Gendarmerie et Guardia civil travaillent de concert

Gendarmerie et Guardia civil travaillent de concert
1 avril 2011

Pour faire face à l'affluence de touristes espagnols sur sa circonscription, la compagnie de gendarmerie de Prades a reçu pour la première fois le renfort d'homologues de la Guardia civil.


Une coopération dans la continuité de celle déjà instaurée par les deux institutions en matière judiciaire.

Début décembre. Pour les Espagnols, c'est le week-end de la Purissima, fête de l'Immaculée Conception. Les Sud-Catalans investissent les stations de ski. Cette année est particulière, car le week-end s'étend sur cinq jours. La station de Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales, non loin de Llivia (une enclave espagnole située dans la partie française de la Cerdagne), est prise d'assaut par les adeptes de la glisse. La brigade de gendarmerie locale est en alerte pour parer aux éventuels débordements.

Habitués à une législation différente mais toute aussi répressive, les touristes ibériques font cependant assez souvent preuve de laxisme en matière de sécurité routière. Mais faire de la prévention et de la répression lorsque l'essentiel de la population s'exprime en espagnol n'est pas simple. Aussi quatre agents de la Guardia civil sont-ils venus leur prêter main-forte.

Chaque matin, le lieutenant Jean-Louis T., commandant la communauté de brigades (COB) de Font-Romeu-Odeillo-Via (Pyrénées-Orientales) réunit gardes espagnols et gendarmes pour leur exposer le plan d'action de la journée.

Ce jour-là, les militaires se mettent en place aux abords des principaux axes menant aux stations de Font-Romeu et des Angles. Sur réquisition du procureur de la République, le dispositif, scindé en deux groupes, opère des contrôles de véhicules avec fouilles. Gendarmes et gardes forment d'initiative des binômes. Chacun apprend de l'autre une méthodologie différente du contrôle routier, mais la législation appliquée est française. Au contact de la Guardia, les touristes espagnols pris en défaut n'osent pas entreprendre des négociations comme ils le font parfois face à la gendarmerie française.

Les infractions relevées sont nombreuses, la plus fréquente étant celle du non-port de la ceinture de sécurité. La détention et la consommation de produits stupéfiants mobilisent également l'attention. À ce titre, la brigade de Font-Romeu reçoit également le renfort de Tango, un chien « stup' » du peloton de surveillance et d'intervention gendarmerie de Vinça.

En deux jours, sept saisies, principalement de résine de cannabis, ont été réalisées. Là encore, Français et Espagnols confrontent leurs méthodes de travail. Ainsi, libres de fouiller les véhicules sans l'accord du conducteur, à l'instar de la douane, les gardes espagnols sont-ils surpris de constater qu'en France le consentement est obligatoire.

Cette coopération franco-espagnole s'inscrit également dans une démarche de prévention auprès de la population. L'affluence dans les stations de ski engendre statistiquement une recrudescence de la délinquance. Les hommes du lieutenant T. assurent, notamment dans le cadre de l'opération « tranquillité vacances », des patrouilles dans le centre-ville, ainsi qu'au pied des pistes de ski. Les gendarmes en profitent pour échanger avec les commerçants et les sensibiliser contre le vol.

Des prospectus intitulés « Les commandements du bon skieur » sont distribués pour limiter les incidents et réduire les infractions. Après quatre jours passés ensemble, les gendarmes de Font-Romeu s'accordent à dire que l'aide de la Guardia est indispensable au regard de la forte affluence espagnole. S'inscrivant dans un processus de coopération transfrontalière, cette initiative de la COB de Prades a été jugée bénéfique aussi bien au niveau de l'efficacité que dans les rapports interservices. À noter que de précédents échanges ont eu lieu avec d'autres agents espagnols, comme les mossos d'esquadra, une force de police de la Catalogne. Ce type d'opération à la frontière pyrénéenne tend à se développer.