La GTA (gendarmerie des transports aériens) accomplit des missions classiques de la gendarmerie, (police administrative, police judiciaire), avec des spécificités liées à ce milieu spécialisé : « Nous avons la responsabilité de la mission sûreté, explique Patrick Jouan de Kervenoaël, commandant la GTA Roissy Charles-de-Gaulle. De ce fait, nous intervenons sur les pistes, la zone bagages et le fret, des secteurs interdits au public. » Alors que la PAF est compétente pour le côté « ville », la GTA est compétente sur le côté « pistes », concrètement à l’intérieur des grillages cernant l’enceinte aéroportuaire.
Pour y travailler, les gendarmes ont suivi une formation à l’école nationale de l’aviation civile leur permettant d’obtenir le statut de contrôleur de sûreté. La GTA de Roissy rassemble trois brigades réparties en trois zones : partie Nord, Terminal 2 et fret. Leurs missions vont au-delà du travail traditionnel en gendarmerie : surveillance et sûreté aéroportuaire, police de route (sur les 220 km de routes dans le périmètre de
l’aéroport), protection des aéronefs et surveillance des bagages en soute (90 millions de bagages annuels).
Avec 92 000 salariés pour 700 entreprises, le badge est un véritable sésame à Roissy pour accéder aux zones réservées. La demande s’effectue au bureau des badges. Y sont délivrés les badges d’accès aux zones des pistes, des bagages et du fret. 25 représentants de la PAF et 5 de la GTA y sont affectés en permanence pour réaliser des enquêtes sur les demandeurs. La délivrance, le refus ou la suspension finale est l’apanage du pouvoir du préfet délégué à la sécurité et à la sûreté de Roissy.
C’est en se rendant dans les zones réservées avec deux gendarmes de la GTA que l’on se rend très vite compte de son importance. « Une de nos missions sur les pistes est de vérifier les badges des personnels y travaillant, explique l’un d’eux. Nous contrôlons alors le secteur d’activités, s’ils ont le droit de se trouver à proximité des avions, de manipuler des bagages. Toute personne présente sur la zone réservée doit avoir obligatoirement sa carte d’identité et passer par un poste d’inspection filtrage avant de pénétrer sur les pistes. » Les personnels se soumettent sans broncher aux demandes des gendarmes, présentant volontiers badge d’accès et document d’identité.
Les gendarmes doivent également réaliser une mission de police de la route auprès des personnels de piste. Des règles spécifiques ont été établies dans l’enceinte : vitesse limitée à 30km/h, respect des zones hermétiques autour des avions, interdiction de fumer en dehors des zones conçues à cet effet. « Les personnels travaillant ici ont bénéficié d'une formation sûreté, continue le gendarme de la BGTA 2. Ils sont des acteurs à part entière de la sûreté aéroportuaire. Certains jouent le jeu et nous appellent dès qu’ils aperçoivent un individu sans badge, ou pour d’autres problèmes. Il est très important d’avoir ces référents sur le terrain, car l’univers d’un aéroport change un peu les gens. Ils oublient les règles, ne respectent pas tous le code de la route, sont moins vigilants avec l’usage du téléphone portable au volant. » Certaines infractions citées peuvent être très sévèrement sanctionnées, jusqu’au retrait du fameux badge d’accès. Pour une cigarette allumée hors zone, un arrêté préfectoral fixe l’amende entre 150 et 750 euros...
Le kérosène se trouvant dans le sol, les risques engendrés par un feu peuvent être dramatiques... Plus loin dans la zone du fret, quatre gendarmes, dont un maître-chien, mettent en place un contrôle de stupéfiants. À Roissy, cette lutte est dévolue à la douane, la GTA prenant son relais sur certains secteurs, comme pour ce contrôle au sein du hangar des colis de La Poste. Le gendarme G. et Jenny, son binôme canidé, commencent leurs déambulations parmi les murs de colis en partance vers l’étranger ou arrivant en France. Le chien monte, descend, tourne, toujours suivi par son maître.
