Discours de M. Gérard COLLOMB, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, prononcés le 14 juin 2017 aux commissariats des Mureaux et de Mantes-la-Jolie, à l'occasion de la cérémonie d’hommage à Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER.
Discours prononcé au commissariat des Mureaux.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député,
Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des forces de sécurité,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités judiciaires,
Mesdames et Messieurs les représentants des services d’incendie et de secours,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis cet après-midi pour rendre hommage à vos collègues, JeanBaptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER, lâchement assassinés le 13 juin 2016, dans leur résidence de la commune de Magnanville.
C’était il y un an, quasiment jour pour jour.
Et la douleur reste immense pour chacun de nous.
Il était 20 heures.
Comme chaque soir, Jean-Baptiste SALVAING rentrait d’une longue journée passée avec ses collègues de la Sûreté urbaine au Commissariat des Mureaux.
C’était une journée de travail habituelle, durant laquelle le commissaire SALVAING n’avait pas ménagé sa peine pour faire avancer ses enquêtes, pour assurer la protection de ses concitoyens.
Une journée de travail, une journée de passion, car pour Jean-Baptiste SALVAING, policier était plus qu'un métier, c'était une vocation.
Comme chaque soir donc, il tardait à Jean-Baptiste de retrouver sa compagne, Jessica, adjointe administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie ainsi que leur petit garçon de trois ans, Mathieu, qui attendait son papa avec impatience en ce lundi de printemps.
Par cet assassinat odieux, la haine aveugle d’un terroriste se revendiquant de Daesh en décida autrement.
L’enquête diligentée par le Parquet anti-terroriste de Paris montra rapidement que ce crime avait été minutieusement préparé, consciencieusement prémédité.
Elle montra que si le terroriste avait choisi de cibler Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER, c’est parce qu’ils portaient l’uniforme, parce qu’ils étaient policiers, parce qu’ils avaient choisi de consacrer leur vie à protéger celle
des autres.
C’est tout le pays qui fut bouleversé.
Mais ici, dans le commissariat des Mureaux, ce fut un choc infini.
D’abord, parce que Jean-Baptiste était apprécié de vous tous.
C’était un policier talentueux et audacieux qui, dans sa trop courte carrière, avait reçu deux médailles de courage, l’une pour son attitude exemplaire durant les émeutes de 2005, l’autre pour avoir sauvé une jeune femme agressée par un malfaiteur, alors même qu’il ne se trouvait pas en service.
Pour beaucoup d’entre vous, plus qu'un collègue, il était un ami qui, membre actif de l’amicale du commissariat, engagé dans des responsabilités syndicales, avait à cœur de toujours entretenir la cohésion des équipes soumises à un rythme de travail effréné. Il savait organiser un barbecue quand le moral des troupes venait à baisser.
Je sais combien aujourd’hui il vous manque.
Cet épisode tragique vous l’avez d’autant plus ressenti qu’immédiatement, vous avez su qu’il allait à jamais changer vos vies.
Bien sûr, chacun mesurait déjà le risque inhérent à votre métier, un risque renforcé par la menace terroriste, après les tueries perpétrées contre Franck BRINSOLARO, Ahmed MERABET et Clarissa JEAN-PHILIPPE, lors des attentats de janvier 2015.
Mais, avec Magnanville, c’est un nouveau palier dans l’horreur qui était franchi.
Car ce n’était plus pendant leur temps de fonction que des policiers ou des gendarmes étaient attaqués.
Non, cette fois, des policiers étaient attaqués pour ce qu’ils étaient, en dehors de leurs heures de service.
Jusque dans leur cercle familial. Jusque dans la sphère de l’intime.
Beaucoup d’entre-vous ont souligné que depuis cette funeste soirée, ils avaient peur, peur pour leur famille, peur pour leur proches.
Beaucoup répètent que désormais, ils se retournent sur leur chemin quand ils rentrent le soir en civil.
Oui, pour tous les policiers et gendarmes de France, il y a eu un avant et un après Magnanville.
Mesdames et Messieurs,
Un an après, si nous sommes réunis cet après-midi, c’est pour rendre hommage à Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER, morts parce que le sens qu’ils avaient donné à leur vie était de protéger les Français, morts pour la
France.
Nous sommes là aussi, et je veux le dire avec force, pour proclamer qu’il ne faut pas qu’ils soient morts pour rien.
À la suite de ce crime abject, mon prédécesseur avait annoncé des mesures comme l’anonymisation des policiers dans les procédures judiciaires ainsi que l’autorisation de porter votre arme de service en dehors des heures de service.
Je veux dire cet après-midi qu’elles seront maintenues et, s’il le faut, accentuées.
Je veux aussi vous assurer que, Ministre de l’Intérieur, j’agirai pour que toutes les dispositions soient prises pour protéger au mieux tout à la fois nos concitoyens, et nos forces de sécurité, de la menace terroriste.
On le sait, la lutte contre le djihadisme passe par une action sur le plan extérieur.
Et je fais toute confiance au Président de la République, à nos armées, pour la mener.
