Discours du ministre d’État, ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Ministre, Porte-parole du gouvernement, cher Benjamin GRIVEAUX, Madame la Sénatrice,
Monsieur le Préfet de police de Paris,
Monsieur le Préfet, Directeur Général de la Police nationale,
Madame l’Adjointe à la Maire de Paris,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP), Madame la Commissaire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
C’est évidemment un moment attendu que nous partageons cet après-midi. Car depuis l’incendie accidentel de ce bâtiment il y a tout juste six ans, le 13e arrondissement ne disposait plus de commissariat de Police digne de ce nom.
Certes, après la catastrophe, la Préfecture de police avait rapidement pris les choses en main, en mettant en place des préfabriqués, à la fois pour installer les forces et accueillir le public.
Mais cette solution temporaire n’était satisfaisante ni pour les policiers – qui devaient composer avec des bureaux exigus, ni pour les victimes – dont les démarches étaient évidemment plus difficiles dans un tel cadre. La livraison de ce commissariat rénové était donc très attendue. Et je crois qu’aujourd’hui, le résultat est à la hauteur de tous les espoirs.
L’extérieur d’abord constitue une vraie réussite esthétique, avec notamment cette façade en aluminium conçue par l’agence Explorations architectures (que je connais bien puisqu’elle a signé à Lyon un pont sur la Saône, le pont Schumann), qui donne une certaine légèreté à l’ensemble. Le bâtiment s’intègrera donc parfaitement dans le projet urbain que vous portez, Monsieur le Maire, et qui vise à réhabiliter un certain nombre d’espaces publics, dont la place d’Italie.
Quant à l’intérieur du bâtiment, que nous venons de visiter, il offre toutes les prestations que l’on peut attendre d’un commissariat moderne.
Avec des espaces de travail fonctionnels, des salles d’accueil adaptées pour les victimes des cellules de garde, avec un centre de supervision radio doté des dernières technologies mais aussi une liaison vidéo sécurisée avec le Palais de Justice qui permet d’éviter de nombreux déplacements.
Vous me l’avez confié au cours des échanges que nous avons eu à l’occasion du déjeuner : pouvoir bénéficier de tels équipements est pour vous un atout essentiel dans l’exercice de vos missions. J’en suis pleinement conscient. Oui, nos forces de sécurité intérieure doivent pouvoir travailler dans des conditions optimales. C’est pour cela qu’il y a quelques semaines j’ai lancé depuis l’hôtel de police voisin du XIVe arrondissement une programmation immobilière ambitieuse pour la police et pour la gendarmerie. Dans les trois ans à venir, 900 millions d’euros seront ainsi investis à la fois pour créer de nouveaux commissariats et pour mener des opérations de rénovation, de maintenance lourde dans les lieux où cela est le plus urgent.
Je tiens beaucoup à ce programme. Car l’Etat doit à ses policiers, à ses gendarmes, des équipements immobiliers à la hauteur de l’engagement et du dévouement dont ils font preuve.
***
Mesdames et Messieurs,
Si je tenais à venir inaugurer ce commissariat c’est par amitié pour le Maire Jérôme COUMET que je connais depuis longtemps.
C’est bien sûr pour vous témoigner à vous, policiers du 13e arrondissement tout mon soutien et ma reconnaissance pour l’action que vous menez tous les jours. Et je sais que vous avez récemment obtenu des résultats significatifs avec, depuis le début de l’année, une baisse de 5% des atteintes aux biens, une baisse de 7% des atteintes aux personnes et l’élucidation de belles affaires comme l’arrestation récente, aux abords de l’Université Tolbiac, d’individus confectionnant des objets incendiaires.
Je tenais à venir également pour vous dire qu’au-delà de ces nouveaux locaux, votre vie professionnelle va évoluer positivement dans les mois et les années à venir.
Vous le savez, j’ai lancé il y a maintenant deux mois, conformément à l’engagement pris par le Président de la République, le beau et grand projet de la Police de Sécurité du Quotidien.
Son objectif est clair : il s’agit de faciliter votre travail à vous, policiers de terrain, qui agissez dans nos villes pour maintenir la paix et l’ordre publics, prévenir et réprimer la délinquance et les incivilités.
