Civipol, l'expertise publique en matière de sécurité

Un entretien avec Alain Rondepierre
1 août 2011

Un entretien avec Alain Rondepierre, son président-directeur général.


Civipol Conseil, société de conseil et de service du ministère de l'Intérieur, a fêté ses dix ans en avril dernier. L'occasion pour Alain Rondepierre, son président-directeur général, de dresser un bilan.

Civique : En quelques mots, pouvez-vous rappeler quelles sont les activités de Civipol ?

Alain Rondepierre :

Civipol est un service public sous contrainte commerciale. C'est une société anonyme, qui assure des prestations de service mais ne vend pas de matériel. Notre premier rôle est d'aider le ministère de l'Intérieur dans son action internationale. Nous exportons aussi l'expertise et le savoir-faire français dans les domaines de la sécurité et de l'administration publique, territoriale en particulier. Notre mission est enfin d'aider à la promotion des technologies françaises, mais cette activité est réduite. Nos clients sont l'État français, les bailleurs de fonds internationaux (Commission européenne, Banque mondiale, ONU) ainsi que les États étrangers. Nous travaillons aussi avec des entreprises françaises, pour la sécurité de leurs expatriés et le développement de leurs technologies.

Civique : Quel bilan tirez-vous après ces dix années d'existence ?

Alain Rondepierre :

En dix ans, Civipol est devenue un acteur incontournable de l'expertise publique en matière de sécurité dans les domaines de la police, de la gendarmerie et de la sécurité civile. C'est aujourd'hui un opérateur public reconnu en France, en Europe et dans le monde. Pour preuve, deux projets difficiles nous ont été confiés en 2010 par la Commission européenne : au Yémen, un projet de développement de la police technique et scientifique et des moyens d'investigation de la police yéménite ; au Sahel (Mauritanie et Niger), un projet de développement des capacités d'investigations judiciaires. Autres exemples : dans le golfe de Guinée, nous avons élaboré un projet de formation pour la lutte contre la piraterie maritime ; en Haïti, nous travaillons au renforcement institutionnel de la protection civile.

Civique : Et sur le plan financier ?

Alain Rondepierre :

En 2001, le chiffre d'affaires de Civipol était de 1,3 M€. Il est passé en 2005 à 1,9 M€. Depuis 2008, il est en moyenne de 4,8 M€. En 2011, nous franchirons le cap des 5 M€. Nous gérons des budgets confiés par la Commission européenne ou l'État français. En 2009, le montant des dépenses payées sur ces budgets s'élevait à 23 M€. Ce chiffre est un bon reflet de l'activité de Civipol. Il a augmenté de 22 % par an en moyenne entre 2004 et 2009. Nous sommes ainsi l'un des trois plus importants opérateurs français sur le marché de la coopération technique internationale.

Civique : Dans quelles régions du monde travaillez-vous ?

Alain Rondepierre :

Principalement dans les pays de l'est de l'Europe et en Afrique francophone. Nous travaillons aussi dans les pays du Moyen-Orient, comme le Liban ou les Émirats arabes unis, ainsi qu'en Asie, notamment au Vietnam et au Cambodge. Nous ne sommes pas présents en Amérique latine, où le change dollar-euro nous est défavorable. S'engager dans cette région demanderait aussi un effort de prospection trop lourd.

Civique : Quelles sont les évolutions à prévoir pour Civipol ?

Alain Rondepierre :

Il s'agit d'abord d'amplifier ce que nous avons développé, le plus difficile étant l'exportation des savoir-faire du ministère vers les États, comme au Cameroun, où nous sommes maître d'ouvrage délégué pour la reconstruction de l'état civil, ou au Liban, où pour la recherche de produits nouveaux. Cette forme d'externalisation est intéressante pour le ministère, en termes d'activités et de ressources.