Road trip sur la RN 20

Avalanche sur la route le 1er mars 2014 © DIRSO
18 décembre 2015

La RN20 franchit la ligne de crête des Pyrénées pour atteindre l’Andorre. Entre trafic intense et épisodes neigeux, la viabilité hivernale de cette nationale est l’une des préoccupations principales du service interministériel de défense et de protection civile (SIDPC) à la préfecture de l’Ariège à Foix.


La RN20, c’est un peu la route 66 française. De la Porte d’Orléans (Paris) à Bourg-Madame dans les Pyrénées-Orientales, elle traversait naguère la France sur 864 kilomètres. L’expédition au Pas-de-la-Caze pour faire le plein de produits détaxés pouvait prendre des jours ! Aujourd’hui, les autoroutes ont partiellement remplacé ce trajet, mais arrivée à hauteur de Tarascon-sur-Ariège, la nationale reste l’accès le plus facile à la principauté d’Andorre. Franchissant un col à 1 900 mètres d’altitude puis atteignant les 2 150 mètres, elle est la plus haute nationale de France. Axe international et économique, la RN 20 voit passer entre 500 et 700 poids-lourds par jour, et près de 9 000 véhicules légers. Chaque week-end d’hiver, ce sont 40 bus qui montent et redescendent des touristes anglais ayant atterri à Toulouse, jusqu’aux stations de ski d’Andorre. Au niveau de la ligne de crête, le climat méditerranéen se confronte au climat océanique du versant nord, et les intempéries sont nombreuses. Ce microclimat, le trafic conséquent et la trentaine de couloirs d’avalanche qui terminent directement sur 15 km de route, donnent du fil à retordre à la préfecture de l’Ariège.

« Quand les gens vont en Andorre pour acheter des cigarettes et de l’alcool, ils ne savent pas du tout qu’ils vont en haute-montagne ! explique Didier Michaud, chef de division à la DIRSO (direction interdépartementale des routes du Sud Ouest). De plus si le vent se lève, mêlé à la neige, il n’y a plus de visibilité. Des congères se forment sur la route, et les véhicules se plantent. Les gens ont froid, il faut les évacuer, ça peut être dangereux notamment lorsqu’il s’agit de cars transportant des enfants. Parfois, on organise des convois pour faire revenir les voitures en France et éviter qu’il n’y ait de voitures isolées sur le trajet ». Afin de gérer la fermeture de la route en cas de besoin, une convention lie le préfet, la DIRSO et le RTM (service de restauration des terrains en montagne). Didier Michaud a délégation pour signer l’arrêté préfectoral de fermeture de route. Celui-ci est ensuite diffusé aux forces de l’ordre, et l’usager est informé par des panneaux à message variable, les médias, ou encore par une carte sur le site internet www.dirso.fr. « La RN est fermée aux poids lourds entre 10 et 20 fois par an, et 1 à 2 fois pour les voitures », ajoute Didier Michaud.

Régine Cazal, chef du SIDPC à la préfecture de Foix, revient sur les installations déjà en place : « Il y a des équipements de protection comme les galeries pare-avalanche, ou des protections actives pour procéder à des tirs d’avalanches ». La saison dernière, la DIRSO a procédé à 40 déclenchements préventifs. Un plan de coordination Ariège-Pyrénées-Orientales-Andorre vise à améliorer la sécurité des usagers sur l’itinéraire, et un dossier de demande de subvention est en cours à travers le programme européen de coopération transfrontalière (programme PORTEFA). « Nous souhaitons que soit mieux étudié l’ensemble des couloirs d’avalanche, nous souhaitons proposer des équipements supplémentaires et installer des petites stations météo sur des points précis », termine Régine Cazal.

Floriane Boillot