Un doigt du gendarme pointé sur un colis non reniflé et le chien s’y précipite. La complémentarité est édifiante entre les deux. Le maître est concentré sur la lecture de l’animal, pour décrypter son comportement, ses attitudes. Le chien se montre intéressé par un chariot en particulier. Le gendarme installe alors une dizaine de colis au sol, pour vérifications. Le chien confirme. Le gendarme, qui n’a pas le droit d’ouvrir le colis d’initiative, se rapproche du responsable sûreté de La Poste. Le colis sera passé aux rayons X par des employés d’une société privée. Si la présence de produits stupéfiants est confirmée, le colis sera alors ouvert en présence de deux témoins, dont le responsable sûreté. Pour l’enquête et le suivi de l’affaire, une autre unité de la GTA prendra le relais... Rien dans le colis indiqué par Jenny : « Le nez du chien est tellement fin qu’il peut parfois détecter un seul composant de produit stupéfiant ou d’explosif. Nous avons déjà réalisé l’évacuation de la zone et l’intervention des démineurs pour des suppositoires à la glycérine ! »
Cette zone de fret de Roissy revêt une importance majeure : 90 % du fret français y transite, 2,5 millions de tonnes en 2013, 14 000 employés travaillant sur une surface de 325 hectares ! Contrôler les personnels est alors crucial.
Selon Jean-Marc A., chef de la brigade du fret de la GTA : « Le mot essentiel dans cette zone est le partenariat. Chaque entreprise a un responsable sûreté qui est notre interlocuteur privilégié. Nous ressentons par contre une certaine distance chez les employés. Ils savent qu’au moindre écart ils peuvent perdre leur accréditation. Ils ont du mal à se fier à nous, il est donc plus difficile de tisser un relationnel fiable comme dans une brigade traditionnelle. » R.A.S. pour cette fois, tous les employés contrôlés ont présenté des badges conformes. Cette mission est aussi effectuée par la GTA dans la zone bagages de l’aéroport.
La GTA compte également dans ses rangs trois pelotons de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG), dont dix observateurs contre-tireurs, qui ont pour mission sur Roissy d’assurer la sécurité des hautes autorités françaises ou étrangères lors de leur passage sur l’aéroport. « Nous nous positionnons sur des points hauts pour observer et rendre compte au chef du dispositif, souligne Yannick S., gendarme et contre-tireur de la GTA. Nous devons également neutraliser d’initiative ou sur ordre tout individu menaçant. » Chefs d’État, ministres ou autres personnalités sont ainsi étroitement protégés sans le savoir. Quelles sont les difficultés pour un tireur d’élite de travailler dans un aéroport ? « C’est ouvert aux quatre vents, nous devons en permanence calculer le rapport vent/distance. Le meilleur moyen pour bien calculer la distance est de ressentir directement le vent. »
À ce jour, Yannick n’a jamais pressé la détente : « On ne fait pas ce métier pour ça. Nous faisons au contraire tout pour éviter le tir, notamment en passant les bonnes infos. Et si un tir doit être engagé, c’est que le risque se révèle alors trop important pour l’intégrité de l’autorité. »
Le préfet délégué anime et coordonne l’action des différents services de l’État -police, gendarmerie, douane- et des sociétés privées intervenant au quotidien pour la sûreté et la sécurité dans l’aéroport de Roissy. Cela représente une communauté de plus de 5 000 personnes chargées de :
Exemples d’actions menées :
Elles sont nombreuses et diverses : exercices de crash aériens, accélération de la réponse de l’Etat dans l’attribution des badges aux zones réservées, établissement d’une convention avec les taxis pour endiguer le problème des chauffeurs clandestins, mise en place de contrôles systématiques et obligatoires de température aux comptoirs d’arrivée des vols en provenance de Guinée et du Mali, gestion des crises (tempête de neige, grève des transports, épidémie de Sras, contrôles de réactivité après la catastrophe de Fukushima...),création d’une station animalière afin d’accueillir les animaux de grande taille...