Allocution de M. Gérard Collomb, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, à l’occasion du 60e anniversaire du Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne (PGHM) et du 30e anniversaire du Centre National d’Instruction au Ski et à l’Alpinisme de la Gendarmerie (CNISAG) - Chamonix-Mont-Blanc, le jeudi 31 mai 2018.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mon général, Directeur général de la Gendarmerie nationale,
Mesdames et Messieurs les représentants de la Suisse et de l’Italie, avec lesquels nous entretenons des coopérations exemplaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, gendarmes adjoints volontaires, personnels civils du peloton de gendarmerie de haute-montagne de Chamonix et du Centre national d’instruction au ski et à l’alpinisme de la Gendarmerie,
Chère Claudine, Cher Jean-Louis, Chère Virginie,
Chère Anne, Chère Valentine, Chère Floriane,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec une certaine émotion que je m’exprime devant vous à l’occasion des 60 ans du Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne et du 30e anniversaire du Centre National d’Instruction de Ski et d’Alpinisme de la Gendarmerie.
Une certaine émotion, car célébrer ces anniversaires, c’est d’abord se souvenir de ceux que la montagne a emporté.
C’est se souvenir des circonstances de la création du PGHM (Peloton de gendarmerie de Haute Montagne) et de l’agonie de François Henry et de Jean Vincendon, qui avaient entrepris l’ascension hivernale du Mont Blanc et qui, piégés, ne purent alors être sauvés.
C’est se souvenir des 69 gendarmes de ce peloton dont le nom est gravé caserne ANSELME et qui, depuis 1958, ont payé du plus lourd des tributs leur dévouement au service des autres. Et nous avons tous à l’esprit, le tragique crash d’hélicoptère qui, dans les Hautes-Pyrénées, coûta la vie en mars 2016, à quatre de vos camarades.
C’est se souvenir, Messieurs les membres de la promotion 2018 du brevet secouriste, de l’adjudant-chef Sébastien THOMAS qui, après un parcours exemplaire au sein du PGHM de Chamonix et du CNISAG, marqué par plusieurs actes de courage et de dévouement, perdit la vie en reconnaissance en mars 2013 emporté par une chute dans une crevasse.
Et en décidant de donner son nom à votre promotion, vous lui rendez aujourd’hui le plus beau des hommages.
Oui, célébrer ces anniversaires, c’est, d’abord, se rappeler du sacrifice de tous ces hommes.
Je mesure donc quels peuvent être les sentiments des gendarmes qui ont perdu un frère d’armes, des femmes et des enfants qui ont perdu un compagnon, qui ont perdu un père. Soyez-sûrs que cette émotion, l’ensemble du Ministère de l’Intérieur la partage avec vous en ce jour. Et si nous avons organisé tout à l’heure une belle cérémonie, sur cette mythique place du Mont-Blanc, c’est pour redire la reconnaissance de la Nation toute entière à ces héros qui ont donné leur vie pour la patrie.
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« Les montagnes – écrit le grand alpiniste Gaston REBUFFAT - ne vivent que de l'amour des hommes ».
Ces anniversaires sont aussi une occasion privilégiée pour rendre hommage à toutes celles et tous ceux qui, par leur action, par leur passion – oserai-je dire par leur amour ? - permettent à tous de profiter de la beauté de nos montagnes, et finalement les font vivre.
Il y a bien sûr, vous, les membres des PGHM.
Et je veux saluer les gendarmes-secouristes qui sont à la fois enquêteurs, alpinistes – 125 sont guides hautes montagne, secouristes donc, mais aussi athlètes de haut-niveau. Je veux saluer également les pilotes d’hélicoptères et leurs mécaniciens, qui sont capables d’agir, été comme hiver, dans des conditions toujours difficiles – par la nature escarpée du relief, souvent périlleuses – en particulier quand la météo se fait défavorable. Je tiens à souligner le rôle fondamental des médecins, dont la présence dans les hélicoptères et au sein des caravanes terrestres, permet une prise en charge médicale rapide, indispensable pour sauver un maximum de vies.
Si le PGHM de Chamonix est un des centres de secours en montagne le plus important du monde, c’est parce que chacun des corps de métiers que je viens de citer cultive l’excellence et que l’addition de ces excellences permet d’atteindre l’exceptionnel. Il y a donc les personnels des PGHM auxquels j’associe l’ensemble des instructeurs du CNISAG (Centre National d’Instruction au Ski et à l’Alpinisme de la Gendarmerie), qui leur assurent une formation au plus haut niveau.
