Les missions de la PAF Roissy ont été fixées par le décret du 1er août 2003 portant création et organisation des services déconcentrés de la DCPAF : au-delà de la lutte contre l’immigration irrégulière, son périmètre d’action est étendu à d’autres activités : police judiciaire, renseignement en milieu ouvert, sécurité des personnes et des biens, ordre public, supervision de la sûreté mise en œuvre au bénéfice du passager et de son bagage cabine... « Roissy est le seul endroit où la PAF exerce la plénitude des compétences de la Police nationale, souligne Patrice Bonhaume. Ainsi, une vingtaine de métiers de la PAF y sont recensés ! »
En matière de sécurité publique par exemple, la PAF Roissy est chargée de la sécurisation permanente du centre commercial Aéroville et de l'ensemble de la zone de fret côté ville. Elle est également dotée d’une unité locale d’éloignement, par laquelle transite 75 % des étrangers éloignés de France.
La division de la police générale des investigations (DPGI) assure des missions d’une circonscription traditionnelle, mais est placée sous l’autorité du directeur de la PAF.
Le groupe « vols à la tire » tourne ainsi de 5h à 22h sur l’aéroport. Son rôle est de repérer les pickpockets, les prendre en filature et parvenir à les intercepter en flagrant délit. « Pour y parvenir nous nous noyons dans la masse de voyageurs », explique l’un d’entre eux, évidemment sous couvert d’anonymat... Lunettes de soleil, bagage à roulettes, billet d’avion apparent, ces policiers usent de toutes les techniques pour ne pas se faire « détroncher ». Leurs secrets de fabrique ? « Ils sont connus pour la plupart : ne jamais marcher au milieu de l’aérogare, ne jamais croiser le regard d’une personne qu’on a repérée, faire semblant de regarder ailleurs, manipuler son téléphone portable.... Le but est de le laisser en confiance, ne pas lui instiller de doute pour qu’il passe à l’acte. » Cette unité, créée il y a plus de vingt ans, répond à la problématique d’une délinquance discrète mais aux butins parfois importants.
La DPGI compte également dans ses rangs une unité d’investigation et de recherche, chargée de la criminalité organisée (vols de voitures, braquages, vols de fret...), une unité judiciaire de voie publique, qui traite les affaires courantes (vols à l’étalage, flagrant délit, problématique des SDF, violences volontaires...), une brigade mobile de recherches, (lutte contre les filières d’immigration clandestine), une brigade anti-criminalité (essentiellement sur la voie publique et le fret), ou encore un pôle d’identité judiciaire (relevés d’indices sur les scènes d’infractions).
Philippe Luxi, adjoint au chef de la DPGI qui travaille à Roissy depuis près de 20 ans, annonce : « Il y a très peu de meurtres commis sur Roissy. De mémoire, j’en compte cinq en 40 ans : un chauffeur de bus poignardé, une Américaine retrouvée violée et étranglée dans un ascenseur, un corps en décomposition découvert, un SDF tué lors d’une bagarre et une fille de l’Est retrouvée déchiquetée sur les rails du RER, posée là volontairement. Bizarrement, aucun de ces meurtres n’a pu être résolu ! » Les auteurs ont probablement dû sauter dans le premier avion venu...
Pour contrôler et tester le travail des agents des sociétés privées intervenant dans le fret, la zone bagages ou sur les postes d’inspection filtrage, policiers et gendarmes se griment régulièrement en passagers mystères. « Il nous arrive de nous présenter, comme n’importe quel passager, à l’embarquement d’un avion mais avec une arme ou une grenade dans notre bagage de cabine, explique un pafiste.
Le but est d’observer leurs procédures, le niveau de contrôle. »
Plus d’une centaine de tests sont ainsi réalisés chaque année par la PAF Roissy. De même, la GTA effectue des tests avec des faux badges ou des badges incomplets pour pénétrer dans les zones réservées ou même dans un avion. Ainsi, bien que réalisés par des sociétés privées, les contrôles de bagages et des passagers sont encadrés, pour le premier par la GTA, par la PAF pour le second. Si une faille est détectée, une palette de sanctions est à la disposition des autorités : du simple rappel à l’ordre au retrait du badge, en passant par l’obligation de suivre une formation de sûreté aéroportuaire. « Les personnels savent pertinemment que nous réalisons ce genre de tests, précise un gendarme. Cela permet de maintenir un certain niveau d’exigence dans la qualité des contrôles. »