Annecy 2018 : La folle semaine de la Haute-Savoie

Annecy
12 mai 2011

Du 9 au 12 février, la commission d'évaluation (CEV) du CIO était en Haute-Savoie pour se faire présenter les atouts de la candidature d'Annecy aux JO d'hiver de 2018. Une candidature dans laquelle l'État s'implique fortement, aux niveaux tant national que territorial.


"Cette implication s'est faite crescendo, rappelle le préfet de la Haute-Savoie, Philippe Derumigny. D'abord de façon souterraine et discrète, en apportant toute l'expertise des services de l'État dans l'élaboration du dossier de candidature, puis de manière beaucoup plus ostensible, lorsque le président de la République, son Premier ministre et sept de ses ministres se sont tour à tour rendus à Annecy pour garantir cette candidature auprès des membres de la commission d'évaluation."
Une candidature aux JO, c'est en effet d'abord un dossier, un dossier administratif et technique que les "sachants" de l'administration doivent aider à constituer, dès lors que la société civile a affiché son ambition et porte son projet. Ce dossier comporte de nombreux thèmes (transports, équipements, sécurité publique, civile, sanitaire –, environnement, finances, immigration, douanes…), et affecte autant de questions réglementaires auxquelles les services de l'État doivent répondre en apportant toutes solutions utiles et nécessaires.

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Il y a eu sur tous ces aspects un engagement total de l'État, qui, de l'échelon central aux services déconcentrés, a mis toutes ses compétences et son expertise au service de la candidature

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précise encore le préfet. À cet égard, le ministère de l'Intérieur a été fortement impliqué sur les questions de sécurité. En atteste la rédaction d'un Livre blanc sur l'ensemble des dispositifs prévus pour assurer la sécurité en France, et plus précisément encore ceux dont on pourra disposer sur les sites d'Annecy et de Chamonix dans l'hypothèse où la France serait choisie pour accueillir les JO d'hiver 2018.
Sur le terrain, ce dossier État a été centralisé entre les mains d'un "Monsieur JO", le sous-préfet de Thonon-les- Bains, Jean-Yves Moracchini.

"Il est dans la circonstance notre homme ressource, car il connaît parfaitement à la fois la montagne par passion [impliqué dans les Jeux d'Albertville de 1992, Moracchini est guide diplômé de haute montagne et arbitre de biathlon] et, par sa fonction, les rouages administratifs de l'État. Cette complémentarité administrative et technique dans une seule personne ressource nous a fait gagner un temps précieux car l'historique de la candidature nous imposait des délais contraints", confie de son côté Régis Castro, le directeur de cabinet de la préfecture de la Haute-Savoie.
Ce travail de l'ombre des services de l'État a trouvé son point d'orgue entre le 9 et le 12 février, lorsque la commission d'évaluation du CIO s'est déplacée à Annecy et à Chamonix afin de juger sur pièces de la validité de la candidature française [comme elle le fit, dans la foulée, à Pyeongchang (Corée du Sud) et à Munich (Allemagne), chez les deux autres candidats]. Ces quatre jours particulièrement denses se sont soldés, chacun, par des visites de terrain et celles, très officielles celles-là, d'un ou de plusieurs représentants des plus hautes autorités de l'État [François Fillon, Chantal Jouanno, Frédéric Lefebvre, François Baroin, Christine Lagarde, Nathalie Kosciusko-Morizet, Nora Berra, Brice Hortefeux] venus apporter, au sommet ou dans leurs domaines de compétence, la garantie nationale.

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Une folle semaine, vraiment. Un moment exceptionnel dans la carrière d'un directeur de cabinet,

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glissa un soir Régis Castro entre deux visites ministérielles.
Ces quatre jours intenses auront mobilisé le quart des effectifs de la préfecture de la Haute-Savoie, sans compter les quelques personnels d'autres préfectures (Savoie, Ain, Isère, Loire, Rhône) venus à la rescousse, ne fût-ce qu'au niveau d'un chauffeur et d'une voiture. C'est qu'il s'agissait à la fois d'assurer la sécurité de la CEV et des visites ministérielles, et d'organiser ces visites elles-mêmes. À la demande du préfet, des cellules spécialisées se sont ainsi constituées autour de thématiques précises (visites officielles, communication, CEV, vie courante, secrétariat, soutien-transmissions-logistique), tandis qu'un "back-office administratif" assurait l'interface entre les demandes de précisions de la CEV et les personnes ressources désignées en centrale dans chaque ministère. De son côté, le centre opérationnel départemental (COD), placé sous la responsabilité du sous-préfet de Saint-Julien, Gérard Pehaut, se tenait prêt à répondre à tout impondérable, humain ou naturel [La météo aura heureusement été exceptionnelle pendant ces quatre jours de visite de la CEV et les anti-JO ne se seront guère manifestés qu'un soir à Annecy et en très petit nombre].

