La culture comme levier de développement

La culture comme levier de développement
5 septembre 2016

Crée en 1947 par Jean Vilar, le Festival d’Avignon est imbriqué culturellement et économiquement dans l’histoire de la ville et du département. Plus qu’un évènement estival, le Festival d’Avignon est une marque internationale qui bénéficie de multiples façons au territoire. Retour sur les impacts de la culture dans le développement du Vaucluse.


Du 6 au 30 juillet s’est déroulé le Festival d’Avignon, une manifestation internationale de spectacle vivant contemporain. Véritable source d’attractivité touristique, 150 000 entrées ont été vendues cette année et l’événement attire au total 4 millions de touristes, dont 39% d’étrangers. Une famille dépense en moyenne 1000 euros durant son séjour, profitant des festivités pour consommer et réaliser des activités comme les sports de nature ou visites de vignobles. Les retombées économiques de cette manifestation pour la ville : environ 25 millions d’euros.

Au-delà de sa mission d’intérêt général et de démocratisation culturelle, le Festival d’Avignon est l’un des leviers de développement du territoire. En effet, il dispose d’un lieu pérenne toute l’année : la FabricA. Des projets y sont montés à destination d’un public local, jeune ou défavorisé. Les équipes de la FabricA cherchent à sédentariser la population sur le territoire et les ouvrir à des perspectives d’avenir, grâce à des ateliers d’éducation artistique, de sensibilisation à divers sujets, ou encore de formation. Paul Rondin, son directeur délégué, explique : « Le Festival d’Avignon est une marque internationale et un terrain neutre idéal pour mener a bien des projets. Nous pouvons obtenir des financements ou partenariats avec les politiques de la ville, l’Education Nationale, ou même des fondations privées. L’intérêt du  Festival d’Avignon est que son image de marque est capable de faire venir tous ces gens, de fédérer des publics différents, des familles, le monde de l’enseignement. Pour moi, l’enjeu des politiques publiques est de faire en sorte que la ville et le département puissent s’emparer de l’image symbolique du Festival d’Avignon ».

Les opérateurs culturels proposent également des projets liés au numérique : « Nous apprenons aux jeunes à se servir des instruments numériques du quotidien comme des potentiels intellectuels et professionnalisants. Ils se rendent compte qu’il est possible de devenir acteur dans les nouvelles technologies, et pas seulement consommateur. Nous voyons déjà les résultats : des enfants qui n’avaient aucune idée pour leur avenir se retrouvent à faire des formations médias, journalisme… Ils relèvent la tête et reprennent leur place dans la société ».

Le Festival d’Avignon a fêté cette année sa 70ème édition, démontrant ainsi la  longévité d’un projet inscrit dans un territoire et capable de pérenniser son action toute l’année.

De nouveaux réflexes de sécurité pour le Festival d’Avignon

Le contexte actuel de menace terroriste oblige les directeurs de salle à  acquérir de nouveaux réflexes de sécurité et travailler main dans la main avec les services de police. Des réunions préparatoires impulsées par la préfecture,
entre la DDSP du Vaucluse et les organisateurs des spectacles ont permis d’élaborer en amont les dispositifs de sécurité. « Nous avons réalisé des consultations de sécurité sur des bâtiments, les salles de spectacles, et
réalisé des fiches conseils destinées aux organisateurs, pour les festivaliers et personnels des salles », annonce la commissaire divisionnaire Bénédicte Kiehl, adjointe au directeur départemental de la sécurité publique.

Mme Derrien, référent sûreté à la DDSP 84 a ainsi visité tous les nouveaux sites, rencontré la plupart des directeurs de salle et certains bénévoles afin de leur expliquer les mesures de sécurité et les consignes à mettre en application. « Il est important de leur expliquer que cela n’implique pas un coût supplémentaire, mais de nouveaux réflexes à appliquer, comme la fouille des sacs. Je leur présente aussi ce qu’ils doivent faire en cas de découverte d’un objet suspect et en cas de menace grave, pour qu’ils ne se posent pas de questions le moment venu. Ils sont vraiment en demande d’aide pour sécuriser leur site et très satisfaits que nous soyons présents pour eux. »

Les effectifs de police, renforcés par des réservistes, sont chargés de la surveillance de l’extérieur des lieux, des accès, la protection du public pendant et après le spectacle, ainsi que les sites dédiés à la logistique. Des procédures d’interventions sont établies pour chaque type d’événement : alerte à la bombe, colis suspect, voiture suspecte, individu dangereux, atteinte à une prise d’air… À ce titre, les fonctionnaires, cadres et primo-intervenants, ont bénéficié en amont de formation à la gestion de crise, incluant des exercices de simulation, théoriques et pratiques.

« Nous sécurisons des lieux un peu particuliers comme des péniches ou chapiteaux, indique la commissaire divisionnaire. Nous adaptons le dispositif aux horaires du festival, environ de midi à minuit, ainsi qu’au public : il y a beaucoup de festivaliers étrangers, nous avons donc des renforts de policiers espagnols et allemands qui patrouillent avec les policiers français ». Les patrouilles policières sont pédestres dans le centre-ville piétonnier pour l’occasion, et motorisée à l’extérieur.

Certains spectacles bénéficient d’une protection renforcée, notamment ceux susceptibles d’avoir un retentissement particulier : « Sur le site de la Manufacture par exemple, situé en ZSP, a lieu un spectacle israélo-palestinien, souligne la commissaire Kiehl, avec la présence de l’ancienne ambassadrice palestinienne venant animer un débat à l’issu du spectacle ».

Pour Paul Rondin, directeur délégué du Festival, « notre objectif est de sécuriser mais surtout de rassurer. Nous responsabilisons à la fois nos équipes et les équipes de sécurité privées pour la fouille des sacs. Nous sommes dans une vigilance et une attention particulière aux autres, mais jamais nous n’abdiquerons face à la peur ». Le mot d’ordre de cette édition est la responsabilité collective. La population calme et bon esprit du Festival ne cause pas de violences urbaines ni de problèmes notoires.

Floriane Boillot