Sur les routes du Vaucluse

Sur les routes du Vaucluse
5 septembre 2016

À partir des années 90, le parc naturel régional du Lubéron a engagé une véritable politique de développement du cyclotourisme. L’offre faite aux amateurs de vélo est aujourd’hui conséquente et devrait s’enrichir dans les prochaines années.


L’itinéraire « autour du Luberon » fut la première pierre de la politique de développement du cyclotourisme dans le Lubéron. « Le parcours de Cavaillon à Manosque-Forcalquier, long de 236 kilomètres balisés dans les deux sens pour les vélos, a permis aux cyclotouristes de découvrir véritablement le Lubéron, explique Solgne Louis, chargée de mission au Parc naturel régional. Il emprunte des petites routes peu fréquentées et relie des sites et villages remarquables du territoire. »

L’initiative a rencontré un certain succès, si bien que le Parc a poursuivi l’expérience en ouvrant d’autres itinéraires : "Les Ocres en vélo" en 2002, "Le pays de Forcalquier-Montagne de Lure" en 2002 et "le pays d’Aigues à vélo" en 2015. En 2008, le Parc a souhaité connaître les retombées économiques du cyclotourisme sur le territoire via une étude commandée à un cabinet privé. « Elle a confirmé l’importance de cette activité dans l’économie locale, révélant notamment que les 200 000 visiteurs rapportaient au territoire 10 millions d’euros par an et généraient 200 emplois. Il faut savoir que le touriste à vélo dépense en moyenne 80 euros par jour contre 50 euros pour un touriste « classique », et que la fréquentation dépend essentiellement de la qualité des aménagements réalisés et des services proposés (voies aménagées,  stationnement, location ou réparation). »

Certes, la marge de progression reste importante et le département souhaite désormais passer un cap. Le territoire sera notamment traversé par l’Eurovéloroute 8, projet soutenu de l’Union européenne qui reliera le sud de l’Espagne à Chypre.

La véloroute du Cavalon qui parcourera le département de l’Est à Cavaillon constituera une étape de ce parcours de près de 5900 km. 32 km de routes sur les 49 prévus ont déjà été aménagés, dont une majorité de voies vertes.

« Le tourisme ne doit pas constituer le seul levier de développement, mais la volonté du département de miser sur le vélo doit être encouragée car toute activité créatrice de richesses est la bienvenue sur un territoire comme le Lubéron qui souffre d’avoir été sanctuarisé », souligne Bernard Gonzalez, le préfet du Vaucluse.

« Le territoire manque réellement d’infrastructures pour développer des projets ambitieux, confirme Werner Wunderli, gérant de la Coquillade, hôtel-restaurant-spa et propriété viticole à Gargas, au coeur du Lubéron. Pour mener à bien notre projet, il a fallu engager de lourds investissements et déployer une énergie extraordinaire pour convaincre les élus. Mais le résultat est à la hauteur des attentes : les élus sont très heureux et nous faisons aujourd’hui partie des plus grandes entreprises aptésiennes avec 40 employés en basse saison et 160 en été. »

C’est un coup de coeur pour le Lubéron qui a poussé Werner Wunderli et Andy Rihs, le financier, à investir dans cette région. « Nous sommes vraiment tombés amoureux de ce territoire et nous souhaitons aujourd’hui participer à son développement. Andy Rihs est également propriétaire de l’entreprise de fabrication de vélos BMC qui sponsorise l’équipe BMC Racing, vainqueur du Tour de France en 2011 avec Cadel Evans.

Il pense que le Lubéron, en misant sur le développement de ses infrastructures routières et d’accueil et sur une communication à l’international, peut  vraiment tirer son épingle du jeu, à l’image des Baléares qui récoltent le fruit de leurs investissements en accueillant 2,5 millions de cyclotouristes par an. »

Le Mont Ventoux

La route vauclusienne sous surveillance

Entre le Tour de France et le Vaucluse, c’est une longue histoire. Il faut dire que l’étape du Mont Ventoux et ses 22 kilomètres de montée dans des conditions particulièrement éprouvantes constitue le Graal pour tout cycliste. Le passage du Tour dans la région a même tendance à donner des idées aux cyclistes qui espèrent reproduire l’ascension héroïque des professionnels. « Lors du passage du Tour en 2013, nous avons déploré six accidents mortels sur le Mont Ventoux, des cyclistes qui avaient présumé de leur force et qui se sont tués dans la descente, annonce le chef d’escadron Gilles Gallier, commandant de l’escadron départemental de sécurité routière du Vaucluse. Depuis, tous les week-ends d’été, nous effectuons des patrouilles régulières afin de sensibiliser les cyclistes, et prévenir tout accident. Cela a véritablement permis de réduire l’accidentalité. Et cette année nous sommes d’autant plus vigilants que le Tour fait étape au Ventoux. »

Mais le vélo ne constitue pas bien entendu la seule préoccupation des acteurs de la sécurité routière dans le département. « Le Vaucluse, avec son climat méditerranéen, ses routes magnifiques et ses sites remarquables est un paradis pour la moto.

De nombreux motocyclistes sillonnent le département et comme dans tout l’arc méditerranéen, l’accidentalité y est plus forte qu’ailleurs », explique Laurent de Mets, chargé de mission deux roues motorisés à la préfecture du Vaucluse. Le département a même connu une pointe en 2014 avec 10 morts.

« Heureusement, nous avons réussi à réduire le nombre de morts en multipliant les patrouilles, notamment de Pâques à la fin septembre, souligne Gilles Gallier. Cela a permis de freiner les ardeurs de certains motards. »

La sécurité passe également par la prévention. « Nous menons régulièrement des opérations sur le bord des routes afin de rappeler l’importance de l’équipement complet même sous les fortes chaleurs que nous pouvons connaître ici », confie Laurent de Mets.

La préfecture organise également chaque année la journée « reprise de guidon » au début du printemps. Destinée aux motards peu expérimentés ou qui reprennent leur moto après l’hiver, cette journée comprend des ateliers pratiques et théoriques et un parcours routier de maniabilité de 120 km encadré par des motards de la Gendarmerie nationale et de la Police nationale. « J’ai mobilisé 12 motocyclistes cette année, ce qui permet d’accueillir 80 personnes, précise Gilles Gallier, et les participants sont unanimes pour dire que ce  stage leur apporte une réelle plus-value. »

Frank Canton