Le Val-de-Marne se prépare à la montée des eaux

Le Val-de-Marne se prépare à la montée des eaux
14 juin 2016

Une crue centennale aurait de lourdes conséquences pour le Val-de-Marne. La préfecture s’y prépare et mobilise sans relâche l’ensemble des acteurs du département sur cette question, qui a fait l'objet d'un exercice grandeur nature avec les inondations de début juin 2016.


À l’évocation d’une crue centennale, reviennent inévitablement en tête les images de 1910, vieilles photographies des rues de la Capitale envahies par les eaux. Le risque d’inondation reste pour le grand public associé à Paris. Pourtant, si un tel aléa se reproduit -et les experts s’accordent à dire que le phénomène est inévitable-, c’est une grande partie de l’Ile-de-France qui serait touchée, et tout particulièrement le Val-de-Marne. « Sur les quinze communes de la région les plus impactées en termes d’activité et d’habitat, sept d’entre elles sont situées dans le Val-de-Marne, tient à préciser Jeoffrey Usal, chef du service interministériel des affaires civiles et économiques de défense (SIACED). Et sur les 1,35 millions d’habitants que comptent le département, 750 000, soit 60%, seraient directement touchés par les eaux, ou indirectement, parce que les zones dans lesquelles ils résident ou travaillent ne disposeront plus d’électricité, de système d’assainissement ou d’eau potable ».

Et un tel scénario constitue indubitablement un véritable défi pour l’État.

« Nous savons bien quelles conséquences aura pour nous une crue centennale en termes de secours et de soutien des populations, mais il nous faut prendre également en compte les effets économiques de l’inondation. L’enjeu est tout aussi crucial. Une entreprise contrainte de fermer en raison de la crue ne peut plus honorer ses commandes et après une certaine période d’inactivité, la trésorerie plonge, les clients se fournissent ailleurs et elle est obligée de mettre les clés sous la porte. Vous pouvez alors imaginer l’impact économique sur le territoire quand des zones d’activités entières sont touchées ». Une perspective catastrophique pour l’activité du département.

« Il faut bien admettre que toutes les conséquences d’une crue d’ampleur ne sont pas encore totalement maîtrisées, surtout en terme d’évaluation, poursuit Jeoffrey Usal. Et jusqu’à très récemment, la dimension particulière de la rupture du réseau d’assainissement n’était pas prise en compte.

Ce problème est pourtant d’une extrême gravité pour certains établissements comme les hôpitaux ». C’est l’exercice organisé par la préfecture en novembre 2014 qui a permis de faire surgir certains aspects de la crise. « Ce fut un véritable électrochoc. »

Cet exercice de 2014 a constitué le premier grand test d’un travail de fond lancé début 2013 à l’initiative du préfet du Val-de-Marne, Thierry Leleu.

Confluence Seine-et-Marne Alfortville

« Dès 2013, un partenariat a été initié avec le conseil départemental afin d’inciter les collectivités à se préparer aux risques d’inondation, explique Jeoffrey Usal.

Peu d’entre elles avaient à l’époque bouclé leur plan communal de sauvegarde (PCS), et les quelques plans réalisés étaient loin d’être contrôlés et véritablement opérationnels. Nous avons donc fait en sorte que les communes s’interrogent sur leur capacité opérationnelle de gestion de crise, leur niveau de résilience quant à leurs installations et leur capacité à assurer leurs missions pendant la crise ».

Pour les accompagner, la préfecture a lancé une véritable campagne. « Avec le soutien financier et l’appui technique du conseil départemental, nous offrons depuis 2013 un ensemble de services qui permet aux maires de se préparer aux crises de tous ordres, et plus particulièrement à celle d’une crue majeure, précise Thierry Leleu. Formations, exercices, tribune d’échange, partage des bonnes pratiques et accompagnement pour la rédaction de chaque plan communal de sauvegarde constituent la palette des actions proposées de manière pérenne dans ce cadre ».

Sur ce point les choses se sont grandement améliorées. « Les résultats sont probants, souligne le préfet du Val-de-Marne, la quasi-totalité des communes inondables du département s’investit régulièrement dans nos activités de prévention et 19 des 26 communes concernées par ce risque ont désormais un PCS validé. Les autres communes inondables travaillent à leur finalisation avec notre aide ».

Autre point important sur lequel a beaucoup travaillé la préfecture : l’interopérabilité des acteurs. La préfecture du Val-de-Marne a fait un effort tout particulier pour mettre en place des outils de remontée de l’information communs et facilement utilisables par les acteurs. « Le principe est simple, explique Jeoffrey Usal, lors d’une inondation d’ampleur, les communes, mais aussi d’autres acteurs comme l’agence régionale de santé, la direction des services départementaux de l’Education nationale et ERDF nous font parvenir quotidiennement, sous la forme d’un tableau Excel extrêmement simple à remplir, des données chiffrées nous permettant de définir des niveaux de criticité par commune, comme par exemple le nombre de personnes ayant quitté leur domicile, le nombre de foyers privés d’électricité ou le nombre de personnes médicalisés et impactés. Ces chiffres actualisent quotidiennement une carte qui permet au préfet de savoir exactement ce qui passe dans le département, et de prendre les bonnes décisions ».

Frank Canton