Mais il nous faut agir aussi encore et encore sur le sol national. Et c’est ce qu’avec vous je veux réaliser.
Nous renforcerons et donnerons plus de pertinence encore à nos services de renseignement, pour qu’ils puissent mieux repérer tous les individus qui comme l’assassin de Jean-Baptiste et de Jessica, préméditent de passer à l’acte.
Nous maintiendrons un niveau élevé de vigilance face au terrorisme.
Et je le dis ici : j’assume et j’assumerai pleinement la décision qu’a prise le gouvernement de prolonger l’état d’urgence comme j’assume et j’assumerai la décision de porter, pour permettre une sortie sécurisée de cet état d’urgence, une loi donnant à nos services la capacité de maintenir sous surveillance les individus dont on soupçonne qu’ils puissent demain fomenter des projets d’attentats.
J’entends parfois un certain nombre de réserves.
Mais ce n’est pas seulement lors des cérémonies d’hommage aux victimes qu’il faut exprimer son émotion, sa compassion, il faut le faire en agissant préventivement pour que de nouveaux actes terroristes tels que vous en avez
connus puissent ne plus se renouveler.
Le dernier message que je veux ici délivrer, c’est de souligner ce que la Nation toute entière doit de gratitude et de reconnaissance à l’égard de ses forces de sécurité.
Nos policiers et nos gendarmes sont en effet trop souvent applaudis au lendemain des attentats, quand ils ont exposé leur vie et, comme Jean-Baptiste et Jessica l’ont quelquefois perdue.
Mais ils sont hélas trop souvent vilipendés dans leur travail au quotidien. Alors pourtant qu’il est essentiel pour assurer la tranquillité des Français.
Mon message est simple : c’est chaque jour qu’il nous faut soutenir nos forces de sécurité toutes celles et ceux qui sont prêts à payer le plus lourd des tributs pour préserver une sécurité qui est la première de nos libertés.
Mesdames et Messieurs,
Le week-end dernier, à Verneuil sur Seine, 600 policiers, parmi lesquels beaucoup d’entre-vous, ont choisi de courir en l’honneur de Jean-Baptiste et de Jessica.
Ils l’ont fait, vous l’avez fait, par fidélité à leur souvenir, par solidarité envers leurs enfants Mathieu et Hugo, pour lesquels j’ai en ce moment même une très sincère pensée, et envers l’ensemble de leurs proches.
Ils l’ont fait, vous l’avez fait aussi, pour rappeler que de tels crimes ne doivent pas se reproduire dans l’avenir.
Jean-Paul SALVAING, le père de Jean-Baptiste a participé à ces « foulées bleues ».
Il y a un an, lors des obsèques de son fils, il citait Musset en rappelant cette phrase: « il faut que les larmes du passé fécondent l’avenir ».
Puissent les larmes versées pour Jean-Baptiste et Jessica, inspirer nos actions, pour construire une société qui serait à nouveau apaisée.
Vivent nos forces de sécurité !
Vive la République !
Vive la France !
Je vous remercie.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député,
Monsieur le Président du Conseil départemental,
Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants des forces de sécurité,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités judiciaires,
Mesdames et Messieurs les représentants des services d’incendie et de secours,
Mesdames et Messieurs,
En cet après-midi où nous sommes réunis pour rendre hommage à Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER, j’arrive du commissariat des Mureaux où j’ai pu m’exprimer devant les collègues de travail de Jean-Baptiste.
Et je suis maintenant avec vous, dans ce commissariat de Mantes la Jolie, où travaillait Jessica SCHNEIDER, qu’ici chacune et chacun d’entre-vous connaissait et appréciait.
Evidemment vous avez tous encore présent à l’esprit cette journée terrible où tous deux ils perdaient la vie.
C’était il y a un an presque jour pour jour.
Comme chaque soir, Jessica attendait son compagnon Jean-Baptiste, avec leur fils Mathieu.
Mais ce soir-là, Jean-Baptiste ne franchit pas le seuil de son domicile.
Au moment où il rentrait dans le jardin, il fut assassiné par un terroriste se revendiquant de Daesh.
Un terroriste qui, après avoir commis ce crime, prit en otage Jessica, avant de la tuer froidement, sous les yeux de Mathieu, leur fils que les hommes du RAID allaient découvrir profondément traumatisé.
L’enquête diligentée par le Parquet anti-terroriste de Paris montra rapidement que ce crime avait été préparé, prémédité.
Que si le terroriste avait choisi de cibler Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER, c’est parce qu’ils portaient l’uniforme, parce qu’ils avaient choisi de consacrer leur vie à protéger celle des autres.
Ils avaient été tués parce qu’ils étaient des policiers ou travaillaient pour la police nationale.
Cette tragédie terrible choqua la France entière, elle retentit partout dans le monde.
Mais ici, dans ce commissariat de Mantes la Jolie, ce fut un bouleversement infini.
Jessica SCHNEIDER était aimée de vous tous.
