Un vol en provenance d’Oran (Algérie) a atterri il y a quelques minutes à Roissy.
Une file de 200 personnes se présente aux deux aubettes (guérites pour les contrôles de police) ouvertes.
Le contrôle transfrontalier débute. Le rythme des policiers de la PAF est soutenu, « nous contrôlons la situation des personnes qui souhaitent entrer en France ou dans l’espace Schengen, explique Stéphanie F., brigadier de police.
Nous effectuons également une vérification sur les fichiers pour s’assurer qu’elles ne soient ni recherchées ni interdites de séjour. Nous sommes la première ligne de contrôle. » Ce rôle ne consiste pas uniquement à mettre un coup de tampon sur un passeport ou un visa, il requiert une véritable technicité dans l’analyse des documents et dans la connaissance de la réglementation. Le policier vérifie si la personne remplit les conditions d’entrée : attestation d’accueil ou réservation d’hôtel, passeport en cours de validité, visa le cas échéant, assurance médicale, billet de retour... Il doit également se tenir informé de la liste des pays soumis à visa en consultant quotidiennement le fond documentaire mis à jour par le bureau de la réglementation de la DCPAF et appliquer immédiatement les éventuelles nouvelles mesures.
Stéphanie, également analyste en fraude documentaire, regarde la conformité des documents présentés, et applique le savoir-faire de ces « chasseurs » de faux :
« Depuis notre aubette, nous parvenons à profiler certains individus. Nous sommes alertés lorsque la personne a un comportement suspect, montre une certaine agitation ou de l'inquiétude. Certains arrivent dans les derniers pour se laisser du temps afin eux aussi de nous observer. Avec l’expérience, nous les repérons assez vite. » Dès qu’un doute apparaît, l’individu est alors orienté vers la deuxième ligne de contrôle pour des recherches plus approfondies.
Un peu plus loin, une équipe de trois policiers de la brigade mobile d’immigration se positionne à la sortie de la passerelle du vol en provenance de Canton (Chine) pour un des 60 contrôles quotidiens de l’unité, soit une moyenne de 10 000 voyageurs contrôlés. Deux inspectent les documents présentés, le troisième, plus expérimenté, se place en retrait pour observer et gérer les cas problématiques. Ici aussi, le
contrôle est rapide face à des voyageurs parfois embrumés par une dizaine d’heures de vol. « Nous accordons généralement une dizaine de secondes par personne », explique l’un d’entre eux. Si le policier en retrait confirme le doute d’un de ses collègues, le passager sera présenté à un officier de quart qui lancera le cas échéant une procédure de non admission en France. Que ce soit sur les passerelles ou en aubettes, une importante partie de l’activité se déroule entre 5h et 8h du matin, laps de temps durant lequel arrive une trentaine de gros porteurs en provenance d’Amérique du nord et d’Asie.
Outre le contrôle migratoire et le contrôle légal d’entrée sur le territoire, le policier a également pour mission de fluidifier le passage.
« Nous sommes sans cesse en train de concilier l’exigence de fluidité inhérente au milieu économique que constitue l’aéroport et la nécessité absolue d’effectuer des contrôles de qualité, notamment en interrogeant nos bases de données », précise Patrice B., directeur de la PAF Roissy Charles-de-Gaulle-Le Bourget. « Nous avons donc créé en 2010, en lien avec Aéroports de Paris, une nouvelle fonction au sein de la PAF Roissy : le "super coordinateur" des aubettes. »
Pour parvenir à maîtriser ces flux de passagers qui se présentent aux aubettes, ce « super coordinateur » a pour mission de répartir les forces au besoin sur les différentes lignes frontières. Depuis le centre de supervision, cet aiguilleur utilise la vidéo pour observer les files d’attente et visualiser les prévisions de trafic. « Notre journée "record" date du 3 août 2014 avec 236 000 passagers en une journée, indique l’un des supers coordinateurs de la plateforme de Roissy. Cela correspond à près de 20 000 passagers à l’heure, il est donc indispensable de placer les collègues aux bons endroits au bon moment. » Particularité des agents de la PAF de Roissy : la polyvalence.
Ainsi les autres unités de la PAF, telle la brigade mobile d’immigration, peuvent être amenées à venir renforcer les contrôles en aubettes en cas de besoin.
Dans le même objectif de gain de temps dans la gestion du passager, les sas Parafe (Passage automatisé rapide aux frontières extérieures) contribuent depuis 2009 à raccourcir les files d’attente lors du contrôle frontalier.
Avec 29 sas sur Roissy, le dispositif a enregistré 4,5 millions de passages depuis sa mise en place, soit 225 000 personnes inscrites, majeures, européennes, titulaires d’un passeport biométrique en cours de validité, équipé d’un système de lecture optique MRZ et avec une date de fin de validité supérieure à 6 mois. « L’inscription prend à peine cinq minutes, souligne la chef du groupe nouvelles technologies de Roissy. Nous nous assurons que la personne n’est pas recherchée sur les différents fichiers, nous prenons ses empreintes digitales, qui ne sont utilisées qu’à cette fin. Nous réalisons ni plus ni moins un contrôle frontalier complet lors de l’inscription, qui permet ensuite au voyageur de passer la frontière de manière autonome. » Gain de temps, files d’attente évitées, le voyageur profite ainsi de son appartenance à l’Union Européenne.
Le directeur de la PAF de Roissy souhaiterait aller encore plus loin à ce sujet : Ces sas ont une plus-value indéniable mais n’absorbent au final que 2 à 3 % du flux de passagers internationaux. Je soutiens la position d’introduire la reconnaissance faciale afin d’augmenter le socle de passagers éligibles à cette technologie. Cela pourrait même impacter 40 % des voyageurs. » Une étude est actuellement en cours à ce propos...
Est-ce le stress de monter dans un avion, l’inattention ou un moyen d’éviter une surfacturation pour un excédent de poids. Près d’un millier de bagages sont abandonnés chaque année à Roissy ! Si l’un d’entre eux est repéré, un appel est lancé aux voyageurs. Dix minutes sont alors accordées pour sa récupération, faute de quoi policiers, agents d’ADP et démineurs mettent en place un périmètre de sécurité pour lever le doute sur ce colis suspect. Ce sont 17 démineurs du centre de déminage de Versailles qui se relaient sur Roissy et Orly. Ils réalisent à distance une radiographie du bagage
abandonné. Si le contrôle est négatif, le démineur ouvre l’objet et le remet à la PAF, direction les objets trouvés. Si la présence d’un explosif est effectivement confirmée, un véritable défi se présente alors, avec parfois 2 000 voyageurs à évacuer, pour permettre l’intervention d’un robot ou la destruction du bagage. Afin d’éviter ces oublis à répétition, de nombreux appels à la vigilance sont très régulièrement diffusés dans l’aéroport.