Mais – et vous le savez bien ici, à Chamonix – le modèle de secours en montagne français ne se limite pas à ces unités d’élite.
Si chaque année, plus de 8000 opérations de sauvetage sont assurées ; si plus dix milliers de personnes sont sauvées, nous le devons en effet à une chaîne solidaire du secours en montagne. Comment ne pas saluer ici la Chamoniarde et son rôle quasi-séculaire dans la prévention et le sauvetage ?
Comment ne pas évoquer l’assemblée départementale des sociétés de secours en montagne et ses dizaines de bénévoles ?
Comment ne pas citer également l’École nationale de ski et d’alpinisme, avec laquelle le PGHM développe tant de partenariats ?
Je n’oublie pas non plus l’ensemble des acteurs publics.
Les élus des communes de montagne, si engagés partout en France.
Les CRS de montagne.
Les services d’incendie et de secours et leurs groupes montagne des sapeurs-pompiers.
Les militaires de l’Armée de Terre.
Oui, Mesdames et Messieurs, c’est bien l’ensemble de ces acteurs qui, sous l’autorité des préfets permettent à notre système de secours de se distinguer, en tout point du territoire, par sa performance.
Aussi, je veux aujourd’hui exprimer toute ma gratitude à chaque association, à chacun d’entre-vous pour votre engagement. On évoque souvent « l’esprit montagnard », ce mélange de force d’âme et de solidarité qui coule dans les veines des habitants des vallées surmontées par les monts enneigés.
Tous ici, vous l’incarnez merveilleusement, et célébrer les 60 ans du PGHM, c’est aussi vous célébrez vous, les Chamoniards ; vous qui contribuez à faire vivre la légende de ce massif du Mont-Blanc ; vous qui faites de cette ville que les Français aiment tant la capitale incontestée de l’alpinisme.
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Mon Colonel,
Mesdames et Messieurs les militaires des Pelotons de Gendarmerie de Haute Montagne et du Centre National d’Instruction de ski et d’alpinisme de la Gendarmerie,
Je tiens pour conclure, à m’adresser à vous qui êtes dépositaires de ces 60 ans d’Histoire et qui avez aujourd’hui à inventer l’avenir.
En soulignant qu’au-delà de vos missions quotidiennes, un de vos challenges dans les temps futurs, sera de faire vivre, ce savant mélange de tradition et d’innovation qui a toujours constitué la marque de fabrique du PGHM et du CNISAG. Tradition, parce que le PGHM et le CNISAG n’ont jamais cessé, depuis leur création, de cultiver l’exigence, qu’ils n’ont jamais cessé non plus de s’inscrire partout dans la société montagnarde, de tisser un lien toujours plus étroit avec les élus, les associations.
Tradition, donc. Mais en même temps innovation.
Car le PGHM et le CNISAG ont toujours su repousser les limites du possible pour sauver des vies. Ils l’ont fait en tirant parti d’une révolution technologique comme l’hélicoptère, qui permet depuis 1967 de recueillir les victimes au plus près des parois rocheuses ou en équilibre au bord des crevasses.
Ils l’ont fait aussi, en travaillant, en lien étroit avec les entreprises privées, sur leurs propres solutions de sauvetage.
On sait trop peu, par exemple, que c’est grâce à un travail minutieux sur la solidité des câbles qu’il est aujourd’hui possible de descendre en hélitreuillage jusqu’à 90 mètres et d’intervenir ainsi en tout point du massif du Mont Blanc, dans des conditions que l’on ne pouvait pas imaginer il y a encore quelques années.
On sait trop peu également que le fameux traîneau « Franco-Garda » qui constitue aujourd’hui une référence internationale a été développé ici, en lien étroit avec la société TSL.
On sait trop peu encore que l’application Gendloc, qui permet chaque année de sauver des centaines de vie a été développée par des militaires du PGHM.
Sauver des vies au quotidien sans jamais se départir d’une vision prospective, de la volonté d’inventer l’avenir : tel est ce qui fonde l’exceptionnalité du PGHM et du CNISAG. Et c’est pour cela que ces institutions sont si prestigieuses, pour cela qu’elles font la fierté de la France.
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Mesdames et Messieurs,
Merci aux PGHM et au CNISAG de permettre à chacun de bénéficier de ces spectacles extraordinaires que constituent, dans toute leur diversité, nos massifs de haute montagne.
Merci de permettre à tous ceux qui aiment la montagne de vivre pleinement leur passion.
Vivent les PGHM et le CNISAG !
Vive le secours en montagne !
Vive la République !
Et vive la France !