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Un travail très étroit a enfin été réalisé avec la police, la gendarmerie nationales, les services de renseignements et les pompiers, avec des débriefings sécurité quotidiens autour de moi,

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conclut le préfet de la Haute-Savoie.

Il est clair qu'une telle organisation bouscule, durant quatre jours, l'activité d'une préfecture, même si l'activité quotidienne a toujours été maintenue par les services préfectoraux. De tels événements imposent une anticipation sans faille et une exigence particulière dans les détails. Leur récompense viendra peut-être un soir de juillet prochain, à Durban (Afrique du Sud), lors de la désignation du pays et de la ville d'accueil des olympiades d'hiver 2018. Les personnels de la Haute-Savoie pourront alors dire : "J'y ai participé".

Jean-Yves Moracchini

3 QUESTIONS À…

Jean-Yves Moracchini

Représentant de l'État dans les dossiers « Annecy 2018 »

Civique :

Vous êtes, vu de l'État, l'homme du dossier administratif de la candidature d'Annecy aux jeux d'hiver 2018.
En quoi a consisté et consiste votre rôle ? Est-il terminé ?

Jean-Yves Moracchini :

J'ai été désigné, par lettre de mission, coordinateur et représentant de l'État pour l'ensemble des actions à mener pour les dossiers de présélection et de candidature aux JO d'hiver 2018. L'État siège au sein du comité de direction du GIP et du comité de candidature. Il reste donc un partenaire important associé au dossier jusqu'à la décision finale.

Civique :

Vous avez accompagné la commission d'évaluation tout au long de sa visite sur les sites annéciens. Quel est votre ressenti après quatre jours passés au côté des évaluateurs ?

Jean-Yves Moracchini :

Un travail phénoménal a été accompli qui a abouti à un dossier caractérisé par l'excellence, en particulier à travers le regroupement des sites et le respect de l'environnement. Deux autres objectifs étaient visés : un héritage bénéfique pour toute une région et la mise en avant de la qualité de nos paysages et de la dimension humaine de nos montagnes. La commission d'évaluation a pu constater l'implication de l'État, tant morale, par la venue du président de la République, du Premier ministre et de nombreux ministres, que financière, par l'engagement d'un financement de plus de la moitié du montant du budget d'investissement ainsi que d'un supplément de 500 M€ uniquement dédiés au volet sécurité des jeux, et la garantie de couvrir un éventuel déficit du budget du COJO. Elle a également été sensible à l'implication des athlètes, concrétisée par la présence sur chaque site d'un champion olympique lui-même originaire de ce site.

Civique :

Vous êtes vous-même un expert dans les activités de montagne, puisque, impliqué en 1992 dans les jeux d'Albertville, vous êtes de surcroît guide diplômé de haute montagne et arbitre international de biathlon. Que représenterait pour vous le choix éventuel d'Annecy, en juillet prochain, à Durban ?

Jean-Yves Moracchini :

Depuis que j'ai été désigné pour coordonner le dossier Annecy 2018, je ne poursuis qu'un seul but : qu'Annecy soit choisie à Durban le 6 juillet prochain. Passionné de montagne et de sport depuis toujours, amoureux des paysages grandioses qu'offre la Haute-Savoie, je ne peux espérer mieux pour l'olympisme que les jeux d'hiver 2018 soient accueillis dans des sites aussi remarquables. À titre plus personnel, après avoir jeté toutes mes forces dans cette bataille et relevé le défi quotidien que requiert l'organisation d'un tel événement, le choix d'Annecy serait une de mes plus grandes joies, la victoire de la volonté, et, comme nous l'apprend la montagne, la victoire de l'authenticité et de la solidarité de la « cordée annécienne », de ces montagnards unis pour atteindre ensemble les sommets.