Chacune et chacun d’entre-vous connaissait son sens de l’écoute et l’égale attention qu’elle accordait à tous les fonctionnaires.
Ses proches, l’ont décrite comme « un rayon de soleil ».
Mais c’était aussi une femme engagée - engagée pour la défense de la police puisqu’elle militait au sein de l’association « Marie-Christine BAILLET », du nom d’une de vos collègues tuée il y a 20 ans dans l’exercice de ses fonctions.
Je mesure combien Jessica vous manque, combien l’annonce de son assassinat fut un choc profond pour vous.
Parce que c’était une collègue et parce que vous l’aimiez.
Mais parce qu’aussi chacune et chacun prenait en même temps la mesure de ce que ce drame pouvait apporter de changement dans vos vies.
Bien sûr, quand on est policier ou gendarme, on est conscient des risques afférents à sa fonction, on sait, même si on ne s’y habitue jamais, quelle est l’ampleur du danger que l’on court.
Mais, avec Magnanville, c’était un nouveau palier qui tout d’un coup, était franchi.
Car ce n’était plus seulement des policiers en uniformes qui étaient attaqués.
C’était des femmes et des hommes, poursuivis jusque dans leur famille, jusque dans leur propre maison.
Aux Mureaux, beaucoup de vos collègues m’ont dit qu’encore aujourd’hui, ils craignaient pour eux, pour leur famille, pour leurs proches.
D’autres m’ont confié qu’ils n’étaient plus tranquilles quand ils rentraient chez eux après une longue journée de travail.
Je sais que c’est aussi votre cas, ici à Mantes-la-Jolie.
Oui, pour vous, pour tous les policiers et les gendarmes de France, il y aura à jamais un avant et un après Magnanville.
Mesdames et Messieurs,
Un an après, si nous sommes réunis cet après-midi, c’est pour rendre hommage à vos collègues, Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER.
Nous sommes là, je suis là, pour dire aussi que nous ne voulons pas qu’ils soient morts pour rien.
À la suite de ce crime abject, mon prédécesseur avait annoncé des mesures comme l’anonymisation des policiers dans les procédures judiciaires ainsi que l’autorisation de porter votre arme de service en dehors des heures de service.
Je veux dire cet après-midi qu’elles seront maintenues et, s’il le faut, accentuées.
Je veux aussi vous assurer, comme je l’ai fait tout à l’heure devant vos collègues des Mureaux que, Ministre de l’Intérieur, j’agirai pour que toutes les dispositions soient prises pour protéger au mieux nos concitoyens, et d’abord
nos forces de sécurité, de la menace terroriste.
On le sait, la lutte contre le djihadisme passe par une action sur le plan extérieur.
Et je fais toute confiance au Président de la République, à nos armées, pour la mener.
Mais il nous faut agir aussi encore et encore sur le sol national. Et c’est ce qu’avec vous je veux réaliser.
Nous renforcerons et donnerons plus de pertinence encore à nos services de renseignement, pour qu’ils puissent mieux repérer tous les individus qui comme l’assassin de Jean-Baptiste et de Jessica, préméditent de passer à l’acte.
Nous maintiendrons un niveau élevé de vigilance face au terrorisme.
Et je le dis ici : j’assume et j’assumerai pleinement la décision qu’a pris le gouvernement de prolonger l’état d’urgence comme j’assume et j’assumerai la décision de porter, pour permettre une sortie sécurisée de cet état d’urgence, une loi donnant à nos services la capacité de maintenir sous surveillance les individus dont on soupçonne qu’ils puissent demain fomenter des projets d’attentats.
J’entends parfois un certain nombre de réserves.
Mais ce n’est pas seulement lors des cérémonies d’hommage aux victimes qu’il faut exprimer son émotion, sa compassion, il faut le faire en agissant préventivement pour que de nouveaux actes terroristes tels que vous en avez
connus puissent ne plus se renouveler.
Le dernier message que je veux ici délivrer, c’est de souligner ce que la Nation toute entière doit de gratitude et de reconnaissance à l’égard de ses forces de sécurité.
Nos policiers et nos gendarmes sont en effet trop souvent applaudis au lendemain des attentats, quand ils ont exposé leur vie et, comme Jean-Baptiste et Jessica l’ont quelquefois perdue.
Mais ils sont hélas trop souvent vilipendés dans leur travail au quotidien. Alors pourtant qu’il est essentiel pour assurer la tranquillité des Français.
Mon message est simple : c’est chaque jour qu’il nous faut soutenir nos forces de sécurité toutes celles et ceux qui sont prêts à payer le plus lourd des tributs pour préserver une sécurité qui est la première de nos libertés.
Mesdames et Messieurs,
Le 13 juin 2016, en arrachant à la vie Jean-Baptiste SALVAING et Jessica SCHNEIDER, le terrorisme a attaqué la France, il s’en est pris à tous les Français.
A vous, que la Nation sait tout entière mobilisée pour que tous ensemble nous soyons dignes de leur souvenir.
Vivent nos forces de sécurité.
Vive la République !
Vive la France !
Je vous remercie.