Un sous-préfet au service de l’emploi

Un sous-préfet au service de l’emploi
25 juillet 2016

A Bidos, commune voisine d’Oloron Sainte-Marie, l’entreprise Messier-Dowty-Bugatti, groupe Safran, spécialisée dans les trains d’atterrissage d’avions, se présente comme un acteur économique majeur avec près de 950 salariés. Souhaitant se développer, l’entreprise aurait pu migrer vers une autre région par  manque de place sur son site actuel. Le sous-préfet, Samuel Bouju, s’est plongé dans ce dossier pour contribuer à la préservation d’emplois vitaux pour son  arrondissement... Le directeur de l’entreprise, Arnaud Besson, le président de la communauté de communes du Piémont-Olonais, Daniel Lacrampe, et le sous-préfet d’Oloron se sont livrés à un échange sur la question...


Samuel Bouju : « L’entreprise Messier-Dowty-Bugatti, filiale de Safran, fabrique des trains d’atterrissage pour les Boeing et les Airbus. On a coutume de dire que toutes les 30 secondes se pose un avion dans le monde équipé d’un train d’atterrissage venant de Bidos. Cette entreprise s’est implantée ici juste avant la Seconde Guerre mondiale, en 1938, et progressivement une urbanisation s’est développée tout autour. C’est une belle réussite locale qui était menacée par le manque de place, l’entreprise devant conquérir de nouveaux marchés.

Arnaud Besson : Pour étendre notre activité et répondre aux marchés aéronautiques, qui sont en pleine croissance, nous avions besoin de surfaces supplémentaires que ne nous offrait pas notre site actuel sur Bidos. Notre direction générale nous mettait la pression : soit vous trouvez une nouvelle zone d’implantation pour y établir une nouvelle plate forme logistique, soit votre pérennité sur le site d’Oloron est remise en cause. Il nous fallait donc obtenir très rapidement un terrain industriel, et que l’on soit surtout sécurisé sur les délais. Il était donc indispensable de se rapprocher les services de l’État .

Daniel Lacrampe : Vous pensez bien que quand la communauté de communes du Piémont-Oloronais, qui a la compétence du développement économique, est sollicitée par une entreprise emblématique de ce territoire, elle essaie de se donner les moyens d’y répondre. Nous avons donc trouvé un terrain idéal sur la commune de Gurmençon, limitrophe d’Oloron et de Bidos, limitrophe d’Oloron, pour que l’entreprise puisse y implanter son nouveau site. Mais qui dit terrain, dit respect de toutes les normes environnementales et c’est pour cela que nous avons souhaité placer immédiatement ce projet sous l’autorité du sous-préfet qui en a assuré la coordination générale.

Futur site

Le futur site de l'entreprise Messier-Dowty-Bugatti

Arnaud Besson : L’objectif pour notre entreprise était d’avoir un interlocuteur unique, sur tous les points de contacts relatifs aux administrations. Cela s’est donc fait sous la coordination du sous-préfet, sous un mode pilotage de projets assez familier des entreprises. Nous avons beaucoup travaillé avec lui sur les dossiers de sécurité environnementale, de sécurité des personnes, de sécurité des biens. Le SDIS64 a également été associé au projet pour nous fournir les meilleures recommandations possibles sur la lutte contre l’incendie et sur les plans d’intervention. Au lieu d’achever ce projet en 18 mois, nous l’avons bouclé en 12.

Samuel Bouju : A nous localement, en préfecture, en sous-préfecture, de fournir une assistance aux porteurs de projets pour leur dire que les normes sont ce qu’elles sont, que nous sommes là pour les faire respecter et qu’il hors de question de passer outre. En revanche, dès le début du projet, nous devons expliquer toutes les normes qui vont s’appliquer pour qu’il n’y ait pas de surprise in fine et pour mettre en place un mode projet partagé, une co-construction, chacun dans ses responsabilités bien sûr mais permettant aux entreprises de dépasser cette complexité normative, de l’intégrer à leur logique économique, et éventuellement d’en faire une force, mais en tout cas pas un obstacle. En mettant tous les acteurs autour de la table, pour que le porteur de projet comprenne bien les normes appliquées et les procédures d’instruction et pour que les services de l’État comprennent mieux son projet et ses objectifs, on évite ainsi les aléas, les incertitudes et au final on gagne en temps et en efficacité.

Daniel Lacrampe : Ce qui a été réalisé sur ce chantier est l’illustration parfaite en termes de réactivité et d’efficacité de ce que peut être sur un territoire donné une coopération harmonieuse entre les services de l’État , les collectivités territoriales et une entreprise qui veut réaliser au plus vite, dans les meilleures conditions et sans surprise de dernière minute, un projet de cette envergure, en termes de volume financier et d’emplois.

Arnaud Besson : Messier fait partie du paysage industriel du Haut-Béarn depuis les années 1930. C’est un employeur ancré dans son territoire, fier de ses racines. On les revendique, mais nous sommes aussi tournés vers l’international. On montre que l’on peut travailler sur le territoire et traiter en même temps des sujets techniques, de premier plan, à caractère international.

Daniel Lacrampe : C’est rassurant pour la pérennité des emplois. Nous avons trouvé un espace supérieur aux attentes de Messier, car lorsque la société nous dit qu’elle souhaite élargir ses murs, cela veut dire qu’il y a des perspectives de développement et surtout d’emplois. Il est important  pour une collectivité comme la nôtre qu’une société de cette envergure investisse sur place car cela signifie qu’elle désire s’implanter encore davantage sur notre territoire. Je souhaite remercier le sous-préfet pour son rôle, il nous a rendu de très grands services.

Samuel Bouju : Dans ce dossier, l’État continue d’œuvrer. Les jeunes sont ici très peu mobiles, très attachés à leur territoire. Ils s’engagent dans des études et s’orientent vers des voies professionnelles qui ne sont pas en adéquation avec l’emploi disponible sur leur territoire. A un moment donné, l’offre et la demande ne se rencontrent pas. Nous travaillons donc étroitement avec l’Education nationale, y compris dans les établissements scolaires, en y amenant les chefs d’entreprise pour rendre leurs métiers un peu plus attirants. Contribuer à la fabrication de trains d’atterrissage pour des avions de renom, à deux pas de chez soi, doit forcément être attractif pour nos jeunes. »

RW