De feu et d’eau

De feu et d’eau
5 septembre 2016

« Le territoire du Vaucluse est 2/3 inondable, 1/3 inflammable », affirme le colonel Jean-Yves Noisette, directeur du SDIS 84. Ces risques naturels sont autant d’enjeux de sécurité et d’urbanisme à prendre en compte par l’État et les collectivités locales pour protéger l’environnement et les populations.


Les Vauclusiens ont en mémoire deux catastrophes qui ont accéléré le développement de la lutte contre les feux de forêt et les inondations : l’incendie de 1991 ravageant 1800 hectares dont 880 de la commune de Grambois, et les inondations de 1992 qui ont fait 37 morts à Vaison-la-Romaine. Afin de limiter l’urbanisation dans les zones exposées au feu ou à la montée des eaux, les plans de prévention des risques d’incendies de forêt (PPRIF) et plan de prévention risque inondation (PPRI) définissent les conditions de constructibilité et d’aménagement du territoire.

Unis contre le feu

« La particularité des feux de forêt, c’est la mouvance. L’incendie se déplace au gré du vent et des reliefs, explique le colonel Noisette. Les moyens de lutte et d’anticipation d’un seul département ne suffisent pas ». En  conséquence, les sapeurs-pompiers du département s’inscrivent dans plusieurs logiques de coordination et de renforts.

Le SDIS 84 fait partie de l’EFM : l’entente pour la forêt méditerranéenne. Cet établissement public interdépartemental a été créé en 1964 et réunit 14 départements et services départementaux d’incendie et de secours de la zone de défense sud. L’objectif est de « partager, concerter et mutualiser les compétences, les moyens et les outils » en matière d’information et de prévention contre les feux de forêt, de formation aux métiers de la sécurité civile, et de développement de nouvelles technologies.

« Tous les soirs d’été, Météo France nous indique un degré de risque feux de foret, en fonction du vent, de l’état des sols… » Selon ces informations, le SDIS peut compter sur la mise en place d’un guet aérien armé par deux Trackers ou Canadair.

Le SDIS a créé des groupes d’intervention de feux de forêt préventifs. Un  groupe est constitué de quatre CCF (camions-citernes feux de forêt) et un  véhicule de secours, soit 18 personnes prêtes à agir, pré-positionnées à des endroits stratégiques pendant un temps défini.

« Notre principe est l’attaque des feux naissants, explique le colonel. Nous concentrons un maximum de moyens dès le départ, pour éviter la propagation qui peut mettre des jours à s’éteindre. »

Le département a également organisé depuis 1995 des « comités communaux de feux de forêt ». 1100 bénévoles, formés par les sapeurspompiers, ont pour rôle d’effectuer des tours de guet afin de signaler les mesures de précaution aux promeneurs, et surveiller les massifs, à l’aide de moyens radios et de cartographies. En cas de départ de feux, les sapeurs-pompiers sont immédiatement alertés pour intervenir.

Les mesures de prévention, d’éducation comportementale, les surveillances et restrictions d’accès aux massifs prouvent leur efficacité, de moins en moins de feux étant à déplorer chaque année. Un autre aspect de la lutte contre les feux de forêt est à souligner : le volet judiciaire. Au sein du SDIS, la cellule RCCI (recherche des causes d’incendie) est composée d’un forestier, un sapeur-pompier et un gendarme ou policier. Elle est déclenchée à chaque départ de feu de forêt pour tenter de connaître l’origine de l’incendie.

Inondations à Avignon

Et pour lutter contre les inondations

Les affluents de la rive gauche du Rhône comme l’Ouvèze, l’Aigues, ou le Lez, traversent les plaines du département et 147 communes sont concernées par le risque inondation. « Le 22 septembre 1992 à Vaison-la-Romaine, nous avons pris conscience que les pluies cévenoles étaient très dangereuses. Ici, Il peut tomber 150 millimètres d’eau en 2 ou 3 heures. Le département est souvent en alerte vigilance orange pour les inondations, le feu ou le vent », souligne Maurice Chabert, président du conseil départemental (le 22 septembre 1992, un violent orage qui stagne plusieurs heures sur les pentes du Mont-Ventoux provoque la crue éclair de l’Ouveze. À Vaison-la-Romaine, la rivière dépasse alors de 17 mètres son niveau moyen et, transformée en vague de boue, emporte tout sur son passage. 37 morts et de très importants dégâts matériels sont à déplorer). L’État, les collectivités territoriales et leurs groupements concourent à la gestion des risques d’inondation.

Le préfet de département élabore, en concertation avec les collectivités territoriales concernées, le plan de prévention du risque inondation (PPRI) qui réglemente l’urbanisation dans les zones soumises aux risques d’inondation et prescrit des travaux sur les constructions existantes afin de réduire leur vulnérabilité au risque. Ce PPRI doit être compatible avec les objectifs du plan de gestion des risques d’inondation arrêté par le préfet coordonateur du
bassin Rhône-Méditerranée. 

Il s’impose aux documents d’urbanisme et à toute demande d’autorisation de construire sur les communes concernées. Cinq PPRI ont été approuvés dans le département.

SDIS 84 à Avignon

Le SDIS 84 en chiffres

  • 53 centres d’incendie et de secours, dont 42 composés uniquement de sapeurs-pompiers volontaires
  • 500 sapeurs-pompiers professionnels
  • 1800 sapeurs-pompiers volontaires
  • 50 000 interventions par an
  • 120 camions feux de forêt répartis dans chaque centre d’incendie et de secours

Floriane Boillot