Pour atteindre ce but et faire en sorte que cette réforme soit véritablement utile, nous avons fait le choix de partir de vos attentes. Vous avez ainsi tous reçu un questionnaire auquel 70 000 d’entre-vous ont répondu. Je me suis aussi beaucoup déplacé partout en France, pour rencontrer et dialoguer avec les policiers, les gendarmes, recueillir à la fois leurs craintes et leurs aspirations. C’est, Mesdames et Messieurs, à partir de là, que nous avons conçu la Police de Sécurité du Quotidien. Non pas en développant de grandes théories qui ont bien souvent peu d’effets quand elles se confrontent au terrain. Mais en partant de la réalité concrète, celle que, comme policiers, vous vivez dans les quartiers de nos agglomérations.
Nous voulons d’abord – c’est notre premier axe d’action – davantage de policiers présents sur la voie publique.
Cela passe par le recrutement de nouveaux personnels – et je veux redire ici que 10 000 policiers et gendarmes seront recrutés sur le quinquennat, ce qui signifie que, dans les cinq ans à venir, il y aura dans le 13e arrondissement comme dans la plupart des commissariats de France, des renforts. Cela passe par la suppression d’un certain nombre de tâches indues qui aujourd’hui vous détournent de votre cœur de métiers.
Oui, nous mettrons fin aux gardes statiques de certains bâtiments administratifs.
Oui, nous mettrons fin aussi au dispositif actuel des procurations électorales établies par les policiers et les gendarmes.
Nous portons aussi – et c’est là votre principale attente – une réforme particulièrement ambitieuse de la procédure pénale qui permettra, dans les années à venir, d’en finir avec le papier avec la dématérialisation totale des enquêtes.
Terminées, également, les formalités chronophages comme l’obligation de présenter à un magistrat un gardé à vue après 24 heures.
Vos moyens d’enquête et d’action seront par ailleurs accrus puisqu’il vous sera possible de pénétrer dans un lieu privé en vue d’une interpellation ou encore de forfaitiser la répression de certains délits, ce qui, dans cet arrondissement marqué par la prégnance des ventes à la sauvette, constituera, je le sais, une réelle avancée.
Second axe d’action : nous voulons une police mieux équipée.
J’ai évoqué à l’instant la question immobilière, et je souhaite effectivement que tous les commissariats de France puissent bénéficier des prestations et de la qualité architecturale de l’édifice que nous inaugurons aujourd’hui. Mais l’équipement, c’est également bien sûr les véhicules, les dispositifs de protection individuels et collectifs, les moyens de communication, les armes.
Sur cette question aussi, malgré le contexte budgétaire tendu, le Gouvernement a décidé de fournir un effort important. 15 000 véhicules neufs seront ainsi acquis durant le quinquennat avec une montée en gamme du parc, 30 000 gilets pare-balles seront achetés ainsi que plusieurs milliers d’armes à impulsions électriques. De telles dotations vont là encore changer votre quotidien – et je pense en particulier à ceux d’entre- vous qui intervenez dans des conditions parfois dangereuses pour mettre fin à des affrontements entre bandes rivales.
Je dis souvent qu’une police respectée, c’est d’abord une police bien équipée. Voilà pourquoi, là aussi, je tiens tout particulièrement à ces investissements.
Votre quotidien change et va changer également parce que – c’est notre troisième axe d’action – nous sommes en train d’engager pour nos forces de sécurité, la révolution numérique.
La délinquance d’aujourd’hui est de plus en plus connectée, cyber, et vous le savez bien dans cet arrondissement marqué par une délinquance astucieuse forte et en particulier par des fraudes à la carte bancaire.
La police aussi doit donc se digitaliser.
Se digitaliser en se dotant de tablettes et de smartphones qui facilitent votre travail – nous en avons déployé une centaine dans cet arrondissement et vous mesurez tous les jours combien cela peut vous faire gagner un temps précieux, par exemple lorsque vous procédez à des contrôles d’identité.
La police doit se digitaliser aussi en utilisant toutes les potentialités offertes par les caméras-piéton, qui permettent une relation plus apaisée entre police et population : 10 000 seront acquises dans les mois à venir, dont certains viendront équiper ce commissariat.
