Le futur centre industriel de stockage géologique (Cigéo) sera implanté à cheval sur la Meuse et la Haute-Marne. La préfète de la Meuse est préfète coordinatrice de ce projet d’envergure pour le territoire.
Le projet est véritablement hors-norme : stockage des déchets sur des périodes extrêmement longues, enfouissement à 490 mètres sous terre, 200 kilomètres de galeries, pour un coût de 25 milliards d’euros. Cigéo (centre industriel de stockage géologique) n’a rien d’un projet industriel classique. Conçu pour stocker les déchets hautement radioactifs et de moyenne activité à durée de vie longue produits par l’ensemble des installations nucléaires, le projet est le fruit de 15 ans de recherches, d’évaluation et de débat public.
« L’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) en est le maître d’ouvrage, explique Marc Demulsant, sous-préfet, nommé en 2015 auprès du préfet de la Meuse, directeur de projet en charge de la mise en oeuvre opérationnelle de la mission de coordination. Les déchets seront enfouis dans une couche géologique argileuse imperméable dont les caractéristiques permettront d’assurer la sécurité à très long terme. Mais le centre ne va pas être opérationnel du jour au lendemain. Le démarrage du chantier est prévu en 2021 et la phase industrielle pilote, qui consiste à tester les installations, dans un premier temps, avec des colis factices puis, après autorisation de l’autorité de sûreté nucléaire, avec des premiers colis radioactifs, débutera en 2025 pour une période de dix ans ». Une fois que l’autorité de sûreté nucléaire aura accordé son autorisation, l’exploitation complète de Cigéo pourrait être engagée vers 2035.
« Un chantier d’une telle ampleur est déterminant pour l’avenir du territoire, explique Muriel Nguyen, préfète de la Meuse, préfète coordonnatrice du projet. Pour qu’il puisse bénéficier au mieux des retombées économiques de ce projet, il était indispensable de mobiliser l’ensemble des acteurs locaux. C’est l’un des aspects essentiels de la mission de Marc Demulsant qui, depuis sa nomination, travaille à la bonne intégration territoriale du projet, en concertation avec tous les partenaires : services de l’État, collectivités locales et chambres consulaires ».
Une mission d’autant plus complexe que le projet est implanté sur deux départements. « L’entrée de la descenderie, c'est-à-dire de la voie par laquelle vont être descendus les déchets, se situera sur la commune de Saudron en Haute-Marne, et la zone de stockage souterraine se trouvera, quant à elle, dans le sud de la Meuse. Il a donc été nécessaire de fédérer deux départements et pas moins de quatorze communautés de communes ».
Pour y parvenir, le Premier ministre a confié au préfet de la Meuse, en juin dernier, la mission d’élaborer un contrat de développement territorial. « Ce plan d’actions portera tout aussi bien sur les besoins en infrastructures – routes, eau, couverture numérique… - que sur les aspects immatériels comme la formation, la préparation du tissu industriel ou la mobilisation de la main d’oeuvre et des entreprises locales », souligne Marc Demulsant.
Un mois après la commande du Premier ministre, le comité de pilotage était installé par le préfet coordonateur, Jean-Michel Mougard à l’époque ; une méthode était arrêtée et quatorze groupes de travail techniques rassemblant services de l’État, collectivités locales compétentes et consulaires étaient constitués. « Leurs travaux permettront de bâtir le plan d’actions qui sera validé par le comité de pilotage, avant d’élaborer le plan de financement ».
Frank Canton