Un avenir éolien

22 mars 2018

Imaginez un champ d’éoliennes semblant flotter sur l’horizon au large de la baie de Saint-Brieuc. C’est le projet audacieux porté par l’État dans le département, entre objectif de transition énergétique et respect de l’environnement marin.


Les Côtes-d’Armor sont tournées vers l’avenir. Lors du Grenelle de l’Environnement de 2007, l’État s’engage pour le développement des énergies renouvelables, et lance en 2011 un appel d’offre concernant l’éolien en mer. En 2012, la société « Ailes Marines » est désignée lauréate du lot concernant la baie de Saint-Brieuc qui devient l’un des six parcs éoliens marins en développement en France.

Objectif : 62 éoliennes de 8 MW chacune, hautes de 192 mètres et réparties sur sept lignes en pleine mer ! Un dilemme pour les services de l’État qui doivent insérer la transition énergétique dans le territoire tout en limitant les impacts écologiques. Le préfet Yves Le Breton soutient ce programme complexe mais « enthousiasmant » : « La philosophie même de ce projet est positive ! Il assure une meilleure indépendance énergétique de la Bretagne. C’est un projet créateur de richesses et de valeur ajoutée grâce au chantier de construction puis de maintenance des éoliennes ».

La préfecture des Côtes-d’Armor coordonne les services de l’État concernés : « Nous avons mis en place un comité de suivi de gestion présidé par le préfet, explique Eamon Mangan, directeur adjoint de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), délégué à la mer et au littoral. Il réunit le préfet maritime, la DDTM, la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), la direction interrégionale de la mer, l’agence régionale de la santé pour les problématiques d’ondes et de champs magnétiques, les collectivités ainsi que les associations de plaisanciers, pécheurs et conchyliculture ».

Minimiser les répercussions environnementales

Le plus grand enjeu repose sur la cohabitation des usages et des activités économiques. Une enquête publique a été menée en 2016 dans le département pour relever les observations sur l’impact paysager, l’environnement marin et la faune. « Il est important que le projet n’entrave pas le  gisement de coquilles Saint-Jacques, témoigne Alain Gence, responsable du service aménagement mer et littoral, ou certaines espèces protégées comme le fou de Bassan. La pêche ne sera pas non plus interdite dans la zone,  l’idée n’est pas de cadastrer la mer ! » Des compromis sont donc trouvés au fur et à mesure avec les usagers de la mer. « Par exemple, nous avons dû décider d’un niveau admissible de turbidité lors des forages, afin de déranger au minimum l’environnement marin », continue Alain Gence.

La phase de préparation des arrêtés préfectoraux portant les différentes autorisations et prescriptions est également complexe, « tout doit être soumis à autorisation administrative. L’éolienne que l’on pose sur le domaine public maritime, les câbles entre l’éolienne et la station électrique sous-marine, le câble de la plage au poste électrique situé à l’intérieur des terres... », précise Eamon Mangan. La préfecture pilote ensuite la phase des recours contentieux déposés par les associations, les communes et les autres acteurs sur les différents impacts. Une instance de concertation est mise en place par l’État.

Après des opérations de sondages géotechniques destinées à tester la dureté des sols sous-marins, le projet va maintenant entrer dans une phase « opérationnelle », et les travaux de mise en place des éoliennes devraient débuter à partir de 2019-2020, pour un raccordement électrique et une mise en service en 2022. Ce parc éolien produira 1 850 GWh d’électricité par an, l’équivalent de la consommation annuelle d’électricité de 850 000 habitants.

L’or blanc de la baie de Saint-Brieuc

La pêche à la coquille Saint-Jacques en Côtes-d’Armor est réglementée et surveillée afin d’assurer la pérennité du gisement et l’avenir de la profession. Ce coquillage prisé des consommateurs est labellisé IGP : indication géographique protégée. « La particularité de la coquille Saint-Jacques de Saint-Brieuc est qu’elle n’est pas coraillée, souligne Krysten Le Bourhis, cheffe du service des activités maritimes à la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), en effet, elle ne produit pas de corail entre novembre et avril, au moment de la pêche ici. »

Pour une gestion durable et raisonnée de la ressource, la délégation de la mer et du littoral (DML), de la DDTM, est chargée de la coordination de la police des pêches. Des opérations coordonnées sont organisées avec les unités littorales des affaires maritimes, la gendarmerie départementale, la gendarmerie maritime, les douanes, la direction départementale de protection des populations (DDPP), et l’office national de la chasse et de la faune sauvage.

« Nous effectuons des contrôles à terre, à la débarque ou à la criée, pour le respect de la taille minimale de capture, et pour vérifier que tout est débarqué », précise Krysten Le Bourhis. Des contrôles en mer sont fréquents pour veiller au respect des horaires de pêche autorisés, avec parfois l’appui d’un aéronef de la gendarmerie ; des contrôles de véhicules pour éviter les circuits parallèles ; et des visites chez les mareyeurs et dans les grandes surfaces en partenariat avec la DDPP.

La coquille Saint-Jacques en chiffres

  • 222 navires sont titulaires de la licence coquilles Saint-Jacques dans les Côtes-d’Armor.
  • 4 876 tonnes de coquilles Saint-Jacques sont débarquées dans le département pour l’année 2016/2017.
  • Chaque navire de pêche peut effectuer deux sorties de 45 minutes par semaine.
  • Les Côtes-d’Armor sont le 2e département producteur de coquilles après la Normandie.

Floriane Boillot