L’agriculture a toujours été un acteur économique essentiel pour le département.
Aujourd’hui encore, dans un environnement fortement concurrentiel, le secteur réussit à tirer son épingle du jeu en misant sur la qualité de ses produits.
Si le département se positionne au premier rang français pour certaines productions comme la cerise, le raisin de table ou la pomme Golden, il est également un gros pourvoyeur de melons, de fraises ou de tomates. « Le territoire est en quelque sorte le verger de la France », souligne le préfet Bernard Gonzalez.
Mais le Vaucluse n’est pas l’Ukraine ou le Midwest des États-Unis. « Notre territoire ne nous permet pas de faire de la production de masse, analyse André Bernard, le président de la chambre d’agriculture du Vaucluse. Notre potentiel de production est très réduit : sur les 330 000 ha que compte le département, 110 000 sont exploitables. Par contre, les deux tiers de notre production sont placés sous le signe de la qualité. Nous avons de nombreux produits AOC, et la plupart des producteurs de fruits et de légumes sont engagés dans des démarches qualité. »
Un choix qui permet aux agriculteurs vauclusiens de subsister sur un marché fortement concurrentiel et même d’obtenir de très bons résultats à l’export. « Nous pouvons dire que la ferme en Vaucluse est citoyenne, car outre la qualité de ses produits, elle maintient sur un petit territoire 4500 exploitations générant un milliard d’euros de chiffre d’affaire, reversant 250 millions en salaires et réalisant 150 millions d’investissement. »
Il reste que le secteur est confronté à un certain nombre de problèmes. L’un des plus préoccupants est assurément celui de l’eau. « Aujourd’hui, nous prélevons essentiellement l’eau de la Durance mais nous avons atteint la limite, et il nous faut envisager d’autres sources d’approvisionnement. Sur ce point, nous travaillons énormément avec la préfecture. »
« C’est un vrai sujet car la ressource est rare, confirme Bernard Gonzalez, et nous étudions actuellement les moyens d’utiliser l’eau du Rhône pour l’agriculture vauclusienne. »
Autre menace pour le secteur : le foncier. Le territoire est en effet l’objet de toutes les convoitises, et plus particulièrement dans le Lubéron. « Les communes ont tendance à vouloir développer les zones de résidences secondaires au détriment de l’agriculture, précise André Bernard, et il faut bien admettre que certains agriculteurs proches de la retraite et ne trouvant pas de successeurs ont parfois la tentation de revendre tout ou partie de leur exploitation. Le rôle de l’État est alors essentiel sur ce dossier. » « Il s’agit sans conteste d’un problème préoccupant, confirme Bernard Gonzalez.
La pression foncière croissante liée à l’attractivité du territoire est une menace permanente pour l’agriculture. Les services de l’État sont particulièrement vigilants en matière de permis de construire en zone agricole.
Afin d’accompagner au mieux les jeunes agriculteurs, nous sommes ainsi en train de définir avec l’association des maires de Vaucluse et la chambre d’agriculture, une charte d’instruction des permis de construire. L’objectif est de faciliter leur installation sur les terres agricoles et la réalisation de leurs projets de développement. Mais il faut bien admettre que dans ce domaine, le combat est permanent et les contentieux sont nombreux. »
Premier producteur de cerises en France, le Vaucluse réalise 25% des tonnages en cerises de table produites en France et trois quarts de la production française destinée à la transformation. Le 1er février, un véritable coup de tonnerre s’est abattu sur la filière avec l’interdiction par la France du Diméthoate, substance active utilisée pour lutter contre la mouche Drosohila Suzukii dont les larves occasionnent des pertes de production. « Cette molécule a été interdite en raison de risques pour le consommateur », explique Véronique Solère, directrice départementale adjointe de la protection des populations du Vaucluse.
Dans la foulée, le ministre de l’Agriculture interdit la commercialisation en France de cerises importées et traitées au Diméthoate. « Comme d’autres pays autorisent encore cet insecticide, nous avons procédé à de très nombreux contrôles pour identifier l’origine des cerises et vérifier les traces éventuelles du produit interdit. Jusqu’à présent seuls deux lots incriminés ont été retirés de la vente. » « Ces contrôles sont extrêmement importants non seulement pour la santé des consommateurs mais également pour la filière de la cerise dans le département, poursuit Bernard Gonzalez, le préfet du Vaucluse. Il est impératif que les règles soient les mêmes pour tous. Les agriculteurs attendent beaucoup de nous sur ce dossier. »
La loi du 13 octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, prévoit notamment de mettre à disposition des consommateurs les résultats des contrôles officiels des conditions d’hygiène effectués dans les établissements de restauration commerciale. En 2015, Avignon a été choisi avec Paris pour tester cette mise en transparence. « L’expérimentation portait sur la restauration commerciale mais la transparence concernera également les abattoirs, les entreprises agro-alimentaires et la grande distribution, prévient Véronique Solère, directrice départementale adjointe de la protection des populations du Vaucluse. Avignon a été retenu parce que nous sommes une ville touristique et que la fréquence des contrôles y est très importante. Cette rotation était donc intéressante pour mesurer l’évolution d’hygiène des restaurants. »
Conduite de février à décembre 2015, l’expérimentation a porté sur 220 restaurants de la ville qui en compte 416. « Les résultats sont très positifs et, contrairement à Paris, les professionnels et leurs syndicats ont vraiment adhéré à la démarche. La majorité des restaurateurs rentrait dans la case acceptable (les restaurants étaient classés selon trois niveaux d’hygiène : Bon, Acceptable et À améliorer), et nous leur laissions la possibilité après contrôle de nous envoyer sous trois semaines les éléments factuels prouvant qu’ils corrigeaient les anomalies constatées. Tous ceux qui ont fait cette démarche ont vu leur note s’améliorer. » Quant au consommateur, une affichette contenant un QR-code et apposée sur la devanture lui permettait d’accéder aux résultats sur le site du ministère de l’Agriculture. « Nous pouvons dire que le travail mené à Avignon a grandement contribué à l’élaboration du projet de décret qui doit sortir cet été. »
Franck Canton