La police doit se digitaliser en tirant parti de la révolution numérique pour permettre à une partie de la procédure de se dérouler en ligne, et c’est en ce sens que nous ferons évoluer le dispositif de la pré-plainte en ligne vers un dispositif de plainte en ligne pour certains délits qui permettront de désengorger les files d’attente des commissariats. La police de demain sera donc connectée.
Elle sera aussi – et c’est là, notre quatrième axe d’action - sur-mesure.
Ceux d’entre-vous qui ont déjà exercé des fonctions dans d’autres commissariats le savent bien : la réalité de la délinquance n’est pas la même selon que l’on se trouve dans une ville moyenne, dans une grande métropole, ou même entre deux arrondissements de la capitale. Pour s’adapter à cette diversité, notre pari est de donner davantage de latitude aux acteurs de terrain. Aussi, dès cette année, les chefs locaux de la police disposent-ils d’enveloppes immobilières déconcentrées (45 millions d’euros au total) leur permettant de réaliser les travaux de maintenance les plus urgents.
Autre innovation majeure : nous avons décidé de sortir de la politique du chiffre et du reporting permanent. A chaque commissaire, la charge de réaliser un diagnostic local du crime et de la délinquance dans sa circonscription, de définir ensuite une stratégie – et je sais que c’est déjà le cas dans cet arrondissements puisque, par exemple, une action spécifique est mise en œuvre pour sécuriser les quais de Seine. Ce n’est que par la suite, dans deux ou trois ans, que nous évaluerons les résultats, y compris en mettant en place des enquêtes auprès des populations concernées.
Liberté et responsabilité pour les acteurs locaux : tels sont les principes qui nous guident dans le cadre de la Police de Sécurité du Quotidien. Car nous avons pleine confiance en la capacité d’innovation des policiers de terrain.
Enfin, nous voulons que la police de demain soit plus partenariale.
La sécurité aujourd’hui est de plus en plus une co-production. Qui implique les forces nationales bien sûr. Mais aussi les élus et leurs polices municipales, les conseils de quartier, les acteurs de la sécurité privée, les associations, nos concitoyens. Nous souhaitons donc inculquer dans les territoires une culture du faire ensemble en matière de sécurité. Je sais qu’ici, dans le 13ème arrondissement, celle-ci est déjà à l’œuvre.
Que vous travaillez avec la Mairie, les associations au sein d’une cellule de veille.
Que vous travaillez avec les comités de quartier dans le cadre d’un Conseil de Sécurité et de Prévention de la Délinquance d’Arrondissement (CSPDA).
Que vous avez noué un partenariat fort avec l’association entreprise 13 pour lutter contre les infractions et délits dont sont victimes certains établissements.
Toutes ces initiatives sont, Madame le Commissaire, Monsieur le Maire, tout à fait exemplaires.
Et si je suis venu cet après-midi, c’est aussi pour les valoriser, pour que les réussites du 13e arrondissement puissent servir de modèles à d’autres territoires à travers le pays.
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Mesdames et Messieurs,
J’étais il y a tout juste une semaine avec le Président de la République sur les Champs-Elysées pour rendre hommage au Capitaine Xavier JUGELE, tombé il y a un an, sous les balles des terroristes. De telles cérémonies nous rappellent combien votre mission est porteuse de risque.
Oui, pour protéger les Français, vous prenez tous les risques. Aussi, je veux saisir l’occasion qui m’est donnée cet après-midi pour vous réaffirmer le soutien de la Nation toute entière. Au moment où, sur les réseaux sociaux, dans certains médias, l’action des policiers, des gendarmes, est parfois mise en cause de manière injuste, voire mensongère, sachez que l’État sera toujours à vos côtés. Vous êtes les sentinelles de notre République.
Celles et ceux qui permettent que s’applique partout l’État de droit, celui qui protège les plus faibles, celui qui fait que notre société peut se tenir unie.
Vous pouvez donc être fiers d’exercer ce métier, fiers d’être membres de cette Police républicaine qui fait que la France est forte et résiliente.
Vive la Préfecture de police ! Vive la Police nationale ! Vive la République !
Et vive la France !
Je vous remercie.