Vingt-deux sauveteurs de la sécurité civile ont porté les couleurs de la France à Benghazi, le berceau de la révolte libyenne.
Retour sur une mission humanitaire exceptionnelle.
C'est à l'honneur de notre pays qu'avant même la décision des Nations unies d'intervenir en Libye des détachements étaient présents pour venir au secours des civils.
En déplacement à la direction de la Sécurité civile le 31 mars, le ministre de l'Intérieur a ainsi résumé l'intervention courageuse de la France à Benghazi. Du 1er au 14 mars, un détachement de la Sécurité civile, accompagné de dix personnels du Quai d'Orsay, a oeuvré au Benghazi Hospital Center, fleuron de la santé libyenne. Avec un potentiel de 900 lits, cette structure médicale de pointe, située en centre-ville, est devenue une base arrière de choix où les civils se font aujourd'hui soigner alors même qu'il n'était, à l'origine, qu'un hôpital spécialisé. « Cette structure, réhabilitée sur des fonds français en 2008, s'est spécialisée dans la neurochirurgie, la cardiologie et la cancérologie. Elle abrite aussi une maternité. Avec la guerre, il a fallu créer un service d'urgence pour accueillir, trier et soigner les blessés », explique Manuel K., le chef du détachement français.
Accueillis par des chefs de tribus qui contrôlent désormais la ville et sa région, les personnels de l'Intérieur français ont passé leur baptême du feu dès le lendemain de leur arrivée, après l'explosion d'un dépôt de munitions.
En fin d'après midi, l'hôpital a tremblé. En regardant la télévision locale, nous avons su ce qui se passait. Les personnels des urgences nous ont demandé de prendre les affaires en main alors que les blessés et les morts arrivaient aux urgences, raconte le commandant K.. À partir de ce moment-là, les Libyens nous ont accordé une confiance totale.
En quelques heures, les équipes de la sécurité civile sont devenues les chouchous des Benghazis, qui exprimaient ainsi leur reconnaissance au premier pays à reconnaître la légitimité des insurgés. Rebaptisés par les rebelles, les « Blue Boys » ont mis à profit toute la palette de leur savoir-faire opérationnel, acquis lors de leurs missions de secours à l'étranger et dans les hôpitaux du sud de la France. « Nous avons renforcé les équipes médicales aux urgences, équipé les salles, organisé le tri des patients mais aussi l'inventaire de la pharmacie de l'hôpital, enrichie par les dons humanitaires. En parallèle, nous avons formé les ambulanciers au relevage et au transport des victimes. Rapidement, nous avons pris en charge les blessés envoyés par les hôpitaux situés sur le front, dont deux journalistes tombés sous les balles. »
Pour ce faire, le commandant K. a pu compter sur la richesse et l'expérience de ses personnels. « Notre équipe, composée d'hommes et de femmes originaires des unités militaires de la Sécurité civile, de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, du bataillon des marins-pompiers de Marseille et du service de santé des pompiers des Bouches-du-Rhône, a permis d'assurer toutes ces missions. Cette diversité fut notre force. » Une richesse et des compétences hautement appréciées par les rebelles qui n'ont pas hésité à apposer le drapeau tricolore sur le bâtiment du comité révolutionnaire à côté du drapeau rouge, noir et vert libyen orné d'un croissant blanc, signe du régime monarchique renversé en 1969 par le colonel Kadhafi . Au-delà de la force de ce symbole et de l'engagement français aux côtés des peuples opprimés, le détachement a « livré 55 tonnes de fret médical et prêté secours à près de 300 victimes » a rappelé Claude Guéant, lors de son hommage appuyé aux membres de la Sécurité civile.