Allocution de M. Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, lors de la cérémonie d’hommage pour Notre-Dame de Paris et les Pompiers de Paris, le 18 avril 2019.
- Seul le prononcé fait foi -
Monsieur le secrétaire d’État,
Madame la maire,
Monsieur Bertrand Delanoë,
Monseigneur,
Mon général, commandant la brigade de sapeurs-pompiers de Paris,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et messieurs les représentants des cultes,
Mesdames et Messieurs les officiers généraux,
Officiers, sous-officiers, gradés et sapeurs de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris,
Mesdames et messieurs les représentants des forces de l’ordre,
Mesdames et messieurs,
Il était 18h50, quand l’alarme a sonné.
Cette heure était celle du drame, des larmes, des flammes.
Il était 18h50, quand l’alarme a sonné.
Pour eux, pour tous les sapeurs-pompiers de Paris, c’était l’heure du devoir. C’était l’heure du courage.
Près de 500 sapeurs-pompiers de la Brigade et des SDIS voisins sont intervenus sous les ordres du général Gallet. Ils sont intervenus sans faiblir, sans frémir.
Ils ont été plus qu’exemplaires, plus qu’héroïques. Ils ont été portés par les applaudissements des Parisiens, l’espérance des Français, les prières des croyants, les vœux du monde entier.
Il était 21h30, le vent soufflait, l’incendie s’était propagé, la flèche s’était effondrée.
Du haut de la tour Nord, des flammes. Des flammes, une température de 800 degrés, un vent défavorable. Attendre quelques secondes de plus, c’était risquer de voir la cloche tomber. Attendre quelques secondes de plus, c’était risquer de voir les tours et la façade s’effondrer.
Alors, ils ont continué à combattre le feu sur le toit et ils se sont engagés dans les tours.
Ils ont risqué leur vie pour préserver Notre-Dame.
Ils sont allés au-delà du devoir, car seule la mission comptait.
Il est 2h du matin, le feu est éteint, Notre-Dame est debout.
Il est 2h du matin et après des heures de combat, les sapeurs-pompiers de Paris ont sauvé Notre-Dame.
Mais avec la cathédrale, c’est Paris, c’est notre mémoire, c’est notre histoire, c’est le patrimoine de l’humanité qu’ils ont sauvés.
C’est un exemple, un exemple au monde entier qu’ils ont donné à admirer.
On ne rendra jamais, jamais assez hommage aux sapeurs-pompiers qui ont agi ce soir-là. Et toutes leurs vies, ils pourront dire, fièrement, « j’étais à Notre-Dame ».
Avec eux, à leurs côtés, des militaires, des policiers, des associations de sécurité civile, des personnels de la préfecture de police comme du ministère de la Culture étaient là. Ils étaient au premier rang. Ils ont prodigué des conseils, sécurisé le secteur, sauvé le trésor, des œuvres d’art, la couronne d’épines et la tunique de Saint-Louis.
Merci ! Merci à eux aussi ! A eux aussi, je veux dire qu'ils sont des héros de Notre-Dame. A eux aussi, je veux dire ma gratitude et celle de la Nation.
Aujourd’hui, nous sommes réunis. Réunis, liés par l’admiration. Liés par la reconnaissance. Liés par l’espérance.
Car aujourd’hui, je n’ai pas envie de vous parler de larmes, ce que nous vivons est au-delà.
Je n’ai pas envie de vous parler de ces flammes. Elles n’ont pas gagné, elles ne gagneront pas.
Aujourd’hui, je veux vous parler de ce que je vois. Seulement de ce que je vois : la force, le courage, l’espoir.
Notre-Dame a tenu. Elle a tenu bon. 850 ans d’histoire ont tenu bon. Ses clochers sont intacts, ils se dressent encore dans le ciel de Paris. Ses cloches se taisent aujourd’hui, mais viennent à leur secours mille bourdons à travers la France, à travers le monde.
Notre-Dame, c’est ce lieu de prière. C’est ce lieu de recueillement pour tant de croyants.
Mais Notre-Dame, c’est plus encore que cela.
C’est le couronnement de Napoléon, le magnificat pour célébrer la Libération.
Ce sont les tableaux de Chagall, les vers de Nerval, les amours de Quasimodo.
Notre-Dame appartient à tous les Français, appartient au monde entier. Alors, elle se redressera.
Depuis lundi soir, parcourir les rues de Paris, arpenter les quais de la Seine, c’est sentir le recueillement et le silence. Mais c’est sentir la détermination aussi.
C’est voir une ville, un pays, qui fait corps avec son histoire, avec l’humanité.
C’est sentir ce souffle de générosité, de partage qui nous touche et nous oblige.
C’est comprendre ses vers d’Aragon dans « La Rose et le Réséda » :
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du cœur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Alors, aujourd’hui, nous entendons l’appel des Français. L’appel des Parisiens. L’appel de tous ceux au travers le monde, qui sont touchés.
Nous n’avons pas de temps d’attendre. Nous n’avons qu’un seul devoir : celui de retrousser nos manches.
Et ensemble, unis, forts, nous rendrons à Paris sa cathédrale. Nous rendrons à l’humanité son symbole de paix, d’histoire et de liberté.
Que vive Notre-Dame.
Que vive la République.
Et que vive la France.