président de la République et le Premier ministre ont décidé de faire plus encore : c’est à nouveau près de 2 000 personnes qui seront recrutées dans les services de renseignement au cours du quinquennat.

Il faut renforcer nos effectifs, il faut aussi progresser en matière d’organisation. C’est pour cela que le Président a souhaité installer auprès de lui une coordination nationale du renseignement et de la lutte anti-terroriste dirigée par Pierre BOUSQUET DE FLORIAN.

C’est pour cela qu’au Ministère de l’Intérieur, l’UCLAT (Unité de Coordination de la Lutte antiterroriste) et l’EMOPT (État-major opérationnel de prévention du terrorisme) seront bientôt fusionnés.

Parce que la menace est élevée, nous avons décidé de prolonger L’état d’urgence jusqu’au 1er novembre, le temps d’introduire dans la loi des mesures dont nous pensons qu’elles sont indispensables à notre sécurité.

Ce projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte anti-terroriste qui vient d’être adopté en première lecture au Sénat. Il aura un double but : préserver les libertés individuelles parce qu’on ne peut rester toujours en État d’urgence, mais ne pas baisser la garde, donner à nos forces de sécurité les moyens d’agir et de protéger les Français, de vous protéger aussi vous, qui vous trouvez si souvent en première ligne et d’abord quand survient le pire.

Le combat que nous menons est un combat pour la sécurité, il est aussi un combat pour nos valeurs. Celles qu’explicite la devise de notre République, les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Ces valeurs, il faut leur donner une traduction concrète dans tous nos territoires. Et c’est là le sens de l’action qu’entend mener le gouvernement.

Une action pour nous sortir de cette crise sans fin que nous connaissons.

Une action pour redonner espérance et confiance aux Français.

Une action pour que les enfants de France ne doutent jamais de la République et ne puissent plus, au travers d’Internet et des réseaux sociaux, être contaminés par cette idéologie de haine, cette volonté de frapper notre pays que Daesh véhicule dans des appels qui ramènent notre société vers une barbarie qu’on croyait à jamais révolue. Oui, je crois que l’action publique doit redonner du sens, redonner des perspectives. Et c’est ce que vous avez fait ce jour du 26 juillet 2016.

C’est pour cela qu’aujourd’hui je vais vous remettre ces médailles de la Sécurité intérieure. Elles signaleront qu’au moment où le danger était insigne, vous vous êtes engagés sans jamais douter.

Notre pays, nos concitoyens ont besoin de modèles, de figures mobilisatrices. Vous avez été de ceux-là.

Par le courage dont vous avez fait preuve, par votre dévouement, vous êtes devenus des exemples. Vous avez en effet donné à voir ce qu’est le sens du devoir.

Mesdames et Messieurs,

Quand les crimes les plus abominables surviennent, quand la haine la plus aveugle se répand, quand la nuit se fait noire, il est toujours une lueur qui, dans l’obscurité, indique un chemin.

Il y a un an, vous étiez cette lueur. Oui, alors que pour la première fois depuis deux siècles, on assassinait, dans notre pays, un prêtre dans l’exercice de son sacerdoce, vous avez été cette lumière qui indique que l’espoir ne meurt jamais.

C’est le poète René CHAR qui écrit que, quelquefois, le réel ne semble laisser aucune place à l’espérance. Et d’ajouter qu’alors – je cite : « contre tout attente, l’espérance survit ».

Merci, vous qui incarnez, par votre uniforme, par votre profession, notre République, d’avoir fait surgir, le 26 juillet dernier, en ce jour sombre, une espérance.

Vivent nos forces de sécurité !

Vive la République !

Vive la France !